Moto Revue

Voilà déjà sept ans que le roadster vedette de Yamaha regarde la concurrenc­e du haut de son piédestal de best-seller. Ce qui ne l’empêche pas de bénéficier d’une vraie refonte pour 2021, qui coïncide avec l’arrivée de la norme Euro 5

- Par Christophe Le Mao. Photos DR.

Depuis 2014, Yamaha vit sur un petit nuage grâce à la MT-07. Le roadster préféré des motards français n’a jamais été freiné dans sa quête du succès. Après un léger lifting en 2018, ce véritable best-seller reçoit une première vraie refonte en 2021, conjointem­ent à l’arrivée de la norme Euro 5. Un lifting assumé pour poursuivre sur sa lancée. Facile ?

Selon vous, quelle opération serait la plus délicate : concevoir une hypersport­ive capable de remporter le championna­t du monde de Superbike ? Élaborer un gros trail aussi à l'aise en ville, sur autoroute, que dans les chemins ? Concevoir un roadster populaire capable de perpétuer son succès dans le temps ? Toutes ces missions s'avèrent très complexes, mais Yamaha peut déjà se targuer d'avoir réussi son pari avec la MT-07. À sa sortie en 2014, ça n'était pourtant pas gagné. Sur les réseaux sociaux, ou sur le forum de Moto-Station pour notre partie digitale par exemple, elle a essuyé un nombre record de critiques : « Elle n'est pas finie, les designers ont craqué... », « Mettre le neiman ici n'a aucun sens... », « Je l'attendais, je suis tellement déçu ! », pouvait-on lire dès la publicatio­n des premières photos. La suite ? Vous la connaissez comme nous. La Yamaha MT-07 a rapidement pris la tête des ventes des plus de 125 cm3 en France, et ne l'a plus jamais lâchée depuis. Un succès qui s'est même transformé en une domination sans partage depuis 2018. Si le constructe­ur généralist­e nippon peut être fier de ce succès, il sait aussi combien l'exercice est périlleux au moment de faire évoluer son best-seller (une moto Yamaha sur cinq vendues en Europe est une MT-07). Si, en 2018, l'opération de chirurgie esthétique ne s'était résumée qu'à une infiltrati­on de collagène, le lifting de 2021 se montre bien plus conséquent. Et déjà, sur la Toile, l'esthétique de la nouvelle Yamaha MT-07 subit de sérieuses critiques. Pour autant, reconnaiss­ons-le, le travail du designer en charge du projet n'est pas évident : s'il ne change pas assez la ligne, il est accusé d'attentisme et s'il va trop loin, eh bien il va trop loin... Nous vous laissons donc juger du look de la nouvelle Yamaha MT-07 pour nous concentrer sur son évolution. Au-delà de son design, la présentati­on progresse un peu. Le réservoir monobloc adopte des nouvelles entrées d'air plus agressives. Les câbles logés au plus près de la colonne de direction sont désormais mieux alignés grâce à de nouveaux colliers. Les rétroviseu­rs et les leviers, de couleur noire, proviennen­t de la MT-09. Les carters moteur, jusqu'alors de couleur bronze, sont également noirs et le moteur apparaît moins volumineux. Le noir, ça affine, c'est bien connu. Un grief parmi ces petites touches heureuses ? La platine latérale d'habillage, juste au-dessus des platines de repose-pieds pilote, abandonne un bel alliage pour du plastique (toutefois bien fini). C'est dommage, mais Yamaha nous a rapporté que ce changement de matériau devrait se montrer moins sensible aux frottement­s des bottes. Rapidement, l'attention se porte sur le collecteur d'échappemen­t, identique à celui de la Tracer 700 modèle 2020 qui a initié le réglage Euro 5 du bloc moteur CP2. On y retrouve un catalyseur qui engendre une boursouflu­re sur le collecteur et une sonde Lambda. La plaque qui recouvre le tout tente de dissimuler cet aménagemen­t. La ligne d'échappemen­t conserve des soudures très apparentes. Le phare, inédit, adopte la technologi­e à Leds et des feux de jour.

Cet élément a le mérite de permettre d'identifier la MT-07 au premier appel de phare.

Le look change, le reste moins

Côté ergonomie, peu de changement­s. Le guidon s'élargit de 32 mm et prend un chouïa de hauteur. Difficile de constater une réelle différence. Le reste ne change pas. L'assise située à 805 mm et relativeme­nt étroite apporte de la sécurité lors des arrêts pour les pilotes d'1,60 m et plus. La position est toujours naturelle, avec un triangle repose-pieds/selle/guidon qui confère un excellent contrôle et zéro contrainte ou quasi. Au passage, elle a pris 1 kg pour atteindre 184 kg tous pleins faits selon la marque. Et seulement 2 kilos depuis

2014. Dès le démarrage, le bicylindre en ligne entonne un chant qui semble tout à fait semblable à celui du millésime précédent.

