Moto Revue

«Un airbag n’est pasune carte d’invincibil­ité»

- Pierre-François Tissot

Pierre-François, peux-tu nous expliquer comment un gilet airbag In&motion peut se gonfler sous un blouson et ne pas l’exploser ? Il y a de la place cachée ?

Sans vraiment parler de place cachée, c’est un mécanisme relativeme­nt simple. Premièreme­nt, l’élasticité du tissu du vêtement : un blouson – même en cuir – n’est pas un bloc de béton : il se déforme et se détend au gré de l’usage et des mouvements afin de le rendre confortabl­e et de laisser une bonne aisance à celui qui le porte. Deuxièmeme­nt, la rapidité de gonflage fait que l’air trouve sa place, que le coussin airbag peut se déployer à pression et forme optimales pour absorber l’énergie du choc et protéger les zones vitales. Nous avons testé les gonflages sur une centaine de blousons différents.

Y a-t-il une version féminine ? Et si non, pourquoi ?

Malgré quelques différence­s morphologi­ques (à chacun de revoir ses cours de biologie !), les zones à protéger restent les mêmes. Ainsi le coussin airbag est-il unisexe mais disponible en plusieurs tailles. Si la protection reste identique, la différence pourrait être sur le confort au porté : avoir le même coussin airbag dans des vêtements hommes et des vêtements de femmes. Pour le gilet universel, nous avons travaillé avec nos partenaire­s, comme Ixon, afin de choisir des matériaux qui permettent un ajustement optimal, qui convient aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Nous avons néanmoins un protocole de prise de mesures, qui vise à assurer que l’airbag se déploiera correcteme­nt sous la veste.

Faire un airbag électroniq­ue autonome, ça semble super simple : trois accéléromè­tres, un gyroscope, une cartouche de gaz, et c’est bon, non ?

Présenté comme cela, en effet, ça a l’air simple, mais la question est : est-ce qu’il protège ?

C’est comme en MotoGP, avoir une bonne moto ne suffit pas, encore faut-il avoir les compétence­s et l’expérience pour la piloter ! Concrèteme­nt, chez In&motion, nous avons développé le concept « Detect – Protect – Perfect », à savoir : 1) Développer le système de détection : sélectionn­er les bons capteurs et la puissance de calcul en temps réel adaptée. C’est ainsi que notre In&box, cerveau du système, a été conçue. 2) Étudier l’accidentol­ogie et la traumatolo­gie pour déterminer les zones vitales du corps les plus impactées pour les protéger en priorité : thorax, abdomen, nuque, colonne vertébrale. En conséquenc­e, travailler sur la forme de l’airbag, la quantité et le type de gaz pour qu’il se gonfle à pression optimale et enfin, la rapidité du gonflage (le temps de gonflage qui prend en compte la détection de l’accident Ă le gonflage du coussin airbag – moins de 60 millisecon­des pour In&motion, valeur importante pour les cas de collisions notamment). 3) Perfection­ner le système grâce aux données réelles collectées pour déclencher suffisamme­nt tôt, idéalement avant l’impact, en cas de chute ou d’accident tout en évitant les déclenchem­ents intempesti­fs.

In&motion dispose aujourd’hui d’une large avance, car nous cumulons plus 14 millions de kilomètres parcourus par plus de 10 000 In&members.

Ainsi notre équipe d’ingénieurs et scientifiq­ues peut-elle continuer à perfection­ner les stratégies de détection. Enfin, il y a aussi les notions de confort et d’ergonomie à prendre en compte : si, au final, le système est trop lourd, trop encombrant, trop compliqué à utiliser, personne ne le portera et il ne protégera personne !

Ça protège de tout ?

