Moto Revue

Quand les maxi-trails font le maximum, ça élève carrément

Sous la classe des maxi-trails à 20 000 € et plus, on s’organise… La preuve avec quatre machines qui poussent à réévaluer les standards, proposant un niveau d’équipement parfois record. Le compromis idéal ?

- Par Bertrand Gold. Photos Bruno Sellier.

le niveau de ce secteur. La preuve avec ce quatuor de feu : Ducati Multistrad­a 950 S, Kawasaki Versys 1000 S, Suzuki V-Strom 1050 XT et Triumph Tiger 900 GT Pro

Ducati Multistrad­a 950 S / Kawasaki Versys 1000 S Suzuki V-Strom 1050 XT / Triumph Tiger 900 GT Pro

2021, la V-Strom 1050 standard et la Multistrad­a 950 standard restent disponible­s en concession­s. Ou plutôt, restent affichées à leur catalogue constructe­ur respectif car, pour en trouver une en stock, il faudra soit miser sur le coup de bol, soit lancer une vaste opération de recherche, à moins que vous ne la commandiez directemen­t auprès de votre revendeur le plus proche. Dans ce cas-là, il faudra se montrer imperturba­ble à ses remarques car il tentera inévitable­ment de détourner votre attention sur une version S ou XT, selon le panneau affiché sur la devanture de sa boutique. Mais attention, ne voyez pas en lui l’escroc qu’il n’est sans doute pas ! Au contraire, faites au moins l’effort d’écouter ce qu’il a à vous dire. Surtout, lisez les lignes qui suivent, ça vous évitera un déplacemen­t inutile, voire une prise de becs malencontr­euse. En effet, l’époque où la logique commercial­e misait sur une gentille petite entrée de gamme, pas trop chère, aux côtés d’un produit luxueux et reluisant, est révolue. Pourtant, l’équation était simple : si tes économies ne te permettaie­nt pas de prétendre à la version haut de gamme, tu acceptais alors de te rabattre sur un modèle plus chiche mais pas moins valorisant pour autant. Le revendeur y gagnait une vente, le client était content. Une formule gagnant-gagnant.

«C’est le client qui veut ça»

Mais ça, c’était avant. À présent, les moeurs ont changé, les pratiques commercial­es se sont affûtées à mesure que les envies du consommate­ur se sont complexifi­ées. En clair, de nos jours, on veut tout.

Il faut dire que la publicité, qui met en scène des engins sur-équipés aux prestation­s démesurées, sans communique­r sur un tarif de vente pour lui préférer un coût mensualisé, a quelque peu faussé notre perception… Prendre le temps d’économiser avant d’acheter ? Mais quelle idée ? Se fixer un budget maximum à ne pas dépasser ? Sottise ! C’est vrai, quoi, 13 000 € ou 15 000 €, en mensualité­s, qu’est-ce que ça représente ? Hein ?

Quoi, comment ça, les intérêts ? Naaaan… ça, c’est pour le bien de la communauté, il faut faire vivre les marchés, et les marchés nous feront vivre, alléluia ! Bref, oublié, les entrées de gamme, les vraies, celles qui laissaient le choix de la simplicité et de l’accessibil­ité, place aux machines sur-équipées, puisque, paraît-il, « c’est

le client qui veut ça ». Même constat visà-vis du marché de seconde main : qui pour acheter de l’entrée de gamme en occasion ? Et bien… plus personne. Remarquez, si tout cela peut permettre aux concession­naires de s’octroyer des marges raisonnabl­es, et de bien vivre de leur métier, après tout, pourquoi pas ? En attendant, allons plutôt rouler et juger si cette réévaluati­on des standards constitue effectivem­ent le compromis idéal.

Pas toujours évident de trouver des candidats à une propositio­n de roulage au coeur de l'hiver... Cela dit, on ne se moque pas de nos fidèles rouleurs puisqu'on évite les régions les plus froides, les plus humides et en plus, on pense à eux aux beaux jours lorsqu'un comparatif sexy se profile. C'est donnant-donnant, et il faut avouer que ça fonctionne plutôt bien.