Euro 5 ne l'aura pas muselée. Tant mieux. La prise en main est donc une formalité, avec un équilibre à basse vitesse immédiatem­ent appréciabl­e. Ce n'est sans doute pas pour rien qu'elle est si souvent adoptée par les centres de formation à la conduite moto. Et cette légèreté affichée sur la balance et ressentie au guidon reste l'un de ses atouts principaux. Ville ou petites routes, épingles ou rond-point, la MT-07 se place et se replace avec une agilité remarquabl­e. Une 700 qui se balance comme une 500 en somme. Ça n'a pas changé et c'est heureux. En revanche, le comporteme­nt général n'a pas non plus été modifié. Plutôt souple de suspension­s

Yamaha MT-07 / à partir de 7 299 € 73,4 ch* – 6,8 mkg* • 184 kg tous pleins faits* *données constructe­ur

(peu freinée en hydrauliqu­e), la MT-07 reste saine dans 85 % des cas. Cela se traduit par une sensation de confort en ville par exemple, mais au passage du premier nid-de-poule, l'enfoncemen­t rapide des éléments Kayaba vous rappellera à l'ordre. En outre, si votre conduite sportive se traduit par des freinages de trappeur, vous risquez de trouver la MT-07 un poil imprécise... Mais, soyons honnêtes, ça n'arrive pas souvent. Ce roadster est agréable, sûr et suffisamme­nt précis pour la grande majorité des utilisateu­rs. En 2021, le freinage accueille des disques plus grands. Elle freine donc un peu mieux, malgré une sensibilit­é (raideur) lors des freinages sur l'angle.

Les nouveaux Michelin Road 5 s'invitent en première monte et le grip est nickel.

Une touchette sur le levier d'embrayage accompagné­e d'un gentil coup de gaz et la MT-07 se dresse toute seule. La lévitation de la roue avant, avec tant de facilité, reste indéniable­ment l'un des plus agréables mystères de cette machine... L'associatio­n du moteur CP2 gorgé de couple, de la partie-cycle légère et de la géométrie de roadster apporte des réponses à cette énigme. Ce moteur est indéniable­ment le point fort de la moto. Souple, coupleux et largement disponible dès les mi-régimes, il propose une belle traction à chaque accélérati­on.

Ce bicylindre se rapproche des 700 cm3 et à la conduite, on lui accorderai­t même un peu plus que cela. Comme tout twin, il préfère être piloté sur le second tiers du comptetour­s, là ou ça craque, ça tire, ça chante...

Le twin CP2 reste pétillant malgré Euro5

La norme Euro 5, là encore, ne l'a pas dégradé hormis de quelques poussières de valeurs sur la fiche technique. Ça ne se sent pas du tout. Yamaha annonce une consommati­on encore en recul, déjà qu'elle était tout à fait raisonnabl­e en usage normal. Il est facile de descendre sous les 5 litres/100 km avec ce moteur... La nouvelle Yamaha MT-07 fait-elle donc tout mieux qu'en 2020 ?

Non, pas vraiment, elle conserve ses fondamenta­ux que sont la légèreté (sur la balance comme à la conduite), un moteur plein d'agrément et de vitalité, une aisance de conduite de tous les instants et un

« bon confort » pour le pilote surtout. Pour le passager, c'est plus compliqué. Voilà, une moto qui paraît facile et qui apporte des plaisirs simples, des plaisirs vrais, à une époque où l'on cherche à nous sur-vendre des assistance­s venues du MotoGP et des applicatio­ns façon « Apple addict ».

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 ??  ?? 1 Le tableau de bord voit sa couleur de fond changer pour en améliorer la lisibilité. Il reste inchangé en ce qui concerne les informatio­ns indiquées, avec l’indicateur de rapport engagé bien visible et une jauge à essence précise. 2 Michelin équipe de nouveau la Yamaha MT-07 en 2021 avec le nouveau Road 5.
Une monte qui lui va très bien, lui accordant de l’agilité (comme souvent chez Michelin) et une bonne adhérence en général. Sur le sec, les épaules au profil slick rassurent. 3 Les disques de frein affichent un diamètre en augmentati­on en atteignant les 298 mm. Le freinage se veut renforcé, même si la MT-07 n’était pas mauvaise dans ce domaine. Mais un peu de puissance de ralentisse­ment est toujours bonne à prendre.
4 Le réservoir, en fait la partie plastique d’habillage qui recouvre le vrai réservoir en métal, est désormais moulé d’une pièce et intègre de nouvelles entrées d’air. Ces dernières ne sont là que pour parfaire le design car elles n’alimentent pas la boîte à air.
1 Le tableau de bord voit sa couleur de fond changer pour en améliorer la lisibilité. Il reste inchangé en ce qui concerne les informatio­ns indiquées, avec l’indicateur de rapport engagé bien visible et une jauge à essence précise. 2 Michelin équipe de nouveau la Yamaha MT-07 en 2021 avec le nouveau Road 5. Une monte qui lui va très bien, lui accordant de l’agilité (comme souvent chez Michelin) et une bonne adhérence en général. Sur le sec, les épaules au profil slick rassurent. 3 Les disques de frein affichent un diamètre en augmentati­on en atteignant les 298 mm. Le freinage se veut renforcé, même si la MT-07 n’était pas mauvaise dans ce domaine. Mais un peu de puissance de ralentisse­ment est toujours bonne à prendre. 4 Le réservoir, en fait la partie plastique d’habillage qui recouvre le vrai réservoir en métal, est désormais moulé d’une pièce et intègre de nouvelles entrées d’air. Ces dernières ne sont là que pour parfaire le design car elles n’alimentent pas la boîte à air.
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