FPE 250 : objectif fume
Francis Payart et le cycle à 2-temps forment un tandem fumant depuis des décennies. Pour 2020, le motoriste septuagénaire et spécialiste du Superkart nous prépare une moto inédite capable de plus de 100 chevaux pour 90 kilos. Lumière sur ce génie du cylindre à trous.
Francis Payart est de ces mortels qui, à les écouter narrer anecdotes et expériences diverses, semblent avoir vécu plusieurs vies ! Pilote de motocross en championnat du monde dans le courant des années 70, ingénieur qualifié en bureau d'études, pilote de kart et Superkart (vous savez, ces kartings avec carénage et appuis aérodynamiques capables de 250 km/h !), chef d'entreprise, préparateur, constructeur, papa d'un champion, etc. Francis, quand il se livre, il faut suivre ! Mais quel nectar de bla-bla, car échanger avec un tel génie de la mécanique, c'est la garantie d'en boire jusqu'au bout de la nuit ! Francis sera gêné de ce qualificatif et si je ne cherche pas en faire un demi-dieu de la caisse à outils, toutefois, il convient d'appeler un saint un saint. Sérieusement, il faut avoir la foi pour croire encore aujourd'hui au 2-temps... Personnellement, comme beaucoup de mes semblables piquouzés aux pots de détente et autre injection d'huile 2-temps dans les circuits, j'en fais encore ma religion mais Francis, lui, c'est notre pape à tous ! Au début des années 2000, Francis Payart propose à ses clients d'entretenir leurs moteurs Rotax type 256. Ce fameux twin tandem 250 cm3 fait le bonheur des pilotes de Superkart. Après l'arrêt de la production dudit moteur par les Autrichiens et à mesure que les pièces détachées venaient à manquer, F.P.E (d'abord pour « Francis Payart Engineering » puis « Fournitures Prestations Engineering » sitôt l'entrée de Damien, son fils, dans la société) se lance alors dans la conception et la réalisation de son propre moteur. Des titres en pagaille, des clients à travers le monde entier et une passion en acier trempé. Rapport à y croire dur comme fer : novembre 2011, Valence (Espagne), circuit Ricardo Tormo. Alors que le microcosme des Grands Prix moto
s'apprête à tuer définitivement les 125 cm3 2-temps au soir de cet ultime rendez-vous de la saison, lesquelles céderont leur place aux Moto3 250 cm3 4-temps dès l'année suivante, Francis Payart et son fils Damien (alors également pilote de pointe) s'apprêtent quant à eux à signer un pari presque insensé ! En effet, si père et fils rôdent en péninsule ibérique ce week-end-là, ça n'est pas pour se goinfrer de paella mais bien dans le but de mettre la main sur la technologie
Aprilia. Évidemment, qui d'autre qu'Aprilia Racing maîtrise à ce moment-là le mieux la technologie 2-temps ? Il n'y a qu'à revoir le classement final 2011 pour s'en convaincre : 29 des 34 motos 125 cm3 classées en
2011 viennent de Noale et il n'y a plus aucune japonaise en vue. Bref, ce dimanche 6 novembre 2011, la société F.P.E se paye le savoir ultime en achetant une vraie moto d'usine (pas une moto kit, une usine !) : la 125 RSA d'Hector Faubel, alors 3e de la course du jour. S'ensuit une évolution majeure des performances du moteur FPE TR250, qui se met à cracher alors 100 chevaux en sortie de boîte de vitesses ! Et c'est là que le génie devient évident parce que celle-là, il fallait l'oser : investir des dizaines de milliers d'euros dans une technologie promise à disparaître, quand on n'est qu'une petite entreprise familiale oeuvrant au sous-sol de la maison du paternel ! Puis, plus tard, arrive la lassitude du métier dans le Superkart : concurrences des prix, manque de respect de la part d'une certaine clientèle, déplacements sur les circuits de l'Europe entière usants, opportunité professionnelle pour Damien, etc. En 2016, F.P.E délaisse le Superkart et découvre la moto. D'abord en installant un twin FPE TR250 dans une humble Aprilia RS 125 de route puis en se hissant jusqu'aux podiums de la KlassGP 250 avec votre narrateur au guidon. Francis se plaît dans le paddock
KlassGP : point de frime, les types n'ont pas le melon et les filles sont adorables, respect général de la mécanique, ambiance du tonnerre, la messe est dite. Francis y retournera en 2020, cette fois pour y prêcher les vertus de son tout nouveau twin tandem FPE TR250 spécialement redessiné pour les motos modernes, pour la sienne, cette inédite FPE 250 100 % française et avec un train avant triangulé type JBB (Jean-Bertrand Bruneau). Et parce qu'il sera toujours 2-temps, voilà (encore) une nouvelle vie qui commence pour Francis Payart ! On en reparle en cours de saison.