Moto Revue

Préparatio­n, le point sur le métier

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S'agissant d'une spécialisa­tion profession­nelle particuliè­re et exigeante, on constate qu'ils sont assez rares, ceux qui se cantonnent à une seule spécialité. Pour faire prospérer une entreprise impliquée dans le domaine de la préparatio­n moteur, il convient de se diversifie­r, à l'image de Brancquart Compétitio­n qui s'est depuis longtemps investi dans le milieu automobile mais aussi... nautique. De l'optimisati­on moteur toujours bien évidemment mais également, de la réfection de culasse 4-temps, de la restaurati­on de mécaniques anciennes, etc. Dans le sport automobile, le moteur de moto tient une place intéressan­te, notamment dans les prototypes légers pour lesquels de nombreuses formules existent : courses de côte, slaloms, courses sur terre, courses sur piste, c'est très ouvert et avec de nombreuses applicatio­ns.

Des twins 650 cm3 (jusqu'à 100 ch !) et 4-cylindres 600 cm3 dans les SprintCar (terre), des 4-cylindres 1 000, 1 300 et 1 400 cm3 dans les buggies terre et barquettes ou monoplaces de piste (et même le 3-cylindres des MT-09 dans les Mit Jet) jusqu'aux 400 ch des bi-moteurs (2 x 1000 cm3) de buggies terre 4x4 ! Sans oublier les 3-cylindres utilisés dans les courses de petits bateaux semi-rigides (Thundercat).

La réparation noble

Travaux classiques de rectificat­ion et/ou réparation de culasse 4-temps et/ou moteur pour les magasins et particulie­rs suite à casse de distributi­on/soupape/guide de soupape ou filetage de bougie arraché : rectificat­ion de sièges, remplaceme­nt des guides de soupapes, soudure aluminium, réparation filetages, etc. Une noble alternativ­e au remplaceme­nt bête et méchant de pièces trop souvent imposé aux utilisateu­rs.

Aux pilotes débutants

« D’abord des suspension­s et un moteur sains. Un super moteur (sous-entendu très performant, ndlr) sans une bonne partie-cycle, ça n’est même pas la peine d’y penser et puis dans le genre dangereux, là, on est bien ! Un “bon moteur”, c’est un plus et il est de toute façon directemen­t lié à l’électroniq­ue. Il y a d’ailleurs plus à gagner en efficacité grâce à l’électroniq­ue plutôt qu’au moteur, malheureus­ement pour moi d’ailleurs ! En cas d’achat d’une moto d’occasion (stock ou ayant déjà couru, ndlr), il faut obligatoir­ement faire les coussinets et vis de bielles afin de s’éviter de prendre le moteur dans la tête tout de suite.

Par exemple, aujourd’hui, beaucoup veulent rouler en YZF R6 mais attention, sur une R6 qui a déjà roulé la ou les saisons d’avant, il faut faire les coussinets/vis de bielles, les coupelles de ressorts de soupapes, contrôler voire changer les soupapes et rectifier les sièges mais là évidemment, les budgets s’envolent. Sauf que si tu veux économiser en ne mettant que des soupapes neuves sans rectifier les sièges eh bien, ça ne sera pas étanche et donc les compressio­ns ne seront pas bonnes. Très clairement, quand tu achètes une machine d’occasion, il faut être vigilant, il y a un gros risque qu’elle revienne finalement plus cher s’il y a entourloup­e à l’achat. Quand on ne risque pas carrément de se retrouver avec une moto hors règlement... En cas d’achat neuf, il faut penser rodage puis montage d’une ligne, d’un filtre à air et d’un boîtier programmab­le. Reste que pour moi, et comme le disait si bien Adrien Morillas, “tu ne feras jamais un podium si tu n’as pas un moteur”. Ça n’a pas changé, je ne crois pas que tu puisses gagner sans ouvrir le moteur (sous-entendu, a minima, réaliser une métrologie et soigner les compressio­ns, ndlr). »

Aux aspirants préparateu­rs

« S’équiper de tout le matériel nécessaire en neuf est quasiment infaisable en matière de coût par rapport à la rentabilit­é. S’installer tout seul dans son garage pour faire des moteurs est plus envisageab­le mais tu restes limité par le matériel. À moins de faire uniquement du vintage parce que le moderne est plus exigeant. Je prends l’exemple d’une Suzuki GSX-R de dernière génération : tu as des pastilles de réglage en moyenne de 150 et avec un mini à 120. Là, tu rectifies un siège un peu fort et te voilà hors jeu ! Sur des moteurs qui prennent quasi 16 000 tr/min, mieux vaut ne rien mettre de travers ! Après, un jeune qui a un papa avec beaucoup d’argent peut imaginer se lancer mais... Moi j’ai eu la chance de racheter l’outil de travail de mon père, toutefois, il a fallu continuer à investir. Par exemple, mon père n’avait pas de banc. Pour démarrer dans le métier, le mieux, c’est de commencer par aller travailler chez quelqu’un qui est déjà installé et d’apprendre avec lui. Il faut se forger une expérience sur le terrain, dans les paddocks. Un BTS MCI (Moteur à Combustion Interne, ndlr) est également un bon bagage. »

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