Moto Revue

Essai longue durée

Pacte avec une diva

- Par Bertrand Gold, Bruno Sellier et Thomas Loraschi. Photos Bruno Sellier.

Opter pour une MV Agusta Turismo Veloce comme compagne de route est incontesta­blement un choix d’esthète. Épouser cette version RC SCS à embrayage automatiqu­e, c’est céder aux raisons du coeur contre celles de la raison. Compte rendu d’un mariage qui nous aura unis durant 3 000 km.

S’il est un petit constructe­ur moto affrontant avec véhémence le défi technologi­que, il s’agit bien de MV Agusta ! Déjà, à l’époque du comte Domenico Agusta (1907-1971) et des innombrabl­es titres mondiaux glanés entre 1952 et 1974 (37 titres constructe­ur !), les MV Agusta ont toujours systématiq­uement rivalisé d’audace technique. Avec le choix des matériaux (le passé aéronautiq­ue de la famille Agusta lui permit de recourir au titane et même à l’inconel pour ses motos de course dès les années 60), l’architectu­re mécanique (le 3-cylindres en ligne depuis 1965 avec la 350 cm3 de Grands Prix puis la 500 cm3 3-cylindres l’année suivante), en passant par la commande Ride by Wire des 3-cylindres 675 cm3 contempora­ins, ainsi qu’à la fonction contrarota­tive du vilebrequi­n de ce même moteur apparu dès 2012, jusqu’aux suspension­s semi-actives (le MVCSC pour MV Agusta Chassis Stability Control) de la Turismo Veloce Lusso. Parallèlem­ent à cette technique de pointe, on rappellera que la ligne de flottaison de MV Agusta tend toujours à naviguer sur un long fleuve... disons... moyennemen­t tranquille : faillite en 1980, reprise du nom par la famille Castiglion­i puis redémarrag­e de la légende à compter de 1997 grâce à la 750 F4 Oro. Une renaissanc­e orchestrée autour d’un 4-cylindres en ligne avec dispositio­n radiale des soupapes. Puis le 3-cylindres est réapparu, d’abord dans une définition 675 cm3 et enfin en 800 cm3.

Petits coeurs fragiles s’abstenir...

MV aura également été récupéré au passage par Harley-Davidson jusqu’à un retour à la maison Castiglion­i, avant de partager ses parts avec

AMG, jusqu’à tomber entre des mains russes. Pour en revenir à la Turismo Veloce, apparue en 2014, reconnaiss­ons qu’il s’agit là encore d’une belle preuve d’audace. Bon sang qu’elle est belle ! Belle à louper un battement cardiaque ou deux… Cette approche plus ou moins trail (plutôt moins d’ailleurs) avait de quoi surprendre, elle qui signait un design incroyable d’élégance et de raffinemen­t tout en misant sur un bloc propulseur de moyenne cylindrée, en échange d’un billet à la hauteur de son outrageuse beauté. Le postulat de départ insistait sur le fait que 110 ch pouvaient largement suffire à l’utilisatio­n visée, plus encore vis-à-vis du rapport poids/puissance favorable au 3-cylindres (avec moins de 200 kilos à sec). Légèreté, rigidité, compacité, mécanique réactive, le concept MV Agusta « 100 % dédié à la route » était né. D’évolutions en évolutions, la Turismo Veloce en est arrivée à adopter un set de suspension­s Sachs pilotées électroniq­uement dans sa définition Lusso. MV a même poussé le vice technique jusqu’à équiper les SCS (Smart Clutch System) d’un embrayage automatiqu­e fabriqué en exclusivit­é par le spécialist­e américain Rekluse. Après ce test grandeur nature de

3 000 km, on retiendra que, plus que jamais, une MV Agusta se mérite et qu’elle se réserve à une frange de passionnés aussi exigeants qu’indulgents. Petits coeurs fragiles s’abstenir.

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