Royal Enfield en Amérique du Sud et en Colombie
qui se passe. Je parviens tout de même à visiter les célèbres geysers del Tatio et vallée de la Lune à proximité. Je gagne à nouveau de l'altitude en direction de l'Argentine voisine et tout finit par rentrer dans l'ordre. Le folklore disparaît progressivement et l'arrivée à Salta marque le retour à un mode de vie plus développé. La mythique RN 40 qui parcourt le pays sur tout son long (soit plus de 5 000 km) me permet de progresser rapidement. La portion de piste qui mène à la région viticole de Cafayate est de toute beauté, tout comme les parcs naturels de Talampaya et d'Ischigualasto. Bien que cela soit obligatoire, je roule depuis près de 10 jours au Chili et en Argentine sans assurance moto. Malgré une quinzaine d'assureurs consultés, aucun n'accepte de prendre en charge les plaques étrangères... C'est finalement à Mendoza que j'obtiens mon sésame auprès de Meridional Seguros. La police d'assurance couvre l'ensemble du Mercosur (Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay et Brésil) sur 6 mois et pour moins de 10 euros. Je suis donc tranquille jusqu'à la fin du voyage et célèbre l'événement avec un bon asado à volonté
Royal Enfield est en pleine croissance partout dans le monde et l’Amérique du Sud ne fait pas exception ! La marque est présente dans chacun des pays traversés – sauf au Pérou –, où elle dispose de centres de services permettant d’assurer la maintenance durant le voyage.
La marque Royal Enfield est particulièrement bien implantée en Colombie avec 10 points de vente et 32 centres de services. Il existe une vraie communauté dans le pays avec 5 081 motos vendues en 5 ans à fin février 2020 dont 1 372 unités en 2019 et 54 % pour l’Himalayan.
(barbecue), si typique du pays. C'est sous le regard de l'Aconcagua, point le plus élevé du continent américain (6962 m) que je retourne au Chili. Les douanes sont particulièrement tatillonnes et m'interdisent d'entrer avec un pneu de rechange, pourtant neuf, car des bactéries pourraient s'y être logées (sic). Mes talents de comédien me permettront de passer avec mon précieux bout de gomme. À Santiago, l'ambiance est tendue. Un mouvement similaire à celui des « Gilets jaunes » a éclaté il y a quelques semaines.
Les vitrines des magasins et des banques sont soit cassées, soit barricadées, et une odeur de gaz lacrymogène envahit le centreville. Des manifestations et des affrontements ont lieu... Dans ce contexte, il me faut trouver un kit chaîne neuf avant de poursuivre ma route vers les contrées reculées de la Patagonie. La pièce n'est pas disponible au stock central et on me propose d'attendre 30 ou 40 jours qu'elle soit livrée... Impossible pour moi ! Je décide de faire le tour des centres de services Royal Enfield de la capitale et finis miraculeusement par dénicher sans doute le seul kit chaîne du pays. Ouf ! Je ne m'éternise pas et après un détour par la très colorée et également agitée Valparaiso, je mets le cap sur la région des lacs. En 800 km, le paysage change totalement. L'environnement devient très vert et paisible. Je m'autorise même à faire du camping sauvage. C'est ici le territoire des indiens Mapuches. La traversée du Parque Nacional Conguillío est une pure merveille avec sa piste qui serpente entre des lagunes, tantôt
et il pleut des cordes. Difficile de profiter de la vue sur les sommets et les glaciers qui m'entourent... Je passe 50 % de la journée à rouler et 50 % à sécher mes affaires.
Les premiers voyageurs à moto occidentaux font leur apparition. Après plus de 20 000 km, je profite d'une étape dans la dernière grosse localité de Coyahique pour faire changer mon kit chaîne dans le dernier garage moto avant plusieurs milliers de kilomètres.
Sur les traces du Che
De retour sur la RN 40 côté argentin, la pluie s'estompe mais le vent se lève et souffle fort. Je dois conduire penché et me méfie des bourrasques qui font ripper la moto sur le gravier. La consommation d'ordinaire très basse (3,2 litres/100 km) double ! Avec les moyens du bord, je m'équipe comme en hiver avec un coupe-vent supplémentaire sous ma veste et un bonnet sous le casque... Le paysage est monotone et les habitants rares. Les haciendas (grosses fermes) ont remplacé les villes sur la carte. Par sécurité, je fais le plein à chaque station essence. L'itinéraire est toutefois ponctué de petits bijoux comme Chaltén (Argentine) et Torres del Paine (Chili), où j'abandonne la moto pour me dégourdir les jambes sur les chemins de randonnées en montagne, et observer le monumental glacier Perito Moreno (Argentine). Après une traversée du détroit de Magellan en ferry et plus de 23 000 km, j'arrive enfin à Ushuaia : le bout du monde ! Je suis accueilli par les organisateurs de la concentration « Fin del mundo » qui a eu lieu fin novembre. Sur place, rien d'exceptionnel, mais un sentiment d'accomplissement unique se lit, malgré le froid, sur les visages de chaque motard. En ce qui me concerne, ce n'est pas encore le moment car l'aventure continue : j'ai prévu de revenir en Colombie par le côté est du continent sudaméricain. J'avale les kilomètres pour quitter au plus vite ce climat hostile. 800 km par jour en Himalayan à 80-90 km/h de moyenne : c'est possible... même si j'avoue que ça fatigue. Je découvre la faune très riche de la péninsule
Valdès avec ses éléphants et lions de mer, baleines et manchots avant de faire un crochet par la région des lacs côté argentin. Entre Bariloche et San Martin de los Andes, sur la route des 7 lacs, je roule sur les traces d'Ernesto Guevara (le «Che») et d'Alberto Granado qui, au guidon d'une Norton 500, ont effectué un long périple en Amérique du Sud en 1952 (histoire racontée dans le film Carnets de voyage sorti en 2004). La traversée « abrutissante » de la Pampa me mène enfin à Buenos Aires, où je renoue avec un tourisme moins nature et plus urbain.
Un bruit inquiétant
J'en profite pour faire une révision générale de la moto et changer enfin le filtre à huile totalisant 10 000 km, au lieu des 5 000 km recommandés, faute d'en avoir trouvé un plus tôt. Mon périple se poursuit le long de la côte uruguayenne où je fais une escale agréable dans le charmant hameau hippie de Cabo Polonio. À l'intérieur des terres, la culture « Gaucho » est tout aussi présente qu'en Argentine et je croise régulièrement des cavaliers coiffés de leur traditionnel béret.