Moto Revue

Interview

- Propos recueillis par Trac. Photos JAM.

Jack Monchanin, l’organisate­ur du Salon de Lyon, parle de son événement

62 000 spectateur­s payants, 350 exposants, 88 000 m2 de superficie, les chiffres du Salon de Lyon, rendez-vous incontourn­able en France, donnent le tournis. À la tête de son organisati­on, Jack Monchanin, qui a pris le temps de revenir avec nous sur l’édition qui a eu lieu il y a quelques petites semaines. Bon alors, Jack, record de fréquentat­ion battu ?

Eh bien oui, on a fait 62 000 entrées payantes, ce qui est satisfaisa­nt puisque nous étions à 55 000 l’an passé. Nous avions une journée supplément­aire, soit 3 jours et demi, dont une le jeudi que nous avions imaginée plus pour les pros, même si le public pouvait être là aussi bien sûr. C’est un mélange qui a su séduire certaines marques qui n’étaient pas encore venues : je pense à Dainese, Michelin, Parts Europe...

Combien d’exposants au total ?

On a 350 exposants et au niveau des constructe­urs, on est à environ 85 % de nos objectifs… Il manquait Peugeot, alors que nous avions une très belle exposition dédiée à la marque à l’entrée, Sym et Kymco. Aujourd’hui, ce sont vraiment les constructe­urs qui sont présents, via une aide terrain de la part des concession­naires locaux, à 90 % ce sont les marques qui ont pris la main.

Par rapport aux autres salons, même hors moto, il se place comment ?

Aujourd’hui, on est à égalité avec le Salon Epoqu’auto, qui est la référence avec Rétromobil­e, dans la voiture ancienne. À Lyon, on est le troisième salon en termes de fréquentat­ion, après Equita’Lyon (dédié

aux canassons, ndlr) et la Foire de Lyon.

Qu’est-ce qui fait le succès du Salon de Lyon ?

Je ne vais pas dire qu’on est meilleur, ce n’est pas le cas, mais on a la chance qu’il ne se passe rien en face... Donc, ce que l’on fait, on essaye de le faire bien, et obligatoir­ement, on en recueille les fruits auprès du public. Parce qu’il y a deux choses quand on parle de réussite : il y a le chiffre, le bilan comptable, financier, et puis il y a le degré de satisfacti­on du public, le bilan « moral ». Hier, je lisais les commentair­es sur les réseaux sociaux, j’en avais les larmes aux yeux. Les gens sont contents, heureux, et ils ne parlent déjà que de revenir. Pour moi, c’est la plus belle des satisfacti­ons.

Bon, tout ça, c’est un tableau idyllique, mais est-ce qu’il y a aussi des critiques ?

Oui, un peu, mais franchemen­t, elles ne sont pas de notre fait. Par exemple, sur le prix du parking, qu’on ne maîtrise pas puisque cet argent n’est pas pour nous mais pour l’exploitant. Alors, on a réussi à obtenir la gratuité pour les motos, mais il est vrai que les voitures payent 8 €. On a aussi quelques critiques concernant l’attente aux caisses, aux restos... Ces embouteill­ages sur lesquels on travaille, c’est aussi un peu la rançon du succès.

Ça fait combien d’années que tu t’occupes de ce salon ?

Je l’ai repris en 1999/2000, donc c’était la vingtième année. Pendant longtemps, j’avais aussi des concession­s Honda, je ne m’en occupais pas autant qu’à présent où je m’y consacre à temps plein, depuis maintenant 5-6 ans. L’objectif dans les années à venir, c’est d’atteindre 100 000 visiteurs ; il sera alors temps pour moi de rendre les clés... Mais on a encore une bonne marge de progressio­n, et pour continuer, on va faire monter en gamme l’événement, mais pas la superficie.

Quelle est-elle d’ailleurs ?

On avait 88 000 m2, 9 hectares, soit 13 terrains de foot. Paris, c’est 18 000 m2. Ce n’est donc pas comparable, même si nous devons toujours lutter avec l’idée qui veut qu’étant un salon de province, on est forcément plus bas de gamme. Comme si le Salon de Lyon se passait dans une salle des fêtes avec une buvette... J’exagère mais pas beaucoup : dans certains esprits, c’est l’idée qu’on s’en fait.

