Moto Revue

Erreurs et courage

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« Avec treize courses en dix-huit semaines, la moindre erreur pourrait coûter cher », prévenait Marc Marquez à l’entame du premier week-end de course de la saison. Il était alors loin de se douter de ce qu’il allait devoir endurer. Pourtant favori après avoir réalisé des essais impression­nants, l’Espagnol n’a pas vu l’arrivée de la première course de la saison. Pire, il a quitté le circuit en grimaçant, allongé sur une civière, après une sortie de piste spectacula­ire dans le virage numéro trois, ce long gauche dans lequel, en 1999, Mick Doohan avait conclu sa carrière, meurtri par de multiples fractures. Seize tours plus tôt, le pilote Honda avait déjà frôlé le pire dans ce même virage. il avait alors sauvé les meubles, comme lui seul sait le faire, en s’offrant une séance de rodéo dans le bac à gravier avant de reprendre la piste en seizième position, loin derrière Maverick Viñales et Fabio Quartararo. Comme à son habitude, il s’était alors lancé dans l’une de ces remontées qu’il affectionn­e pour revenir sur les talons de Viñales, qu’il s’apprêtait à doubler lorsqu’il a perdu le contrôle de sa moto à cinq tours de l’arrivée. Un manque de lucidité qu’Eugenio Lizama explique par la longue coupure que les pilotes ont subie avec le confinemen­t dû à la crise du coronaviru­s. Ce neuropsych­ologue bien connu dans le football italien travaille depuis quelques années avec Andrea Dovizioso. « La longue période de confinemen­t et l’impossibil­ité de pouvoir exercer l’activité pour laquelle ils sont programmés ont généré des changement­s biologique­s chez les pilotes, explique le Chilien. Cela peut se manifester par des épisodes d’anxiété, une perte de lucidité et donc des accidents et des blessures. » La liste de ceux qui ont rejoint l’infirmerie durant ce premier week-end de course en atteste. Alex Rins a dû déclarer forfait après s’être fracturé la tête de l’humérus du bras droit, tout comme Cal Crutchlow qui s’est cassé un scaphoïde. Ces deux pilotes ont toutefois réussi à prendre le départ de la deuxième course organisée à Jerez, ce qui n’a pas été le cas de Marc Marquez. L’Espagnol a pourtant essayé de rouler, trois jours après s’être fait poser une plaque et quelques vis en titane sur l’humérus de son bras droit. Pour cela, il a obtenu le feu vert d’Angel Charté, le directeur médical du MotoGP, Giancarlo Di Fillipo, le médecin de la FIM et Houssam El Mahmoudi, le responsabl­e du centre médical du circuit de Jerez. « Cela me semble dingue qu’on lui ait donné le feu vert, reprend de Puniet. Rouler avec une cheville cassée est une chose, mais l’humérus, surtout du bras droit… En MotoGP, la pression au freinage sur le haut du corps n’a rien à voir avec celle des appuis des membres inférieurs. » C’est en réalisant une quarantain­e de pompes que le pilote Honda a été autorisé à reprendre la piste. Ce qu’il a fait samedi après avoir choisi de s’économiser vendredi. Dix-huit tours le matin et dix de plus l’après-midi l’ont convaincu qu’il valait mieux reporter son retour à la compétitio­n. « Bien que n’ayant pas roulé vendredi, j’ai tout de suite retrouvé mes marques pour tourner à une seconde des meilleurs temps, expliquait-il après avoir annoncé son forfait. Je n’éprouvais pas trop de douleurs... Mais l’après-midi, en FP4, après mon premier run, quelque chose a brutalemen­t changé. Mon bras s’est mis à gonfler, une forte inflammati­on s’est installée... J’ai perdu de la force et compris que je ne pourrai pas faire la course. Le deal avec Honda était clair : “Vous me laissez essayer de rouler samedi.

Si ça ne va pas je ne triche pas, on en reste là.” Je vais maintenant essayer de récupérer pour être au mieux dans deux semaines à Brno. » C’est la première fois depuis ses débuts en MotoGP que Marquez a dû renoncer à prendre le départ d’un Grand Prix.

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