Actus sport
Le reste de l’actu sportive du mois
Pour sa 41e édition, après 29 ans passés en Afrique puis 11 en Amérique du Sud, le Dakar, épreuve reine des rallyes-raids, a donc migré au Moyen-Orient, en Arabie saoudite, au grand dam des défenseurs des droits de l’homme, ce pays figurant parmi les plus répressifs sur ce point (cf. la condition des femmes et la politique vis-à-vis des opposants, les nombreuses exécutions capitales, ou encore l’intervention militaire controversée au Yémen). Bien entendu, les organisateurs et les concurrents questionnés sur ce sujet répondent du bout des lèvres que la politique n’est pas de leur ressort, préférant rebondir sur le sport et arguer du fait que l’épreuve, qui comptait 351 engagés au départ le 5 janvier dernier, va bénéficier d’un cadre somptueux apte à lui redonner un second souffle. Le sport et la géopolitique, voilà deux facettes du monde moderne qui se trouvent régulièrement mêlées dans un intérêt commun. Dans le cas du Dakar et de l’Arabie saoudite, les choses sont claires : le Royaume verse à ASO une somme tournant semble-t-il autour de 15 millions d’euros par an (sur cinq ans), soit 3 à 4 fois plus que ce que les pays hôtes versaient en Amérique du Sud, et pour ses dirigeants cela fait partie d’une politique de soft power – que l’on peut traduire par : « manière douce de convaincre », et qui dans ce cas n’est autre que de la diplomatie sportive – destinée à réparer une image pour le moins dégradée (rappelons l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans l’enceinte du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul en 2018). L’Arabie saoudite s’est lancée depuis peu dans un vaste programme sportif, avec un train de retard sur ses voisins du Golfe, et avant tout sur le Qatar, pionnier en la matière, le Qatar qui recevra la Coupe du monde de football en 2022 (le pays accueille aussi le MotoGP depuis 2004). Sous l’impulsion du prince héritier Mohammed Ben Salman, un plan ambitieux, dit « Vision 2030 », a été orchestré pour préparer l’après-pétrole, plan dans lequel le sport tient une place majeure. Le 7 décembre dernier, l’Arabie saoudite a organisé le championnat du monde de boxe
catégorie poids lourds opposant l’Anglais Anthony Joshua à l’Américain Andy Ruiz Jr à Diriya, où une bourse de 90 millions d’euros avait été mise sur la table. Au même endroit, une exhibition de tennis réunissant Stan Wawrinka, Daniil Medvedev, Lucas Pouille et Gaël Monfils a aussi eu lieu par la suite, tandis que la Supercoupe d’Espagne de football s’est déroulée à Djedda du 8 au 12 janvier derniers, avec les clubs du
Real Madrid et de Barcelone (entre autres). Le Dakar est donc un événement sportif parmi d’autres qui doit redorer le blason du pays, lequel s’ouvre cependant petit à petit. Chacun peut se faire son opinion sur la pertinence d’aller y disputer un Dakar ou tout autre compétition sportive en fermant les yeux sur le reste, mais on peut également se dire que tout ce qui peut faire progresser les choses sur le plan politique est bon à prendre…
De ce point de vue, au rythme où vont les choses, l’avenir devrait nous éclairer assez vite.