Moto Revue

« Banaliser ce produit »

- Emmanuel Barbe Délégué interminis­tériel à la Sécurité routière

Emmanuel Barbe est délégué interminis­tériel à la Sécurité routière. Motard (il a parcouru 14 000 km ces 12 derniers mois), ce magistrat coordonne la mise en oeuvre de la politique de Sécurité routière dans notre pays. La Sécurité routière qu’il dirige avait animé à Noël dernier une campagne d’incitation à l’achat d’un airbag moto pour les fêtes de fin d’année (« Offrez-lui un cadeau pour la vie, offrez-lui un airbag ») . Une grosse campagne de promotion de cet équipement est également prévue au printemps prochain. M. Barbe répond à nos questions. Vous avez lancé, à Noël, une campagne de communicat­ion pour promouvoir l’airbag moto, pourquoi ? La Sécurité routière a toujours été préoccupée par la mortalité des utilisateu­rs de deux-roues motorisés et s’est toujours demandé comment la faire diminuer. Or, il y a un équipement qui est l’airbag, qui permet vraisembla­blement de rendre la chute beaucoup moins grave dans beaucoup de cas et qui fait l’objet d’un grand déficit de notoriété. On estime que seulement 4 % des motards en portent. Donc, notre idée n’est pas de le rendre obligatoir­e mais de faire en sorte que cet équipement qui dote nos forces de police, gendarmeri­e et douane, devienne quelque chose de banal et du coup, que les prix baissent. Sur quelles études vous basez-vous pour penser que les airbags sont efficaces ? On s’appuie tout simplement sur les constatati­ons qui ont été faites par nos forces de l’ordre, qui ont équipé d’abord les élèves dans les écoles puis l’ensemble des motards profession­nels et ont constaté que dans un certain nombre de cas – pas dans tous –, le gilet airbag sauvait des vies. Et il y a une autre chose qui, à mon avis, est encore plus importante, c’est que le fait d’endosser et activer un gilet airbag fait qu’on prend conscience du risque. À chaque fois qu’on démarre sa moto, on se rappelle qu’on peut tomber. Les commandant­s des écoles en témoignent, le comporteme­nt change, l’airbag favorise la prise de conscience du risque. Évidemment, ça ne marche pas dans tous les cas mais dans d’autres pays, les agents de police

s’en sont aussi équipés et si c’est le cas, c’est que les autres États ont constaté que ça diminuait à la fois le nombre des blessés et la gravité des blessures. Les urgentiste­s constatent de leur côté que les victimes dotées d’airbags s’en sortent beaucoup mieux que les autres. Si j’attends qu’il y ait un système qui sauve de tout, on ne promotionn­era jamais l’airbag et comme tout équipement, il est proposé à différents niveaux d’efficacité et différents prix. Quels sont vos objectifs à travers cette campagne ? L’un des arguments qu’on nous oppose souvent est que les airbags sont chers mais justement, le fait d’en vendre beaucoup fera baisser les prix. Si on arrive à faire multiplier par 3 ou 4 les ventes d’airbag, les prix baisseront, c’est mécanique. En ce moment d’ailleurs, il y a un certain nombre de vendeurs qui proposent une réduction correspond­ante au montant de la TVA. On aura donc peut-être moins de conséquenc­es corporelle­s graves car il faut rappeler que les motards sont impliqués dans 44 % des accidents corporels, ce qui est considérab­le. On souhaite aussi faire passer l’idée que l’achat d’un airbag fait intrinsèqu­ement partie du prix de la moto, comme le reste de l’équipement. Quant à le rendre obligatoir­e, c’est non, je le dis et je le redis : c’est juste impossible, et ce n’est pas mon but. En revanche, nous souhaitons faire connaître ce produit et inviter les motards à se renseigner. Après, pour ce qui est de comparer, d’analyser et d’informer sur ces produits, c’est à vous de faire le travail.

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