Essai longue durée
Pacte avec une diva
Opter pour une MV Agusta Turismo Veloce comme compagne de route est incontestablement un choix d’esthète. Épouser cette version RC SCS à embrayage automatique, c’est céder aux raisons du coeur contre celles de la raison. Compte rendu d’un mariage qui nous aura unis durant 3 000 km.
S’il est un petit constructeur moto affrontant avec véhémence le défi technologique, il s’agit bien de MV Agusta ! Déjà, à l’époque du comte Domenico Agusta (1907-1971) et des innombrables titres mondiaux glanés entre 1952 et 1974 (37 titres constructeur !), les MV Agusta ont toujours systématiquement rivalisé d’audace technique. Avec le choix des matériaux (le passé aéronautique de la famille Agusta lui permit de recourir au titane et même à l’inconel pour ses motos de course dès les années 60), l’architecture mécanique (le 3-cylindres en ligne depuis 1965 avec la 350 cm3 de Grands Prix puis la 500 cm3 3-cylindres l’année suivante), en passant par la commande Ride by Wire des 3-cylindres 675 cm3 contemporains, ainsi qu’à la fonction contrarotative du vilebrequin de ce même moteur apparu dès 2012, jusqu’aux suspensions semi-actives (le MVCSC pour MV Agusta Chassis Stability Control) de la Turismo Veloce Lusso. Parallèlement à cette technique de pointe, on rappellera que la ligne de flottaison de MV Agusta tend toujours à naviguer sur un long fleuve... disons... moyennement tranquille : faillite en 1980, reprise du nom par la famille Castiglioni puis redémarrage de la légende à compter de 1997 grâce à la 750 F4 Oro. Une renaissance orchestrée autour d’un 4-cylindres en ligne avec disposition radiale des soupapes. Puis le 3-cylindres est réapparu, d’abord dans une définition 675 cm3 et enfin en 800 cm3.
Petits coeurs fragiles s’abstenir...
MV aura également été récupéré au passage par Harley-Davidson jusqu’à un retour à la maison Castiglioni, avant de partager ses parts avec
AMG, jusqu’à tomber entre des mains russes. Pour en revenir à la Turismo Veloce, apparue en 2014, reconnaissons qu’il s’agit là encore d’une belle preuve d’audace. Bon sang qu’elle est belle ! Belle à louper un battement cardiaque ou deux… Cette approche plus ou moins trail (plutôt moins d’ailleurs) avait de quoi surprendre, elle qui signait un design incroyable d’élégance et de raffinement tout en misant sur un bloc propulseur de moyenne cylindrée, en échange d’un billet à la hauteur de son outrageuse beauté. Le postulat de départ insistait sur le fait que 110 ch pouvaient largement suffire à l’utilisation visée, plus encore vis-à-vis du rapport poids/puissance favorable au 3-cylindres (avec moins de 200 kilos à sec). Légèreté, rigidité, compacité, mécanique réactive, le concept MV Agusta « 100 % dédié à la route » était né. D’évolutions en évolutions, la Turismo Veloce en est arrivée à adopter un set de suspensions Sachs pilotées électroniquement dans sa définition Lusso. MV a même poussé le vice technique jusqu’à équiper les SCS (Smart Clutch System) d’un embrayage automatique fabriqué en exclusivité par le spécialiste américain Rekluse. Après ce test grandeur nature de
3 000 km, on retiendra que, plus que jamais, une MV Agusta se mérite et qu’elle se réserve à une frange de passionnés aussi exigeants qu’indulgents. Petits coeurs fragiles s’abstenir.