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Le SERT a fêté son seizième titre mondial à Estoril, au Portugal
Même s’il partait avec une bonne longueur d’avance, le SERT était loin d’avoir le titre en poche en débarquant au Portugal pour la dernière épreuve du championnat du monde d’endurance. Le YART s’est imposé, mais les pilotes de Damien Saulnier ont assuré l’essentiel en passant sous le drapeau à damier en quatrième position.
Logiquement, la finale du championnat du monde 2019/2020 aurait dû prendre place sur le circuit Paul-Ricard. Mais le Covid-19 est malheureusement passé par là. Comme elle avait contraint les organisateurs des 8 Heures d’Oschersleben et ceux des 8 Heures de Suzuka à renoncer à leur épreuve, la crise sanitaire a eu raison des ambitions du promoteur du Bol d’Or, qui ne pouvait supporter le coût d’une épreuve à huis clos. Pour sauver sa saison, l’EWC a donc trouvé refuge au Portugal, terre de Jorge Viegas, le président de la FIM. Théâtre de ces inédites 12 Heures d’Estoril, le circuit éponyme avait déjà accueilli deux épreuves d’endurance : les 1 000 km d’Estoril en 1997 et les 8 Heures d’Estoril en 2000. Deux courses remportées par le SERT de Dominique Méliand. Successeur du créateur de l’équipe Suzuki, Damien Saulnier refusait à son arrivée sur le tracé portugais d’y voir un heureux présage. Bien que leader du championnat, le SERT était en effet loin d’avoir le titre en poche à la veille de cette finale inédite. Trois équipes pouvaient mathématiquement profiter d’une éventuelle défaillance de la Suzuki numéro 2 pour décrocher cette couronne tant convoitée : le team F.C.C. TSR Honda France, le YART de Mandy Kainz et la BMW numéro 37 de la structure Motorrad World Endurance. Pour ces trois équipes, il n’y avait d’autre calcul à faire que d’aller chercher la victoire, en espérant un faux pas du trio Gregg Black, Étienne Masson et Xavier Siméon. « Nous avons pour consigne de finir la course en étant suffisamment bien placés pour assurer le titre, confiait le pilote belge à quelques minutes du départ.
Pas question pour nous d’essayer de jouer la victoire. » D’autant qu’aujourd’hui, en termes de performances, la Suzuki du SERT évolue clairement un ton en dessous de la Yamaha et de la Honda. « La force de Suzuki, c’est la régularité, soulignait au même moment Freddy Foray, l’un des trois pilotes de la Honda numéro 5. Pour nous, gagner ne serait pas suffisant. Le SERT a suffisamment de points d’avance pour se contenter d’une place dans le Top 6. À moins d’un grave problème moteur, je ne vois pas comment il pourrait laisser échapper ce titre. La Suzuki est toujours là : même quand elle chute, elle repart à chaque fois. » Freddy ne le sait pas encore, mais
l’histoire va lui donner raison. Tandis que le YART et le F.C.C. TSR Honda France se lancent dans un bras de fer sur un rythme endiablé, et que le BMW Motorrad World Endurance grille sa dernière cartouche en partant trop vite à la faute, le SERT s’installe tranquillement dans sa course avec la troisième marche du podium en point de mire. La suite sera sans encombre, ou presque. À cause de deux petits arrêts au stand pour régler des soucis d’axe et de tringlerie de sélection, les pilotes de la Suzuki termineront finalement la course au pied du podium. Mais l’essentiel est assuré, avec un seizième titre mondial inscrit au palmarès de l’équipe sarthoise.
Ému aux larmes, Damien Saulnier peine à réaliser. Lui qui a repris il y a un an la direction du SERT, le voilà couronné dès sa première saison dans le costume du patron. « C’est juste magique, lâche-t-il en montant sur le podium. L’an dernier, le SERT l’avait raté à Suzuka. J’avais vraiment à coeur de décrocher un seizième titre pour Dominique. Même si cette saison a été particulière pour les raisons que l’on sait, ça restera une très belle aventure. L’équipe a été au top, les pilotes ont fait du super boulot… Ce projet est magnifique et je suis vraiment heureux d’être à sa tête. » Bien qu’ayant compris depuis un moment que ce titre allait leur échapper, le YART et l’équipe F.C.C. TSR Honda France n’en ont pas moins fait le maximum pour aller chercher la dernière victoire de la saison. À ce petit jeu, la Yamaha s’est montrée supérieure, notamment aux mains de Marvin Fritz qui a fait un festival en fin de course. Malgré un départ raté, l’Allemand a en effet enchaîné les tours sur un rythme que personne n’a pu égaler. Ainsi, malgré deux repose-pieds cassés par un Karel Hanika un peu trop tenté d’aller flirter avec les
vibreurs, la R1 numéro 7 s’est finalement imposée avec vingt secondes d’avance sur la Honda numéro 2. L’équipe de Masakazu Fujii aurait peut-être pu devancer celle de Mandy Kainz en se montrant un peu plus efficace sur les ravitaillements, et notamment les changements de plaquettes qui ont parfois posé problème à son préposé. Mais comme l’a reconnu Josh Hook, « Fritz était vraiment sur un nuage sur ce circuit d’Estoril ». Si tout va bien, tout ce petit monde se retrouvera en avril prochain pour le lancement d’une nouvelle saison sur le circuit du Mans.