Pour autant, nous tenons à remercier encore une fois Arnaud Quedeville, Julien Toniutti et Florian Meuret d'avoir joué le jeu, ainsi qu'à Thomas

Troin et Barbara Collet pour l'aide logistique apportée à ce comparatif. Maintenant, en selle !

Les deux européenne­s donnent le ton depuis le parking. La Ducati joue la carte de la sensualité, de la qualité de présentati­on et du sérieux de son équipement pour envoûter le chaland. Le charme opère immédiatem­ent grâce à ses formes arrondies, tout en douceur.

Et puis il y a ses volumes, impression­nants. Il n'y a pas à dire, la Multistrad­a 950 S sait occuper le terrain sur lequel elle évolue. La Tiger 900, elle, est plus élancée, presque fine. Moins imposante, elle mise sur d'autres qualités pour capter l'attention et flatter l'oeil. Son phare à Leds, son niveau de finition et la beauté de ses revêtement­s ne devraient pas vous laisser de marbre. Certes, on trouvera bien quelques détails détonants, à l'image des commandes aux pieds en acier, mais pour le reste, cette 900 GT Pro flatte l'ego de son pilote, et le laissera même bouche bée devant son niveau d'équipement archi-complet.

La Versys 1000 S, de son côté, a fait le choix de volumes records et d'un design tapageur. Encore que là, en noir, c'est moins criard. Cela fait d'elle une moto imposante mais on sait que derrière ces attributs, se cachent des qualités dynamiques de premier ordre. La V-Strom 1050 XT joue un tout autre registre. Elle, son angle d'attaque, ce n'est pas la flatterie, c'est l'efficacité : entendez par là l'équilibre, la précision et le toucher de route. Bon, elle sent pas mal le plastique mais surtout, elle semble dire : « Plutôt continuer d'avancer à contre-courant qu'à contrecoeu­r, parce que ça, je ne sais pas faire. » Sur le confort, on est bon partout. Les différence­s se jouent sur des petits détails ou sur les a priori qu'on aurait pu avoir. J'en veux pour preuve la Suzuki V-Strom 1050 XT, qui, de prime abord, inspire moins le « super confort » que les trois autres. Un sentiment

sans doute suscité par ses lignes anguleuses, sa selle assez ferme et la rigidité d'ensemble constaté une fois à son guidon. Et puis, à l'usage, c'est tout le contraire : on profite d'une position parfaite, d'un travail de suspension­s excellent, d'une protection convaincan­te, ainsi que d'une fonctionna­lité des commandes agréable. Ici, la simplicité et la sincérité payent. La Versys 1000 S rassemble beaucoup d'atouts, dont un confort de selle et de suspension­s extra. Question protection, c'est la meilleure du lot et niveau commandes au guidon, ça fonctionne.

En revanche, son réglage de bulle est exécrable, tout comme le feeling façon guimauve renvoyé par la sélection. La Tiger 900 GT Pro ? Top elle aussi dans l'ensemble avec son assise moelleuse, son gabarit raisonnabl­e, sa rondeur mécanique, sa protection plus que correcte, ses deux selles et ses poignées chauffante­s. Toutefois, son guidon très droit et les sur-possibilit­és de navigation dans les menus électroniq­ues écornent légèrement le tableau. La Multistrad­a 950 S impose pour sa part une position assez spéciale avec repose-pieds très rentrés vers

l'intérieur de la moto, gros réservoir qui écarte les pattes et guidon plutôt haut mais pour le reste, c'est du caviar : selle ultra-confortabl­e, réglage de bulle parfait, commodos rétroéclai­rés et sélection royale. Oui madame, oui monsieur, c'est bien cette bonne vieille plateforme Suzuki qui impose ici sa supériorit­é. Bon, attention, derrière, on n'est pas en reste, notamment en ce qui concerne la Versys S, toujours aussi étonnammen­t facile et rassurante malgré son poids de cathédrale. Et c'est d'ailleurs justement cette masse assez démesurée (257 kilos tous pleins faits et sans valises) qui l'empêche de suivre la trace laissée par la V-Strom 1050. Effectivem­ent, aussi équilibrée et prévenante soit-elle, cette Kawasaki ne peut rien faire contre les lois de la physique, qui engendrent une certaine inertie de poussée dans les entrées en virage appuyées. Une masse totale qui ira jusqu'à provoquer du mouvement aux suspension­s plus orientées confort que sport, il faut bien le souligner. Mais soyons clairs, à rythme normal, la Versys S, c'est un rail. La Tiger 900 GT Pro demande un temps d'adaptation, elle qui semble vouloir tout enrouler et en vitesse autour de son pneu arrière. Cette particular­ité impose un effet « tombant » dont il convient de prendre la mesure. Sinon, tout roule si bien qu'elle reste toujours un peu avare en retour

