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8 Heures d’Oschersleben annulées, 24 Heures du Mans déplacées et Bol d’Or devenu finale du championnat du monde 2019-2020 : le calendrier de l’endurance mondiale est profondément remanié.
Le point sur les dates chamboulées des 24 Heures du Mans et du Bol d’Or
La mauvaise passe que traverse aujourd’hui l’humanité a poussé les parties prenantes dans l’endurance à oeuvrer main dans la main, afin de tenter de sauver le championnat du monde. Sans pour autant pouvoir conserver les 8 Heures d’Oschersleben. Troisième course de la saison, qui devait se dérouler le 6 juin, l’épreuve est purement et simplement annulée. Le championnat devrait donc reprendre, si les conditions sanitaires permettent la migration de personnes venant principalement d’Europe vers le Japon, les 18 et 19 juillet, à Suzuka. Juge de paix du championnat depuis quelques années, les 8 Heures ne seront plus le point final de la saison 2019-2020 puisque les 24 Heures du Mans ont été reprogrammées, initialement début septembre puis fin août, pour laisser de la place aux 24 Heures auto. Et pour maintenir un championnat riche de cinq courses, le Bol d’Or, dont les dates des 19 et 20 septembre n’ont pas bougé, intègre le calendrier 2019-2020 et en devient ainsi la finale alors que depuis plusieurs années, après le lancement du championnat au Bol, la finale avait lieu à Suzuka. Une refonte du calendrier qui offrira un championnat avec trois courses de 24 heures, dont deux se disputeront à trois semaines d’intervalle. Ce qui n’est pas sans poser quelques difficultés aux acteurs de la catégorie. « Deux courses de 24 heures aussi rapprochées, ce n’est pas facile à gérer. Pour nous, ça va passer. Pour les teams privés qui fonctionnent avec des bénévoles, ça risque d’être beaucoup plus compliqué », prévient Gilles Stafler, le boss du team SRC, champion du monde en titre. Ce que confirme Denis Sarazin, qui fait
courir la Yamaha n° 66, qui flirte souvent avec le Top 10 : « Une course de 24 heures, c’est un budget de 20000 à 25000 €. Il nous faudrait en financer deux dans un très court laps de temps. Ce qui, dans la conjoncture actuelle, semble vraiment difficile. Et si dans la course précédente, il y a de la casse, réunir le budget sera tout simplement impossible. En revanche, si le Mans se passe bien, l’économie d’environ 12000 € faite avec l’annulation des 8 Heures d’Oschersleben peut peut-être nous permettre de nous aligner au Bol d’Or. » Eurosport Events, le promoteur du championnat, a déjà prévu une aide de 1500 euros allouée aux teams privés qui disputeront les deux épreuves de 24 heures. Ce que Sarazin apprécie : « Beaucoup de mes bénévoles sont au chômage partiel, ou auto-entrepreneurs, et subissent des baisses, voire des absences de revenus. En septembre, ils ne pourront pas se permettre de venir trois semaines avec moi, en amputant encore leurs rentrées d’argent. Cette prime consentie de 1500 € peut nous permettre de les aider. » Frédéric Louit, le boss de Louit Moto qui engage la Kawasaki n° 33 sur l’ensemble du championnat du monde, abonde dans le même sens : « Remettre un moteur neuf dans un cadre n’est pas un problème. Le budget, qu’il soit dépensé aujourd’hui ou demain, est le même. Notre plus gros souci reste les bras. Nous sommes vingt, que des bénévoles. Et autour d’une moto qui roule à plus de 300 km/h, il n’est pas possible de faire intervenir des néophytes. Actuellement, j’essaye de voir exactement qui sera là, ou pas, et je réfléchis à constituer une équipe allégée sur une course. On peut peut-être arriver à une quinzaine de personnes, sans cuistot, sans réceptif, avec un seul kiné. » Michel Augizeau, patron de TECMAS, qui n’est pas un team privé mais qui fait abondamment appel au bénévolat, renchérit : « D’ores et déjà, nous savons qu’ils auront du mal à prendre des congés après l’épisode du coronavirus. Ce qui veut dire que je vais devoir embaucher des prestataires de services et là, ce sera une affaire de coût. » Avant de tempérer : « Mais dans de telles circonstances, il serait périlleux de critiquer, il faut être solidaire. » Ce que confirme Gilles Stafler, qui au passage voit d’un bon oeil l’ajout du Bol d’Or à la saison en cours et qui remet en jeu de gros points susceptibles de gommer son résultat blanc du précédent Bol : « On aura tellement envie d’être sur un circuit pour voir courir des motos que tous les efforts pour y arriver seront vite oubliés. » À Jorge Viegas, le président de la FIM, la conclusion : « Nous vivons un moment exceptionnel qui nous oblige à prendre des mesures que nous n’avions jamais imaginé devoir prendre. Le plus important est de maintenir fermement notre volonté de revenir à la compétition moto et de reprendre le championnat du monde FIM d’endurance dès que ce sera possible. »