La triche ? Quelle triche ?
« Si ça triche ? Bien sûr. Ça a toujours triché et ça triche toujours ! Alors, pas forcément chez ceux qui sont devant, ça vient plus généralement de ceux de derrière. Moi, très égoïstement, je suis pour, parce que je vends des pièces performantes et que je préfère que ce soit moi qui vende pistons, arbres à cames, bielles, etc. à un client plutôt qu’un de mes concurrents. » Mais alors à combien peut-on estimer le pourcentage de tricheurs ?
« Je dirais 10 à 15 %. Il y a toujours des gens qui veulent plus et qui en ont les moyens. » Bon, d’accord mais parmi les tricheurs, on triche carrément ou juste un petit peu ? « En fait, ça dépend des catégories. Parfois, ça peut aller loin mais toujours en fonction de ce qui est plus ou moins facile à contrôler, comme par exemple faire un énorme boulot sur le bas moteur mais en restant soft sur le haut moteur parce que c’est ce qui est difficile à contrôler en cas de démontage/réclamation. Ceux-là, en général, se mettent en conformité les deux dernières courses avec un moteur stock, surtout s’ils jouent le championnat. Ils engrangent des points en début de championnat et jouent la sécurité vers la fin, malins ! Mais cette situation vient surtout du fait qu’à la Fédération, ils ne sont pas au point ; il n’y a pas de contrôleurs techniques à la hauteur. Par le passé, mon père a été contrôleur technique mais les mecs gueulaient – et ça pouvait se comprendre d’ailleurs –, comme quoi il était juge et partie. Dans l’idée, je me souviens qu’avec l’arrivée en série des usinages d’entrée de conduit et sièges de soupapes par machine numérique (vers la mi-2000, ndlr), ça commençait à faire de belles culasses d’origine. Au début, on a craint pour le métier sauf que la finition, les Japonais la faisaient tout de même à la main en y mettant un petit coup de fraise. Ce qui, au final, nous permettait de remettre nos propres p’tits coups de fraise derrière, sans que cela ne se voie. Des recommandations qui, à l’époque, nous venaient directement d’un célèbre responsable compétition France pour une marque japonaise bien connue, qui nous disait : “Tu peux y aller, d’origine, c’est fini à la main alors tu peux gratter, ils n’y verront rien (au contrôle technique, ndlr) !’’ »