KTM 790 Adventure R
Pour 1000 euros de plus que sa version standard, cette autrichienne doit vous donner les clés de la grande évasion
Ce n’est pas seulement un air, c’est aussi le souffle du désert que porte cette 790 Aventure R. Un souffle dont on ne l’imaginait pas capable, un peu frileux à l’idée de l’emmener tailler sa route dans les dunes brûlantes… Mais ça, c’était juste avant qu’elle nous montre l’étendue de son potentiel.
Dans ce petit groupe de cinq qui vient de contourner les dunes de Merzouga – en empruntant des pistes souvent cassantes –, on se pose encore quelques questions, sans toutefois s’affoler, ce qui pourrait paraître paradoxal en regardant au loin la majesté écrasante des crêtes ciselées de ce désert du sud marocain sur lesquelles nous allons tenter de passer dans quelques minutes... Si on ne s’affole pas, c’est déjà parce que celui qui nous ouvre la route – ou nous montre la voie – n’est pas un inconnu, mais un champion reconnu : Marc Coma, cinq fois vainqueur (entre autres) du Dakar. De quoi limiter les inquiétudes, donc. Et puis inquiets, nous ne le sommes plus vraiment parce qu’après 80 bons kilomètres passés sur pistes tantôt caillouteuses, tantôt sablonneuses, tantôt « fesh fesheuses », et quoi qu’il en soit jamais hospitalières, la KTM 790 Adventure R
a eu le temps de nous convaincre de son potentiel. Déjà la veille, sa frangine 790 Adventure standard (voir MR n° 4089), équipée plus routière, avait laissé entrevoir de réelles aptitudes en tout-terrain. La R va logiquement bien plus loin. Difficile même d’aller plus loin, puisqu’à son guidon, et malgré un poids d’un peu plus de 200 kg tous pleins faits, ses 95 chevaux et son gabarit déjà conséquent (elle n’a pas la finesse d’une machine d’enduro, ceci s’expliquant déjà par le volume occupé par le bicylindre comme par le réservoir d’essence de 20 litres permettant plus de
400 kilomètres d’autonomie), la R l’a traversé, son désert. Et pas que le plat ! Les dunes aussi ! Et ça, on ne le soupçonnait pas. Si, au catalogue des constructeurs, l’essentiel des trails aux accents baroudeurs entendent distiller un parfum d’aventure, il faut reconnaître que ces derniers restent la plupart du temps davantage dans l’évocation que dans la réalisation. L’Adventure R de KTM, elle va au bout du concept. Quel plus grand test que celui de franchir un cordon de dunes toutes fraîches et remodelées de la veille par un généreux vent de sable qui en aura saupoudré ici et là ? Certes, le poids impose de garder de
la mesure, de bien choisir ses lignes pour éviter les approximations et surtout, d’éviter les pertes d’équilibre, sous peine d’avoir à la relever dans un environnement où le sable vous file aussi vite sous les pieds que sous les doigts.
Avec elle, c’est plat et désert
Mais justement, la R peut compter sur un bon équilibre (le centre de gravité bas renforcé par la présence latérale du réservoir d’essence de 20 litres expliquant cela), des suspensions de très bonne facture (dérivées des modèles d’enduro) aux réglages multiples, et un moteur à la fois souple, fort et coupleux. Alors, bien sûr, les plus petits pesteront contre une hauteur de selle de 880 mm (non réglable comme peut l’être celle de la standard), et il faudra sortir le chéquier pour acquérir l’option selle basse à 855 mm (à noter qu’une option selle haute à 905 mm est aussi disponible). Pour le reste, et comme sur la standard, beaucoup d’éléments sont réglables (guidon sur 6 positions, leviers de frein et d’embrayage, sélecteur et pédale de frein arrière), ce qui permet de se concocter une position à la carte. Seul petit bémol, on aurait aimé un guidon un peu plus haut, avantage précieux quand on est debout, ce que réclame le pilotage tout-terrain. Là, il reste un soupçon trop bas. Pour le reste, c’est du tout bon, et au menu du « à la carte », on apprécie l’électronique et notamment le mode « Rally » qui s’adapte à nos envies et à une pratique off-road engagée (déconnexion de l’ABS, du Traction Control, ou possibilité de le garder sur des modes pas trop intrusifs). Pour une utilisation plus standard, trois autres modes sont sélectionnables : route, pluie et off-road. Côté mécanique, le bicylindre de 799 cm3 se montre, nous l’avons déjà évoqué, généreux. Disponible dès 2 000 tr/min, le bloc autrichien allonge jusqu’à 8 000 tr/min, mais revendique son moment le plus pétillant entre 5 500 et 7 500 tr/min. Pour s’y maintenir, outre un Quickshifter (disponible en option), vous pouvez compter sur une boîte à six vitesses bien étagée. Autre petite critique ici : si la sélection est douce, il est important de bien enclencher les rapports sous peine qu’ils ne décrochent parfois. Exempte de vibrations, la 790 Adventure R distille ses chevaux avec beaucoup de confort. Bien plus que ce que propose une selle destinée à vous tanner le cuir plutôt qu’à vous le préserver. Mais c’est une volonté autrichienne assumée que de coller à son slogan « Ready to
Race », même si pour le coup, c’est plus à l’évasion off-road que l’on pense avec elle, pas à de la course. Reste alors à savoir quel type d’explorateur vous êtes...