Moto Revue

Moto Guzzi V85 TT Travel

- Par Trac. Photos Bruno Sellier.

On aurait même pu écrire : des voyages enchantés... Rapport à la propension de ce trail Moto Guzzi à renouveler le plaisir à chaque fois que l’on parcourt des kilomètres à son guidon. C’était déjà vrai avec la V85 TT, ça l’est davantage avec cette Travel qui embarque des équipement­s pensés pour voyager. On vous emmène en balade?

Quels risques pouvait bien prendre Moto Guzzi avec cette version Travel ? Sachant que la V85 TT a su convaincre l’essentiel de ceux qui l’ont essayée, dont la presse spécialisé­e, forcément pas beaucoup. Et tant mieux pour la firme italienne, qui cherchait une moto référence depuis quelques années maintenant. Commercial­ement, pour une marque qui ne dispose pas d’un réseau de revendeurs aussi développé que celui des enseignes japonaises, le succès est au rendez-vous, avec près de 750 unités écoulées l’an passé. Logique donc, de surfer sur la vague en exploitant une plate-forme commune qui permet de décliner son modèle TT en une version Travel up gradée car bénéfician­t d’équipement­s supplément­aires (bulle haute, selle confort, poignées chauffante­s, module Bluetooth®, valises latérales, pneus mixtes). Et dans les faits, ça donne quoi ? Eh bien du bon, du tout bon. On le constate dès l’installati­on derrière des commandes qui sont à la fois flatteuses pour la rétine et ergonomiqu­es pour la posture. Pour faire simple, on monte dessus et on se sent bien. Les commodos sont jolis, faciles à utiliser, avec une familiaris­ation express pour ce qui est de la navigation dans les menus (simples aussi les menus avec juste trois modes de conduite : pluie, route et off-road). Seul le dessin de l’arête des commodos est un peu trop saillant et il arrive parfois que le doigt, suite à une impulsion, dérape et ne valide pas l’action souhaitée. L’arête desdits commodos aurait méritée d’être plus large pour une bonne préemption avec les gants, parce que oui, on conduit une moto avec des gants, pas à mains nues, et peut-être que ça, les Italiens l’ont oublié.

Mais bon, franchemen­t, rien de rédhibitoi­re là-dedans, et on apprécie le gaufrage des poignées, le dessin du guidon au diamètre variable, son cintre, et la qualité de son traitement qui renforce l’impression de sérieux de cette moto. Installé à l’arrêt, on adopte une position naturelle, tout tombe facilement sous les mains, les pieds, et le regard ! Même la bulle haute de cette version Travel n’entrave pas la vision. Et cette sensation se confirme dès qu’on roule : tout est naturel, facile, un peu à la manière de ce que nous avions ressenti au premier contact de la Suzuki 1050 V-Strom, bien que cette dernière soit plus performant­e. Et c’est justement par sa capacité à ne pas nous perturber du tout que cette Travel nous surprend car avouons-le, ça, la marque ne nous avait pas franchemen­t habitués à ça...

Pas de couple de renverseme­nt renversant (sic), mais au contraire beaucoup de prévenance. Comme par exemple ce ressenti dans la poignée d’embrayage, qui s’avère incroyable­ment souple pour un élément à câble. La boîte, précise, aurait peut-être mérité un peu plus de douceur au moment de la sélection des rapports, mais l’embrayage ouaté compense cet aspect.

Efficacité « al dente » entre 4000 et 6000 tr/min

Si on osait, on demanderai­t un Shifter pour passer les vitesses sans couper les gaz, non pour la performanc­e – qui n’a pas grand intérêt ici –, mais pour l’agrément et le confort d’utilisatio­n que cela procure. Ça permettrai­t une utilisatio­n optimale du moteur, moteur qui, à défaut de se montrer très démonstrat­if, est d’une grande souplesse. Il m’est arrivé à la traversée de villages de rester sur le troisième rapport à 1 000 tr/min sans risquer de caler, avec un bicylindre qui, lorsque vous coupez les gaz, se met sur un régime mini, comme une sorte d’impulsion automatiqu­e qui lui permet de rester en lisière de phase d’efficacité. Vraiment appréciabl­e, cette souplesse pour un bicylindre. Quant à son utilisatio­n optimum, si la mécanique se montre assez paresseuse avant 4 000 tr/min, c’est entre 4 000 et 6 000 tr/min qu’elle devient sympa. Après 6 000 tr/min, il ne sert à rien de s’acharner. L’efficacité

« al dente », on la trouve durant cette phase de 2 000 tr/min. Si on s’arrache, le trail routier italien peut accrocher un solide 180 km/h,

même si le tableau de bord risque de s’allumer pour signifier que l’on s’approche de la zone rouge. De toute façon, nul besoin d’être si haut en régime pour apprécier la bande-son, parce que oui, même avant cela, bien avant cela, la sonorité est vraiment sympa. Ce son rauque, caverneux, sans être trop exubérant, est bien présent à bord. Il faut d’ailleurs parfois s’en méfier : il trompe bien son monde en laissant penser que la réserve de puissance disponible est intarissab­le... Ce n’est évidemment pas le cas. Au contraire, il faut souvent rétrograde­r pour donner à ce bicylindre le supplément de peps qui lui permettra de doubler vite. Cette sensation acoustique masque donc un déficit de réserve de puissance. Pas de quoi en faire tout un foin non plus, juste de quoi bousculer un peu nos habitudes. Ici, il faut savoir tomber un rapport pour doubler vite et bien. Une simple pichenette et zou, pas de sueur froide. Côté partie-cycle, rien à redire. Le freinage se montre excellent, et s’il ne propose pas un mordant de fou, il est puissant, dosable et surtout, régulier.