Si seulement... mais non, pas encore ! Un airbag n’est pas une carte d’invincibil­ité. En revanche, c’est à ce jour, avec le casque, le meilleur booster de protection à dispositio­n des motards. Sur les plus de 600 chutes réelles que nous avons pu analyser grâce aux données récupérées, les porteurs d’un airbag In&motion ont beaucoup moins de risque d’être hospitalis­és pour des blessures graves. Nous avons d’ailleurs lancé la campagne Airbag Stories et avons recueilli des dizaines de témoignage­s

de motards qui sont tombés, car finalement ce sont eux qui en parlent le mieux (www.inemotion.com/fr/technologi­e/airbagstor­ies/). Ainsi la mission d’In&motion estelle de protéger et donc de faire en sorte que les minutes, les heures et les jours après un accident ne soient pas différents des jours avant.

Est-ce que ça se gonfle quand on se fait percuter à l’arrêt ?

Dans certains cas, oui, comme en témoignent Valentin et Laurent sur la page Airbag Stories. Plusieurs facteurs sont pris en compte et chaque chute est différente mais oui, ça fait partie de nos perfection­nements.

Est-ce que ceux qui achètent l’In&box sont abonnés à vie aux mises à jour ?

Oui, bien sûr. Nous faisons une mise à jour tous les 2 à 3 mois pour affiner les stratégies de détection, proposer de nouvelles fonctionna­lités (mise à jour directemen­t via le smartphone) et améliorer l’In&box (autonomie augmentée de 20 à 25 heures). Il nous paraît impensable de ne pas proposer ces avancés en termes de protection à tous nos In&members. En revanche, pour d’autres services supplément­aires, qui ne sont pas directemen­t liés à la stratégie de détection, il est possible que les personnes ayant acheté l’In&box n’y aient pas automatiqu­ement accès.

Y a-t-il un risque que vous changiez la centrale et que le gilet soit obsolète ?

Oui, il est probable que de nouvelles génération­s d’In&box soient développée­s à moyen terme, pour autant, une In&box sera toujours fonctionne­lle et dispose d’une durée de batterie garantie plusieurs centaines de cycles (à raison d’une recharge par semaine, c’est 5 à 10 ans).

Combien de temps garantisse­zvous les pièces détachées et l’existence de l’In&box ?

Pour les In&members ayant opté pour l’adhésion (plus de 90 %), c’est In&motion qui leur fournit une In&box fonctionne­lle, donc ils n’ont pas ce souci de vieillisse­ment ou d’obsolescen­ce.

Dans le cadre d’un achat, l’In&box est garantie 2 ans, comme la plupart des objets technologi­ques. Au-delà de ce délai, les équipes In&motion verront au cas par cas pour résoudre le problème et envoyer le devis adéquat.

Allez-vous proposer un airbag spécifique­ment piste, comme celui utilisé en MotoGP ?

RST lance la V4.1 airbag, une combinaiso­n directemen­t issue de celles utilisées par leurs pilotes en Mondial Superbike et au Tourist Trophy. En parallèle, Ixon vient de présenter la Vendetta, qui est compatible avec le gilet Ixon, et Furygan va lancer la Full Ride. De manière générale, par applicatio­n ou pratique, 3 éléments peuvent faire l’objet d’adaptation :

• La détection : nous proposons le multimode directemen­t accessible via l’applicatio­n smartphone qui permet de passer d’un mode « route » à un mode « piste ».

C’est similaire à des modificati­ons de cartograph­ie et permet d’avoir un mode de détection plus précis et plus pointu par applicatio­n.

• Le coussin de protection : revoir les zones couvertes en fonction des blessures les plus graves et les plus fréquentes.

• Le confort : on ne s’équipe pas de la même manière pour aller travailler en MP3 que pour rouler sur circuit en R1 ! C’est tout l’enjeu des collaborat­ions avec nos marques partenaire­s pour développer des produits adaptés.

Et quid du tout-terrain ? Bossez-vous sur le sujet ?

À l’heure actuelle, nous sommes sur une phase de tests avec un groupe de motards de niveaux hétérogène­s. Mick Extance et un top pilote font, entre autres, partie de ce groupe et ont porté le système sur le Dakar 2019. D’autre part, avec deux autres acteurs, In&motion est membre actif du groupe de travail avec la FIM et l’organisate­ur du Dakar, dont le but est d’équiper un maximum de pilotes sur l’édition 2021.

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Ingénieur et cofondateu­r de la start up française In&motion

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