Essai longue durée
La Yamaha MT-10 en version Tourer a subi l’épreuve des 3000 kilomètres infligée par notre équipe
La MT-10 Tourer Edition, véritable voyageuse ou bluffeuse hors pair ? On sait qu’elle dispose dans son jeu d’un carré d’as sous la forme du fantastique 4-cylindres Crossplane,mais quid de ses revendications «Tourer» ? Chez Yamaha, on mise dessus, en scandant : «MT-10 Tourer Edition. Tout est dans le voyage».
Le carré d’as Crossplane, c’est acquis. Mais quand même, la MT-10 Tourer Edition ne manquerait-elle pas de quelques atouts dans son jeu pour affronter, même de loin, la classe « Grand Tourisme » ? Cela dit, en bon gros roadster qu’elle est, la voilà qui abat ses cartes non sans avoir de la suite dans les idées, la preuve avec cette bulle, ces protège-mains, cette selle « confort », ce support GPS et ces valises latérales. Mais cela peut-il suffire pour faire d’une boule de nerfs à grand guidon un semblant de vaisseau amiral ? Enfin... vaisseau ou pas,
160 chevaux et 11,3 mkg pour 210 kilos pleins faits, on sait que c’est suffisant pour décoller ! Chez Yamaha, en classe GT, on a du choix : Super Ténéré 1200, FJR 1300, Tracer 900 GT et même Niken GT. La particularité de ces quatre-là est d’être distribuées partout dans le monde. Certains marchés comme celui des USA notamment bénéficient en plus de la 1850 Star Ventur, mais à l’inverse, là-bas, point de MT-10 Tourer Edition au catalogue et pour cause, nous voilà en présence d’une spécificité européenne. Plus précisément, il s’agit en réalité d’une série accessoirisée demandée et eréalisée par l’Europe.
Tourer ă GT ?
Et à y regarder de plus près, traduit de l’allemand, « Tourer » signifie « voiture de tourisme », ce qui fonctionne tout autant avec « moto de tourisme ». Il y a donc de la retenue dans cette appellation commerciale, de la retenue susceptible à elle seule de temporiser l’orientation GT que nous lui prêtions presque maladroitement, en définitive. Avouons toutefois qu’il y a de quoi jouer sur les mots ; la preuve avec la frangine Tracer 900 GT qui, si elle offre effectivement plus de confort et d’équipement en série que la MT-10 Tourer Edition, reste en revanche loin des prestations routières d’une FJR 1300. Mais quand même, il y a dans cette démarche une attention spécifique portée à celles et ceux qui détestent les trails, se refusent aux enclumes de plus de 220 kilos comme aux machines de moins de 150 chevaux, et qui aspirent à mêler tempérament sportif aux aptitudes routières. En d’autres termes, nous voilà face à une clientèle pointue, disposée à certaines concessions certes, mais aussi éprise de performances (au moins de tempérament) et de polyvalence. Profitons de l’occasion pour rappeler que la FJR 1300 vit ses dernières heures… En effet, le modèle ne passe pas les normes Euro 5. 2020 sera donc sa dernière année de commercialisation. La fin d’une épopée vieille de 20 ans qui prendra la forme d’une série spéciale « Ultimate Edition » basée sur les versions AE et AS. En attendant la relève d’une « grosse GT » Yamaha, on s’est donc attaché les services de cette MT-10 Tourer
Edition deux mois durant. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que chaque mise en route moteur nous réjouissait ! Un son et une prestance qui vous collent l’envie d’en profiter des heures et des heures durant. Mais pour cela, encore fallait-il que nos vieilles carcasses résistent au traitement infligé par cette partie-cycle virile et ferme. Nous allons donc également causer protection, disponibilité mécanique, consommation et pratique du duo.