Plus on tire sur le levier, et plus ça freine. C’est une approche cohérente, en phase avec la philosophi­e de cette moto qui n’est pas une sportive, mais un trail équilibré. Aucun problème en termes de feeling ou d’efficacité. En parlant d’efficacité, on apprécie que l’ABS arrière soit déconnecta­ble en mode off-road. Les suspension­s travaillen­t avec efficacité, offrant un mix entre confort et performanc­e. Un peu bousculée – et elle aime bien ça –, la V85 TT Travel accepte de rentrer sur les freins en virage sans dévier de sa trajectoir­e, de prendre le frein en virage sans se relever et de gommer les irrégulari­tés rencontrée­s, que ce soit des nids-de-poule, des dos-d’âne, etc. Elle encaisse aussi les appuis sur la fourche quand on la pilote plus qu’on ne la conduit, et pendant ce temps, l’arrière motrice sans broncher, avec une telle efficacité que sous le casque, c’est une large banane qui nous barre le visage. Vraiment, on ne peut que louer l’harmonie dans le travail des suspension­s : ni trop molles, ni trop sèches. En fait, cette Travel est confortabl­e quelle que soit l’action entreprise. À l’aise à l’attaque comme en balade, elle s’appuie sur des choix cohérents qui offrent une vie à bord réussie. Pas d’arêtes qui viennent gêner, une selle moelleuse...

Bon, OK, après deux heures, on commence à ressentir la selle, mais quelles sont les motos qui, passé ce laps de temps, n’en font pas de même ? Très peu. Très, très peu... Et puis dans la même veine, et pour pousser toujours un peu plus loin son voyage, on ne ressent pas de vibrations dans le moteur, pas de picotement­s dans les doigts, rien dans les pieds. Et avec son équipement en bagagerie qui permet d’emporter pas mal d’affaires

(sans rien sacrifier à la stabilité de l’équipage), ou cette bulle haute qui soulage les cervicales sans entraver le champ de vision, on peut partir loin à son guidon. Bon, si votre route croise des chemins, il faudra les choisir secs et pas trop techniques. À cette condition, la V85 TT Travel les empruntera sans problème. Un trail taillé pour l’aventure, mais une aventure entreprise sur chemins largement carrossabl­es.

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Si la lecture de la vitesse, du rapport engagé et du régime moteur s’apprécient au premier coup d’oeil sur cette tablette, les plus petites informatio­ns sont plus difficiles à appréhende­r, la faute aussi à une couleur bleue, jolie certes, mais qui manque de contraste. 2 La bulle haute de série sur la Travel protège sans gêner la vision, ni entraîner de flux d’air parasite. 3 On ne se perd pas dans le maniement de ces commodos, seule l’arête de sélection est un peu étroite. 4 Freinage radial dosable et efficace, fourche confortabl­e et précise : le train avant offre une belle lecture à cette moto. Un casque trouve sa place dans la valise droite, pas dans la gauche en raison du silencieux d’échappemen­t qui grignote de l’espace.
1 Si la lecture de la vitesse, du rapport engagé et du régime moteur s’apprécient au premier coup d’oeil sur cette tablette, les plus petites informatio­ns sont plus difficiles à appréhende­r, la faute aussi à une couleur bleue, jolie certes, mais qui manque de contraste. 2 La bulle haute de série sur la Travel protège sans gêner la vision, ni entraîner de flux d’air parasite. 3 On ne se perd pas dans le maniement de ces commodos, seule l’arête de sélection est un peu étroite. 4 Freinage radial dosable et efficace, fourche confortabl­e et précise : le train avant offre une belle lecture à cette moto. Un casque trouve sa place dans la valise droite, pas dans la gauche en raison du silencieux d’échappemen­t qui grignote de l’espace.
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 ??  ?? Moto Guzzi V85 TT Travel / 13 049 € Ă 180 km/h • 80 ch – 8,2 mkg • 242 kg tous pleins faits* *données constructe­ur - Disponibil­ité immédiate
Moto Guzzi V85 TT Travel / 13 049 € Ă 180 km/h • 80 ch – 8,2 mkg • 242 kg tous pleins faits* *données constructe­ur - Disponibil­ité immédiate
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1 La selle offre une assise confortabl­e, et sans passager, les poignées et autres tubulures permettron­t de sangler un peu plus de charge utile. 2 Les feux additionne­ls augmentent la visibilité de nuit. 3 La transmissi­on se fait par cardan, un plus en termes d’entretien. 4 Le bicylindre italien est un modèle de souplesse, et sans être un foudre de guerre, il se montre aussi efficace qu’agréable à vivre. Comme à entendre.
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