Moto Revue

/ Grands Prix du Japon, d’Australie et de Malaisie

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau et DR.

La tournée outre-mer s’est achevée sur deux nouvelles victoires de Marquez, un succès de Viñales et des coups d’éclat de Quartararo, toujours impression­nant aux essais mais encore un peu juste en course par manque d’expérience

Globalemen­t positive avec quatre premières lignes, deux podiums et le titre de Rookie de l’année, la tournée outre-mer aura aussi permis à Fabio Quartararo de prendre la mesure du chemin qu’il lui reste à parcourir pour tutoyer régulièrem­ent les sommets.

Avec quatre premières lignes, dont deux pole positions, Fabio Quartararo aura fait parler de lui tout au long de la tournée Asie-Pacifique, qui a conduit le championna­t MotoGP de la Thaïlande à la Malaisie en passant par le Japon et l’Australie. « Fabio exploite très bien les qualités de la Yamaha, souligne Maverick Viñales. Notamment sur un tour chrono. » En course, en revanche, le Français paie parfois son manque d’expérience. Comme celui de son équipe. Le dernier Grand Prix en Malaisie en a été l’exemple. Dominateur aux essais, Fabio s’était même permis de piéger involontai­rement Marquez, qui avait décidé de prendre sa roue pour assurer sa place sur la grille. « Quand il te colle, Marc fait généraleme­nt la pole. C’est pour ça que j’attendais en espérant qu’il suive un autre pilote car il avait déjà pris ma roue lors de mon premier run. Mais quand j’ai compris qu’il resterait derrière moi, je suis parti devant. Je n’avais plus le choix si je voulais assurer une place en première ligne. Le problème, c’est qu’en ralentissa­nt dans le tour de lancement pour le laisser passer, nos pneus ont refroidi. J’ai dû prendre le premier virage un peu large, et je me suis fait une belle frayeur dans le suivant. » Derrière, Marquez est tombé et a dû se contenter de la onzième place sur la grille de départ. Ce qui ne l’a pas empêché de monter sur le podium le lendemain. Quartararo, lui, a dû se contenter d’une 7e place, bien loin de la victoire qu’il espérait. « J’ai raté mon départ et mon premier tour... À partir de là, je n’ai jamais réussi à retrouver mon rythme des essais. Vendredi après-midi, j’avais fait un tour en 1’58”6 avec le plein d’essence, là, je ne suis pas parvenu à descendre sous les 2 minutes. Je n’arrivais pas à arrêter la moto en entrée de virage, je devais freiner beaucoup plus tôt, j’avais énormément de mouvement à l’avant... »

« Nous n’avons pas brûlé d’étapes »

Comme cela lui était déjà arrivé au Mugello au mois de juin, le pilote Yamaha s’est très vite retrouvé avec une pression de pneu avant beaucoup trop élevée, de l’ordre de 2,3 kg quand la bonne fenêtre se situe entre 1,9 et 2,1 kg. « J’essayais de me décaler dans les lignes droites pour le faire refroidir, mais avec la chaleur qu’on a ici, je n’y suis jamais parvenu. C’est bien évidemment décevant après ce

qu’on avait montré aux essais. » En Australie, une semaine plus tôt, Fabio avait là encore fait sensation aux essais en signant le 2e temps, avec des conditions de piste très délicates et alors qu’il n’avait pas pu rouler en FP2 à cause d’une chute le matin qui lui avait valu une entorse de la cheville gauche. Mais là aussi, sa course tourna très vite au vinaigre.

En choisissan­t de s’élancer avec le pneu dur qu’il n’avait jamais eu l’occasion de tester aux essais, le pilote Yamaha s’est fait piéger en rentrant dans le premier virage à gauche. Sorti dans l’herbe après avoir récupéré une belle glissade, il a été percuté par Petrucci tombé sur ses talons. « C’est dommage car j’avais les moyens de me battre pour monter sur le podium, regrettait le Niçois. C’est une nouvelle leçon, on aurait dû partir avec le pneu tendre, même si on craignait qu’il s’effondre en fin de course. » En MotoGP, comme le rappelle Andrea Dovizioso, l’expérience est capitale.

