Yamaha MT-03
Entre la « petite » MT-125 et le best-seller MT-07, cette MT-03, au look soigné, tâche de faire sa place
321 cm3...seulement. De nos jours, cette cylindrée est négligée, jugée insuffisante, voire indigne... Tout juste serait-elle bonne à satisfaire un débutant en mal de reconnaissance. Et pourtant, 321 cm3, c’est déjà pas mal ! La preuve, avec cette Yamaha MT-03, subtilement corrigée pour 2020.
«
Dépassements de tâches », l’expression est courante de nos jours, à l’heure des manifestations à tout-va sur fond de revendications sociales. Ces fameux « glissements de tâches » ou « dépassements de tâches », comme on les appelle dans le milieu hospitalier, qui consistent à exécuter, de bonne grâce, des opérations qui ne relèvent pas de ses compétences et responsabilités. Et cette expression pourrait s’appliquer à la nouvelle Yamaha MT-03 2020 car, malgré sa modeste cylindrée (321 cm3) et son orientation sage de moto de débutant, elle apporte bien plus à la conduite et se montre, déjà, passionnante. Apparue en 2016 sous cette cylindrée et dotée de la même plateforme technique, la MT-03 se veut la version roadster (ou naked) de la sportive YZF-R3. N’attendez pas d’elle le même tempérament que la très populaire MT-07, la reine des wheelings MT-09 ou la percutante MT-10… Non, cette MT-03, qui développe 321 cm3 dans ses carters donc, annonce 42 canassons au creux de ses cylindres. De quoi la rendre accessible aux permis A2 sans aucun bridage de quelque sorte que ce soit. Et pour ne rien gâcher, elle a plus d’un atout dans sa manche. À commencer par un design tout à fait dans l’air du temps, pour peu que l’on soit sensible au genre influencé par les mangas japonais. Et des roadsters de la sorte, il y en a pas mal sur le marché. Signalons que les réactions recueillies sur le Web ne lui sont pas toujours favorables, la faute à une partie avant au style inachevé. Mais la fabrication, sans rivaliser avec celle des motos à 15 000 € et plus, se montre tout à fait correcte. Le gabarit est aussi fort agréable : la moto apparaît assez volumineuse « pour une 300 » et se rapproche plutôt des concurrentes de 400/500 cm3. De fait, les motards de taille moyenne seront ravis de constater la place disponible à bord : on se recule sur la selle sans problème tandis que le réservoir joliment galbé cale bien les cuisses. Que les courts sur pattes se rassurent : avec une assise perchée à seulement 780 mm du sol, il sera facile de poser les deux pieds au sol dès 1 m 65 environ. Quelques manoeuvres, sans l’aide du moteur, montrent que l’on peut avoir un bicylindre en ligne, une partiecycle entièrement en acier, et ne pas peser un âne mort : 168 kg tous pleins faits annoncés par Yamaha ! Blague à part, la MT-03 se manipule vraiment aisément. C’est toujours un argument au moment de la ranger entre deux maxi-scooters, de la relever lors des premiers béquillages hasardeux...
Ville, interfile, rien de plus évident à bord
de la MT-03. La position favorise la prise en main et le rayon de braquage s’exploite sans peine. C’est une grosse 125 que l’on conduit du bout des doigts. Les commandes sont souples, presque trop pour le levier de frein. Le tableau de bord, LCD, est clair et complet, avec un indicateur de rapport engagé bien utile. L’ABS de série prévient les blocages intempestifs sur les plaques d’égout les plus sournoises. En bref, la MT-03 brille dans son rôle d’urbaine. Linéaire, souple et pas triste pour autant, le petit twin montre ainsi de bonnes aptitudes en ville. Certes, après 3 kilomètres, on comprend que ce bicylindre parallèle ne vous allongera jamais les bras au démarrage, mais sa souplesse est exemplaire. On roule sans problème en 4e en ville, et on peut mettre la sixième à moins de 80 km/h sur route. Et finalement, les reprises sont meilleures que ce que l’on avait supposé. Certes, mieux vaut caler le régime moteur au-delà de 3 500 tr/min (en solo) pour espérer reprendre avec efficacité, mais le twin ne faiblit pas. Dénué de vibrations, linéaire avec une légère crête de couple à 6 000 tr/min, ce bloc montre une allonge assez appréciable. De fait, il n’est pas du tout contre-indiqué pour s’aventurer sur l’autoroute. À 130 km/h, il ne donne pas l’impression de forcer son allure. Et il y a assez de réserve pour grimper à plus de 180 km/h. Reste un léger creux ressenti à bas régime entre la seconde et la troisième, presque un étagement de boîte perfectible et un caractère globalement discret, sans doute issu de son calage à 180°. La partie-cycle souligne la réussite de cette « modeste 300 ». La nouvelle fourche inversée, plus rigide, et l’amortisseur revu en conséquence font un excellent travail dans cette catégorie. Point de réglage dans tous les sens, mais Kayaba a livré du bon matériel. L’ensemble est souple, mais bien accordé. L’amortissement est vraiment correct et n’a rien à envier à celui des machines de la catégorie 500/650. Si la MT-03 peut plonger un poil vite lors d’un freinage, elle reste agile, stable dans les grandes courbes et dans les changements d’angle rapides. Alors, OK, ce n’est pas un roadster sportif dévoreur de cols alpins, mais il y a franchement de quoi s’amuser sur le réseau secondaire.