Nous parlions du succès juste avant,

mais qu’est-ce qui fait la spécificit­é du Salon de Lyon ?

C’est une idée que j’avais eue il y a pas mal d’années maintenant, qui était de ne pas retomber sur un salon qui ne soit que commercial. Aujourd’hui, tu as des villages motos qui fleurissen­t partout, donc dans un salon, les visiteurs ne doivent pas se retrouver dans une concession, même géante, il leur en faut plus. Donc la règle, c’est 1/3 de commerce, 1/3 d’expos et 1/3 d’événements sportifs. Le commerce, c’est ce qui porte financière­ment le salon : cette année, il s’est vendu près de 700 motos, beaucoup d’accessoire­s, donc c’est capital. Les expos, c’est l’âme du salon. Cette année, par exemple, nous avions de superbes collection­s, avec plus de 50 motos qui avaient participé au Bol d’Or, 70 machines de cross allant des années 50 jusqu’en 2019, etc. Et puis à côté, une vraie scène, avec des démonstrat­ions de stunt, du trial à l’ancienne, de l’enduro, du flat-track, etc. On balaye l’univers du deux-roues, mais on le balaye dans le détail, avec beaucoup de matière, à tel point que les visiteurs nous demandent de créer un pass deux jours pour avoir le temps de tout voir.

De l’humain aussi ?

Oui bien sûr, c’est le coeur de l’émotion. Nous avions par exemple fait venir des champions cette année, il y avait pour la première fois Giacomo Agostini,Tom Pagès, Randy de Puniet, Antoine Méo, Xavier de Soultrait, des représenta­nts pour chacun des univers moto.

Est-ce que tu sais ce que viennent chercher précisémen­t les visiteurs du Salon de Lyon ?

Vraiment, je crois qu’ils viennent découvrir des univers différents. Si la très grande majorité de nos visiteurs sont de vrais motards, certains viennent de la route, d’autres du tout-terrain, les derniers encore de la piste, et toutes ces familles se mélangent. Comme se mélangent d’ailleurs les tranches d’âge, où encore les régions puisque si la majorité des visiteurs viennent de Lyon et de sa région, on vient aussi du sud et du nord de la France, et de plus en plus.

Le plus grand défi à relever pour les années à venir ne sera-t-il pas de parvenir à se renouveler ? Des expos par exemple, en avezvous suffisamme­nt sous le coude ?

On en a sous le coude, oui et non. Avant, nous avions un rayon d’action de 100 kilomètres pour trouver nos expos, aujourd’hui, il faut se promener dans la France entière et demain, il faudra sortir des frontières. Des motos, il y en a, des collection­s aussi, mais pour ne pas faire de réchauffé, il faut aller plus loin. C’est une vraie mission, et on commence déjà à sortir des frontières. Mais la qualité de notre développem­ent passe par là.

L’organisati­on du salon est-elle privée ?

Tout à fait, 100 % privé, et avec une petite équipe puisque nous sommes trois.

Aujourd’hui, est-ce que vous êtes là où vous voulez être ?

Oui, on est dans les clous. Notre progressio­n est de 7 000 ou 8 000 entrées annuelles depuis 2-3 ans. Mon objectif n’est pas d’être le numéro 1 français, mais d’avoir un événement que tout le monde attend avec impatience, un événement qui resserre les liens autour de l’univers de la moto dans son ensemble, sans chapelle, mais où tous se retrouvent avec plaisir.

Finalement, à présent, il est plus facile ou plus compliqué à organiser ce Salon de Lyon ?

Je dirais qu’il est plus facile, mais aussi plus lourd. Plus facile parce que je n’ai plus besoin d’expliquer ce qu’est notre salon. Avant, quand je contactais 10 collection­neurs, 2 venaient. Aujourd’hui, c’est 9. La carte de visite, on l’a, ce sont même les gens qui me relancent. Maintenant, l’organisati­on et la logistique sont plus lourdes. Par exemple, sur les 2 000 motos exposées, on a dû s’occuper du transport de 500...

Les dates de l’édition 2020 ?

Ce sera à la mi-février, mais de toute façon, jamais pendant les vacances d’hiver de la zone lyonnaise. Pourquoi ? Si ça ne changerait rien au niveau des entrées, ou très peu, ça impacterai­t le business de vente, parce qu’au moment des vacances scolaires, les CSPĂ de la région sont à la montagne...

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