« Il n’est pas rare que la situation en course soit très différente de celle des essais, explique l’Italien. C’est pour cela qu’il faut être capable de travailler intelligem­ment en amont de la course pour faire face à toutes ces éventualit­és. Il faut du métier pour comprendre ce qu’exigent les Michelin en termes d’adaptation de la moto et du pilote. »

La tournée outre-mer aura tout de même permis à Quartararo d’enchaîner au Japon une nouvelle deuxième place derrière Marquez, dans la foulée de celle du Grand Prix de Thaïlande. À Motegi, le Français n’a toutefois jamais été en mesure d’inquiéter l’octuple champion du monde. « On espérait revivre la même bataille qu’à Buriram, décryptait Wilco Zeelenberg, son team manager. Mais cette fois, Marquez avait un avantage trop important en moteur. Fabio n’a pourtant jamais relâché la pression. Il a même poussé Marc dans ses derniers retranchem­ents, jusqu’à ce qu’il se retrouve en difficulté avec la consommati­on de sa moto dans les derniers kilomètres. »

Alors sacré Rookie de l’année, le pilote Yamaha Petronas se voyait proclamé par Marquez « candidat au titre de champion du monde 2020 ». Une façon de mettre un peu de pression sur son nouvel adversaire ? « Il y a un peu de ça, estime Fabio. Je suis conscient qu’il y a des lacunes dans mon parcours. Surtout que les deux titres que j’ai obtenus en Moto3 en Espagne ne m’ont pas appris grand-chose à ce niveau. Le premier, je l’ai eu en remportant les trois dernières courses de la saison, et le second, je l’ai obtenu en en gagnant neuf courses sur onze. Je sais que j’ai encore des choses à apprendre, de l’expérience à acquérir... Je n’ai jamais eu à gérer la pression de la quête d’un titre de champion du monde, on verra quand j’aurai à la vivre. Et si ça n’est pour la saison prochaine, ce sera pour la suivante ou celle d’après. » Quoi qu’il en soit, avec déjà six podiums, le Niçois a fait aussi bien que Jorge Lorenzo en 2008 lors de sa première saison avec l’équipe officielle Yamaha. Des résultats que personne n’imaginait en début d’année. « Sans douter de mes capacités, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en découvrant cette catégorie, confie Fabio. Beaucoup disaient que c’était trop tôt, que j’aurais dû rester en Moto2. Finalement, nous n’avons pas brûlé d’étapes. La preuve, ma première chute, je l’ai connue à Barcelone au mois de juin (au warm up, avant de monter sur son premier podium, ndlr). Durant les tests de pré-saison, Bagnaia me collait régulièrem­ent une seconde au tour. Et puis en arrivant au Qatar, on a réussi à faire ce petit pas en avant qui nous manquait au freinage. Dès la qualificat­ion, on a pu se bagarrer pour entrer dans le Top 5. » Et depuis, le pilote Yamaha Petronas n’a fait que progresser. Des performanc­es qui ont d’ailleurs convaincu le constructe­ur japonais de lui confier l’an prochain une moto avec les mêmes spécificat­ions que celles des pilotes officiels.

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 ??  ?? En Malaisie, Fabio a signé sa cinquième pole position de la saison. Une première place sur la grille qu’El Diablo n’a pas réussi à faire fructifier, puisqu’il a dû se contenter de la 7e place, à plus de 12 secondes de Viñales.
En Malaisie, Fabio a signé sa cinquième pole position de la saison. Une première place sur la grille qu’El Diablo n’a pas réussi à faire fructifier, puisqu’il a dû se contenter de la 7e place, à plus de 12 secondes de Viñales.
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 ??  ?? À Sepang, comme ce fut le cas au Mugello en juin dernier, Fabio s’est retrouvé en délicatess­e avec son pneu avant.
À Sepang, comme ce fut le cas au Mugello en juin dernier, Fabio s’est retrouvé en délicatess­e avec son pneu avant.
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Au Japon, Fabio s’est extirpé du pack sans pouvoir inquiéter réellement Marquez. Ce qui ne l’a pas empêché de monter sur le podium pour la sixième fois de l’année.
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C’est à Motegi que Quartararo a officielle­ment été désigné meilleur Rookie de la saison 2019.

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