La moto du ( XXe) siècle
Il faut dire qu’elle avait tous les atouts dans son jeu. Pour résumer, c’était la première à réunir l’ensemble des caractéristiques innovantes de son époque, la première à présenter sous une esthétique extrêmement flatteuse des qualités mécaniques de pointe doublées d’une fiabilité inédite dans ces années soixante marquées par les « anglaises qui pissaient l’huile ». Citons dans l’ordre son moteur quatre-cylindres en ligne de 736 cm3 avec arbre à cames en tête développant 67 chevaux, ses quatre échappements mégaphones rappelant les machines de Grands Prix, son démarreur électrique, son frein avant à disque hydraulique, sa capacité à atteindre les 200 km/h en vitesse de pointe, tout autant que celle de rouler à des vitesses de croisière de l’ordre de 160 km/h sans devoir s’arrêter pour refaire le plein tous les 100 kilomètres, ni pour laisser souffler le moteur, l’absence notable de fuite d’huile, son équipement (selle très confortable, rétroviseurs, clignotants efficaces, coupecircuit) et son instrumentation complets (témoins de pression d’huile, de clignotants, de point mort), ainsi que, pour couronner tout cela, sa finition irréprochable, soulignée de peintures et de chromes superbes. Bref, il ne manquait rien au tableau pour en faire un chef-d’oeuvre mécanique.
Plus de 550 000 modèles vendus en neuf ans
Au fil du temps, tout cela a été dit et redit, imprimé à d’innombrables reprises dans des magazines ou des livres, mais si tout cela paraît très ordinaire de nos jours, c’était totalement nouveau et, disons-le pour coller à cette époque, révolutionnaire. Le simple fait de grimper sur une moto de cette cylindrée sans devoir être un mécanicien confirmé pour assurer son entretien et/ou un dépannage urgent au cours d’une sortie était en soi un argument commercial décisif. La carrière de cette star allait s’étendre de 1969 à 1977, période durant laquelle pas moins de neuf versions seront produites, de la K0 en 1969 à la K7 en 1977, en passant par la F1 en 1975 et la F2 en 1977. Parmi elles, trois ne furent pas importées en France (les versions K3, K4 et K5). En neuf ans de commercialisation, plus de 550 000 de ces différents modèles ont trouvé preneurs. Cinquante ans après son apparition, ce simple chiffre dit mieux que tout quel impact cette reine de la route a eu sur le monde de la moto. n