La réalité
Cette fois, nous y sommes, ou presque .... Le 19 juillet prochain, le sud de l’Andalousie et le circuit de Jerez devraient vibrer de nouveau au son du MotoGP. Au bruit des moteurs seulement, sans la clameur passionnée s’élevant de tribunes qui resteront désespérément vides pour le retour de la catégorie reine du sport moto. À huis clos, c’est à cette condition que le MotoGP a eu l’autorisation de reprendre ses droits, et sous cette forme que sera rompu un jeûne qui nous aura sevrés durant de longs mois. Pas de public pour communier avec les champions, peu de journalistes pour relayer leurs exploits, le spectacle côté bord de piste s’annonce un poil tristounet... Mais bon, on peut compter sur la Dorna – et sur l’habileté de ses cadreurs – pour focaliser les caméras sur l’action seule et nous faire vibrer sur nos canapés pendant que les champions ne s’économiseront nullement sur leurs selles. Franchement, ne boudons pas notre plaisir, et profitons de ce spectacle qui va devenir une réalité, une réalité bien réelle donc, loin de cet ersatz de MotoGP virtuel orchestré à coups de consoles de jeux par la Dorna durant cette période de confinement. Perso, je n’ai absolument pas compris quel plaisir on pouvait prendre
– et quel intérêt il pouvait y avoir – à rester dans son canapé en regardant Rossi, Marquez et consorts enfoncés dans les leurs, manettes aux poings, mais pas vraiment au point, pour s’affronter par écrans interposés à coups de PS2...
La mâchoire m’en est tombée en même temps que ma télécommande, que j’ai vite ramassée pour zapper direct… Un champion, c’est spectaculaire quand il est dans son costume de champion, non ? Ma grandmère m’aurait dit qu’à défaut de grives, on mange des merles... Sauf que là, ce sont les plumes des merles qu’on nous a donné à manger. Et il paraît qu’ils ont fait pareil pour le Tourist Trophy, du TT de canapé avec ses pilotes phares mis au chômage technique cette année. Si même les irréductibles Anglais acceptent ça... Bon, heureusement, pour le MotoGP, la vie va reprendre son cours, et peu importe les protocoles délirants imposés en coulisses, sur la piste, nous allons retrouver l’essence de la compétition. Reste la question amusante : est-ce que Marquez et sa bande vont rouler avec un masque sous leur casque intégral ? Sous le casque ou même à côté d’ailleurs, en conférence de presse, dans le box, ou dans le paddock, ça risque d’être cocasse, comme un symbole de cette période d’hystérie collective traversée, que l’on demande à ces mecs qui vont rouler guidon contre guidon, carénage contre carénage, parfois à plus de 350 km/h, et de toute façon toujours trop vite que ce qu’un squelette est capable d’encaisser, de porter un masque pour se protéger d’un virus qui, dans l’absolu, ne risque pas de faire bien mal aux jeunes champions surentraînés qu’ils sont. Oui, mais voilà, s’il y avait un problème, la Dorna pourrait se faire accuser de n’avoir rien fait. Alors, à l’image des politiques exposés au risque, peu importe la nature et le degré de dangerosité, on opte pour le combo : ceinture, bretelle, parapluie, et… masque ! Allez, s’il faut supporter ça pour avoir la chance de revoir nos champions ferrailler là où on leur donnera le droit d’exercer en chair et en os leurs talents, on prend.