Marché moto « LES DIFFICULTÉS SONT DEVANT NOUS »
Les ventes de motos sont reparties dare-dare après le déconfinement de mai. Mais quatre mois après, l’embellie est-elle toujours de mise ? Jean-Luc Mars, président de la branche deux-roues de la CSIAM (la Chambre syndicale des importateurs d’automobiles et de motocycles), nous donne son avis sur la question. Jean-Luc, à quel niveau se situe le marché moto hexagonal en ce début d’automne ?
Le marché va relativement bien. On a eu un bon été et, même s’ils révèlent un tassement, les chiffres de septembre sont encourageants eux aussi : actuellement, on est à peu près à - 5 % par rapport aux chiffres de 2019, qui a été une très belle année. Dès lors, on peut espérer finir à 0 en fin d’année. Ce sera une consolation. Mais ne nous voilons pas la face : nous n’avons pas rattrapé l’intégralité des
40 000 ventes que nous aurions pu faire pendant la période de confinement. Sans le Covid-19 et ses conséquences, l’année 2020 aurait probablement été exceptionnelle pour le marché français.
Il ne faut pas oublier qu’avant mars, nous étions sur une croissance de l’ordre de 25 %.
Lorsque nous avions discuté à ce propos au cours de l’été, tu ne cachais pas tes craintes pour l’avenir. Tu restes pessimiste, malgré ces chiffres relativement rassurants ?
Oui. Je pense toujours que l’économie française va souffrir durablement et avec elle, le marché moto. La question, c’est : quand. Ce ne sera peut-être pas forcément pour cet automne, ni même pour cet hiver : les livraisons ont pris souvent du retard et il y a un décalage dans le temps. Mais je pense que le marché moto français va subir tôt ou tard.
Tu échanges régulièrement avec tes homologues européens. Comment se porte le marché de la moto neuve, dans les pays qui nous entourent ?
Les marchés européens présentent des profils similaires au nôtre sur les 6 derniers mois : tous se sont révélés euphoriques en sortie de confinement. La moto procure un sentiment de liberté en même temps qu’elle permet de s’affranchir des transports en commun et des risques sanitaires qui les accompagnent. On peut penser que c’est ce qui a motivé les gens à revenir rapidement dans les concessions.
Tu regrettais l’absence de support de la part des pouvoirs publics.Y a-t-il une évolution à espérer de ce côté-là ?
Non, mais je ne le regrette plus. Sans aucun soutien, nous avons bien remonté la pente et nous ne sommes pas en position actuellement de demander de l’aide. De toute façon, ces aides auraient suscité des contreparties de la part des constructeurs, qui auraient été probablement disproportionnées. Au moins avons-nous, pour l’instant, réussi à sortir de l’écueil de cette crise, sans vendre notre âme au diable.