Yamaha passe à la banque
La firme aux trois diapasons lance son propre organisme de financement : une structure capitalisée à hauteur de 20 millions d’euros dont la vocation est de proposer différentes solutions de crédit à ceux, de plus en plus nombreux, qui ne souhaitent plus payer leur moto cash mais plutôt s’acquitter de loyers. Va-t-on bientôt vendre des motos comme on vend des voitures ? C’est l’une des questions que nous avons posées à Hervé Clinkemaillié, le président de Yamaha Motor France Finance. Cela fait 30 ans que Yamaha propose des solutions de crédit mais avec des organismes partenaires. En quoi créer sa propre structure change-t-il la donne pour la marque ?
La création de cette filiale dédiée au financement doit permettre à Yamaha d’acquérir plus de marges de manoeuvre dans ce domaine et d’offrir des solutions plus ajustées à la demande des clients, tant au niveau du financement que de l’assurance ou de l’entretien. C’est nécessaire car les attentes de la clientèle changent : il y a de plus en plus de gens qui veulent payer pour un usage plus que pour un produit. D’où la nécessité de leur proposer de la location longue durée par exemple.
C’est déjà ce qui se fait en large part dans l’automobile. Est-ce que la moto est partie pour suivre la même pente ou est-ce que son côté passionnel induit une spécificité ?
Le deux-roues, c’est de la passion et un attachement souvent fort à l’objet. Mais ce n’est pas que ça. En tout cas, ce n’est pas toujours cela. Effectivement, il y aura toujours le motard qui tombe amoureux d’un modèle, et veut le garder. Mais il y a aussi la personne qui achète un deux-roues pour un usage utilitaire, par exemple un scooter, et qui s’intéresse beaucoup moins à l’objet qu’aux services que ce dernier lui rend. Et ce type de client, il y en a de plus en plus, donc pour répondre à la question, globalement, la façon de vendre et d’acheter des deux-roues va ressembler de plus en plus à ce qui se passe dans l’auto.
Des clients qui achètent leur moto cash, il y en a encore beaucoup ?
Oui, certainement. Après, c’est assez difficile à quantifier, car le client qui arrive en concessions et qui fait un chèque pour payer sa moto, il a peut-être un crédit bancaire derrière. Je dirais qu’il y a encore 25 % des clients qui payent cash.