Le carbone au Carbone 14
Présent dans la nature sous la forme pure de graphite ou de diamant, le carbone tel qu’il nous intéresse aujourd’hui serait, comme d’autres grandes inventions, le fruit d’un heureux hasard. C’est à la fin du XIXe siècle, alors qu’il cherchait le filament idéal pour son ampoule au tungstène, que Thomas Edison mixa des fils de coton et de bambou. Traversés, puis consumés par la force électrique, les deux formèrent un agglomérat aussi solide que léger qu’on ne tissa en fibre que des années plus tard. Longtemps utilisé pour le seul éclairage public, le fil de carbone ressurgit sous le dessin de renfort de matériaux composites dans les années soixante, avant d’être adopté par l’avionneur Rolls-Royce dans la fabrication d’aubes de compresseur pour ses moteurs.
Les Japonais prirent le relais en développant une fibre polymère moins cassante qui fut largement usitée par l’aéronautique et l’armée dès la fin des années 70. Les constructeurs en composent désormais les avions pour diminuer leur consommation. L’emploi du carbone, au rapport poids/résistance sans pareil, s’est logiquement élargi. Dans les années 80, on le retrouva dans les ailerons des Formules 1 et peu de temps après sur les motos de compétition où il est utilisé depuis jusqu’au cadre. Mais tout résistant à l’étirement comme à la compression qu’il soit, ce matériau rigide permettant de concevoir des pièces fines et légères se révèle aussi peu souple qu’efficient à l’abrasion. L’idée est venue de le tisser à des fibres de Kevlar pour en améliorer les performances sur les équipements exposés. Plus rien n’échappe aujourd’hui au carbone, qui a su séduire le grand public par son apparence sobre et évocatrice. Démocratisé en vélo, mais encore peu répandu sur les motos de série en raison de son prix, il est prisé pour les équipements adaptables : habillages, guidons, leviers, roues, silencieux d’échappement... Et pour les coques de casques haut de gamme. Une société américaine s’apprête même à commercialiser des bielles carbone, encore plus performantes que celles en titane ; une prouesse technologique, au même titre que la révolution enclenchée par ACED !