La R18 revendique sa germanité, mais BMW lui donne toutes les armes pour rencontrer le succès au pays de l’Oncle Sam
d’acier qui, par l’association avec un bras oscillant de type Cantilever et un jeu d’illusion, donne l’impression d’être monté rigide à l’arrière (une idée déjà à l’oeuvre sur le Bobber 1200 de chez Triumph). C’est aussi, dans une moindre mesure, celui de la fourche télescopique, dont les tubes sont enfermés dans des manchons, à la manière des BMW d’autrefois. Le modernisme, c’est le diamètre maousse de cette fourche (49 mm) et le dimensionnement généreux du système de freinage (qui plus est intégral), nécessaire pour répondre au poids considérable de l’engin (345 kg en ordre de marche... on comprend que la transmission dispose d’une marche arrière). Ainsi conçue, la R18 n’est pas sans rappeler la California 1400, lancée par Moto Guzzi en 2013 (et désormais remplacée par l’Eldorado) : gros custom européen, dédaignant la référence Harley et revendiquant au contraire ostensiblement son identité, tout en soignant sa modernité, notamment au niveau de l’électronique embarquée (modes moteur multiples, antipatinage, afficheur mixte analogique/numérique, régulation du couple moteur, aide au démarrage en côte). Cette recette, très alléchante sur le papier, n’a hélas que très modérément fonctionné sur le plan commercial pour la native de Mandello. BMW disposant d’une force de frappe autrement plus importante en termes de marketing et de réseau, on peut s’attendre à ce que l’issue soit beaucoup plus favorable pour la R18. Toutefois, afin de maximiser ses chances de succès, notamment aux États-Unis, BMW lui a donné une dernière arme, particulièrement efficace en custom culture : une large modularité. Grâce à un cadre en partie démontable, un habillage aisément interchangeable ainsi qu’un faisceau électrique et des circuits hydrauliques (frein et embrayage) adaptés, cette R18 est en effet censée pouvoir répondre aux envies de personnalisation de ses propriétaires sans que ces derniers aient à sortir leurs disqueuses et leurs postes à souder. Mieux : afin d’inciter à l’exercice,
BMW a même sollicité des grands noms de la customisation US (Roland Sands,
Vance & Hines, Mustang Seat) afin d’aider au développement d’une large gamme de pièces et d’accessoires. De cette façon, il sera ainsi possible de transformer l’engin en bobber, en chopper ou en cruiser... En attendant ces préparations du meilleur goût, la R18 sera disponible dans le courant du printemps, en version First Edition, contre 22 990 €, un tarif sensiblement plus élevé que celui de l’Indian Chief Dark Horse, de la Harley-Davidson Softail Deluxe 107 et de la Moto Guzzi 1400 Eldorado, trois de ses principales rivales.