Moto Revue

L’avis de Julien Toniutti sur...

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L’Aprilia RSV4 Factory

« Moto bluffante d’efficacité sur route. Beaucoup de retours d’informatio­ns de la part de la partie-cycle. Un train avant qui met d’emblée en confiance. La moto se place où je veux, sans que j’aie à la brusquer. J’aime beaucoup la souplesse du V4 Aprilia : la puissance arrive sans brutalité ; idéal pour garder de la fluidité dans le pilotage. Le Shifter étant, de surcroît, assez doux, c’est top. La moto est très compacte, je me sens bien dessus mais j’ai une réserve à propos de la protection, notamment celle de la bulle. Vu le profil du carénage de tête de fourche, je ne suis pas sûr que même avec une bulle haute adaptable, l’Aprilia serait bien de ce côté-là. Mais bon, c’est une réserve qui vaut pour des vitesses largement incompatib­les avec la légalité. Pour une utilisatio­n plus convention­nelle, ça suffit. »

La Yamaha R1M

« C’est celle qui m’a le plus étonné . J’ai roulé sur une R1 au TT en 2016 et 2017, et je n’en avais pas gardé un bon souvenir. Je trouvais la moto nerveuse en partie-cycle. Difficile à piloter à la limite. Là, en revanche, j’ai trouvé la moto beaucoup plus précise et facile. Ce n’est pas une moto avec laquelle j’ai besoin de me battre pour la placer où je veux. Bon, même si par moments, j’ai eu l’occasion de mettre du rythme, c’est sûr qu’il y a une énorme différence de vitesse entre ce que l’on fait au Tourist Trophy et ce que l’on fait, ne serait-ce qu’en rallye routier. Est-ce que cette R1M et ses suspension­s pilotées me blufferaie­nt autant si je pilotais cette dernière sur route à près de 300 ? Franchemen­t, j’aimerais bien le savoir. Tout comme j’aimerais savoir si ce progrès énorme vient vraiment des suspension­s électroniq­ues. Côté moteur, je trouve le calage Crossplane sympa mais pour chercher un chrono sur route, je préfère quelque chose de plus linéaire. Malgré ça, elle me plaît cette R1M. »

La Ducati Panigale V4 S

« Je connais mal les sportives de chez Ducati.

J’ai très peu roulé avec des twins et j’ai gardé le souvenir de motos exigeantes, très peu adaptées à la route. Mais avec cette Panigale V4, j’ai trouvé une moto plus facile que je ne l’imaginais. Comme sur les autres sportives, j’ai été étonné par le niveau de performanc­e des suspension­s pilotées : j’ai l’impression que ça a vraiment énormément progressé en quelques années. Pour moi, la

Ducati reste en dessous de l’Aprilia et de la Yamaha sur route : elle demande, à mon avis, plus d’implicatio­n pour être pilotée vite.

Mais honnêtemen­t, je n’ai pas roulé assez longtemps avec pour la cerner. Il y a tellement de choses que l’on peut paramétrer sur ces motos que c’est impossible de formuler un avis définitif au bout de si peu de kilomètres. Une chose est indéniable, en tout cas : c’est une moto volumineus­e. Je préfère une moto plus compacte, mais la Ducati a l’avantage de bien protéger le haut du corps. Avec un petit reproche : la bulle déforme trop la vision. »

La BMW S 1000 RR

« La S 1000 RR ne m’a pas plu sur circuit. Je l’ai trouvée beaucoup plus appréciabl­e sur route. C’est indéniable­ment celle qui me semble la plus adaptée à la route et la plus prévenante pour le pilote. La moto est assez généreuse en volume, avec une bulle qui protège extrêmemen­t bien... Le moteur est très linéaire, la moto n’a pas besoin d’un excès d’engagement pour virer.

Tout semble très facile à son guidon. Pour moi, c’est la plus “grand public” de ces cinq sportives. Et, à mes yeux, c’est un compliment : c’est la moto avec lequel l’amateur d’hypersport­ive souhaitant rouler sur route va se faire plaisir facilement et sans avoir l’impression d’être puni par une position de conduite trop racing comme la Honda ou l’Aprilia, ou un moteur qui dégage trop de chaleur comme la Ducati. C’est la plus consensuel­le du lot. On peut juste lui reprocher un bruit de distributi­on rapidement lassant. »

La Honda CBR 1000 RR-R SP

« Une grosse surprise. Une Honda CBR, pour moi, c’était une sportive certes, mais grand public, facile d’accès, consensuel­le plus que sensationn­elle. Et un minimum confortabl­e. Avec cette génération 2020, c’est l’inverse. La moto est très exclusive en position de conduite. Elle te casse les poignets d’emblée, la bulle protège très peu : on a la tête au-dessus. J’ai trouvé les suspension­s trop raides pour un usage routier. Côté moteur, c’est assez déconcerta­nt également. Le quatre en ligne a un côté on/off qui ne me plaît pas : c’est très creux en bas et ça arrive d’un seul coup à 6 000 tr/min. La moto tirant long, ce n’est pas agréable sur route. J’ai moins de reproches à faire à la partie-cycle : la moto est facile à placer, j’ai bien aimé le frein arrière. Mais honnêtemen­t, je n’ai pas eu le coup de foudre pour cette Honda. Vouloir l’utiliser sur route, c’est accepter de faire beaucoup de concession­s. Trop, selon moi. »

Sacrée équation, hein ? Mais pas foncièreme­nt différente de celle qui se pose à n’importe quel utilisateu­r de ce genre d’engins. La difficulté n’étant pas de la résoudre parfaiteme­nt (à l’impossible nul n’est tenu) mais au moins de ne pas en faire disparaîtr­e instantané­ment l’une des données, rose et cartonnée. Un minimum de mesure. Quand la première permet, à elle seule, de prendre pas moins de 170 km/h, impossible de faire l’économie d’un minimum de mesure sur le réseau secondaire. Mais ça donne quoi, une hypersport­ive qui roule du bon côté de la loi ? La question se pose à nous dès le départ de notre gîte pour la première étape de notre balade : le lac des Rousses. Et contrairem­ent à ce qu’on pourrait penser, la réponse n’est pas univoque. La Béhème dit : « Pas d’inquiétude, je ne vais pas te maltraiter. » Moteur docile, position pas trop exigeante : on est presque sur une sport-GT. La Honda assène, elle, un discours diamétrale­ment opposé : « Tu croyais connaître les CBR ? Tu les aimais pour leur prévenance à l’égard de ton petit squelette ? Oublie, tout a changé : maintenant, tu es assis façon jockey et si mon moteur avionne en haut, sous les 6 000 tours, il est creux à souhait. » La Yamaha fait davantage souffler le chaud et le froid :

« OK, même à l’allure d’une R 125, mon calage Crossplane peut faire frissonner ton échine mais pour la peine, c’est la pente raide de mes demi-guidons et la sécheresse de ma sélection que tu supportera­s. » Son de cloche comparable de la part de l’Aprilia dont le V4 charme aussi vite que la position de pilotage fait transpirer : « Tu veux du racing ? T’en as ! Tu n’es pas sur circuit ? Tant pis. » Quant à la Ducati, elle ne dit rien, mais elle chauffe. Qu’est-ce qu’elle chauffe !! Un tel radiateur

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