Si Mahias a été couronné en 2017, Cluzel court toujours après son premier titre
se trouve forcément sur la plus haute marche du podium, sur laquelle il réussit à monter à deux reprises : « La victoire à Magny-Cours était un superbe moment, parce que c’était devant mon public. Mais les deux Yamaha Bardahl étaient tombées. Alors qu’au Qatar, c’était la “vraie” course (sic). Il y avait tout le monde, certains jouaient le titre et se devaient d’être rapides et finalement, c’est moi qui suis passé le premier sous le drapeau à damier. » Les deux hommes se sont bien sûr affrontés directement à plusieurs reprises sur les circuits, et ce n’est pas un secret de dire que leur relation n’est pas des plus simples. « On ne sera jamais copains », évacue Mahias.
Cluzel le regrette : « J’ai essayé de lui parler en Argentine... on devait prendre un café ensemble au Qatar. Ça ne s’est pas fait... »
En revanche, ils sont tous les deux d’accord pour ne pas porter dans leur coeur le champion du monde en titre, Randy Krummenacher.
« C’est un très bon pilote, avec beaucoup d’expérience, il a réussi à bien gérer son coéquipier, ce qui n’était pas évident dans un team italien. Sa fin de saison est moins glorieuse, mais sa position était compliquée, d’autant qu’avant la finale en Argentine, la presse a rapporté qu’il se plaignait de ne pas avoir le même matériel que Caricasulo. Au final, il a géré et décroché le titre. C’est le principal », reconnaît Jules. Lucas n’a jamais la langue dans sa poche à propos du pilote suisse : « Je n’ai pas trop aimé sa façon de se battre avec Caricasulo. De déstabiliser ses adversaires, de rouler sur un faux rythme. À mes yeux, quand tu es le meilleur, tu roules à fond du début à la fin. » D’autant que le Montois avoue avoir de l’affection pour l’Italien : « On a travaillé deux ans ensemble. On a eu une première année difficile. Je lui ai mis sur la gueule (sic). Il essayait de me sucer les roues, de me tester. J’ai toujours
un peu travaillé comme ça : ton coéquipier est ton meilleur ennemi. Si tu peux les casser mentalement et moralement, c’est déjà pas mal. La deuxième année s’est mieux passée, on a beaucoup discuté, parce que je ne suis pas un gros con. On a sympathisé.
Et cette année, je lui ai donné pas mal de conseils, surtout en fin de saison lorsque le stress commençait à monter. »
En 2020, ils retrouveront les mêmes – et d’autres – sur leur route. « En 2019, le niveau était assez relevé. Cette année, il y a, je crois, cinq pilotes qui arrivent du Moto2.
Tout le monde a un peu tendance à se caresser sur les Grands Prix, et des pilotes mettent beaucoup de pognon pour aller en Moto2 et terminer autour de la quinzième place alors que le Supersport, c’est sympa, avec des machines qui vont vite, un championnat relevé et un milieu plus familial et sympa.
Nombreux sont ceux qui s’en rendent compte », explique Lucas. Jules y prête moins d’attention : « Locatelli, Öttl qui débarquent arrivent du Moto2 et peuvent être des clients pour l’avenir. Mais par nature, j’essaye de me préserver de tout ça. Et un pilote qui marche fort à la première course peut très bien ne pas tenir le rythme ensuite. » En tout cas, les deux Français ont le même objectif.
« Je repars avec Puccetti sur une Kawasaki pour décrocher le titre. C’est mon but afin de pouvoir aller en Superbike en 2021, toujours chez Puccetti. C’est l’objectif. J’aurais pu repartir sur une Yamaha, avec certainement plus de facilité pour tenter de décrocher le titre, mais Kawa est la meilleure piste que je puisse prendre pour le Superbike. Le plan Yamaha, je l’ai un peu tué lorsque je n’y suis pas allé la saison suivant mon titre Supersport. J’aurais aimé y aller dès cette année, mais ils ont préféré me garder en 600 parce que j’ai roulé vite avec et qu’ils se sont dit que j’avais la possibilité de me battre pour le titre », place le pilote Kawasaki. Fidèle à la Yamaha du GMT 94, Jules, qui deviendra papa courant février, croit en ses chances : « Je finis à 13 points cette année, je me prépare pour décrocher le titre. Je suis toujours au GMT, on s’est renforcé avec un ingénieur supplémentaire en fin de saison. Et si je me retrouve avec le Graal en poche, je ne suis pas sûr d’avoir envie d’aller en Superbike. Je suis bien où je suis, je me sens en forme, j’ai toujours de la jeunesse dans mon pilotage et mes 31 ans me confèrent une expérience notable. Tant que je peux me battre pour un titre, je vais continuer. Ça peut durer longtemps. » Moins drôle,
Lucas se remet péniblement de sa chute en MotoE, lors du dernier Grand Prix de la saison : « Si, aujourd’hui, on me donnait le choix de revivre ce que je vis depuis minovembre ou me casser les deux jambes, j’aurai choisi les jambes (!). Je ne me suis pas blessé des millions de fois mais je n’ai jamais autant galéré. C’est une douleur qui ne s’arrête jamais. Je me suis fait amputer deux fois et il ne me reste que la première phalange. Je suis aussi déçu par le team
AJO, dont seul le coordinateur est passé me voir à l’hôpital. Ça me conforte dans l’idée que je n’irai jamais rouler en Grands Prix. Je regrette vraiment d’avoir laissé un doigt pour ce truc-là. » Reste que mi-décembre, Lucas a pu rouler quelques tours sur un circuit de kart au guidon d’une 300 sans connaître de gêne particulière. On retrouve tout ce petit monde dans quelques jours, à Jerez, pour les premiers tests de la saison.