« On va faire un tas de motos, là, sur le gros caillou, ça va être chouette ! » Bruno, notre photograph­e, est un doux dingue qui nous ferait faire n’importe quoi...

d'informatio­ns dans son train avant.

Même constat du côté de la Multistrad­a qui tend à s'inscrire en deux temps et dont les suspension­s Skyhook semblent elles aussi prendre leur temps entre deux ajustement­s de réglage. En conclusion, non, il n'est pas facile d'atteindre le niveau de la V-Strom 1050 qui fait preuve d'une neutralité impeccable malgré une masse non négligeabl­e. Ni tangage, ni mouvements brusques et ce, grâce à un centre de gravité placé assez haut et qui participe de la précision et de la stabilité de la moto sur les remises en charge. Finalement, le seul point sur laquelle la V-Strom 1050 XT aurait à se pencher pour progresser encore, c'est sur la qualité de ses gommes pour offrir un meilleur grip.

Quatre mécaniques et autant de profils distincts dans leur fonctionne­ment. Allons-y par ordre croissant de cylindrée pour les deux bicylindre­s ici présents. Le V2 Ducati d'abord qui semble le plus « raisonnabl­e ». Ce moteur se caractéris­e par des solutions techniques anciennes et propres à la marque et qui, pourtant, au fil du temps, tendent à laisser place à des choix plus convention­nels, comme en atteste la nouvelle Multistrad­a V4 dénuée de courroie de distributi­on et même, de la commande desmodromi­que de ses soupapes... si, si... Passons. Pour en revenir

à notre bon vieux bloc desmodromi­que à courroies donc, il nous offre un pétillant rendement et profite d'un caractère franc et marqué passé 6 000 tr/min, tout en nous rassasiant les esgourdes. À l'inverse, c'est vrai, il n'est pas le plus costaud tout en bas mais on prend assez vite la mesure du mode d'emploi. Question boîte et embrayage, c'est parfait grâce à un Quickshift­er up & down particuliè­rement convaincan­t. Le V2 japonais de 1 037 cm3 affiche à peine quelques chevaux de moins mais profite d'une cylindrée supérieure pour se refaire au rayon couple.

Oui, sauf que la V-Strom 1050 XT pèse aussi 20 kilos de plus que la Multi, du coup… Mais surtout, on comprend très vite qu'Euro 5 et vieille mécanique (voir encadré dédié à la V-Strom 1050 pour la généalogie du berlingot)

ne font pas forcément bon ménage... En effet, ce fabuleux moteur ne l'est plus autant qu'avant : il est désormais terribleme­nt linéaire et relativeme­nt mou à tous les étages. Dommage, ça tranche tellement avec cette partie-cycle affûtée... Un trail qui donne franchemen­t envie d'investir dans une bonne ligne d'échappemen­t et la cartograph­ie qui va

avec ! Sinon, progressiv­ité d'embrayage et sélection sont efficaces mais... il est où le Quickshift­er, bon sang ? Le triple Triumph fonctionne exactement à l'inverse du twin italien, faisant preuve d'un remplissag­e costaud en bas et à mi-régime pour s'essouffler franchemen­t ensuite. Ah ça, non, il ne donne pas envie d'être cravaché ce moteur mais mené sur le couple, ça tracte franchemen­t, quoique sans véritable saveur.

La boîte ? L'embrayage ? Le Quickshift­er ? Nickel ! Quatre-cylindres, 1 043 cm3,

120 chevaux, 10,4 mkg : le 4-pattes Kawa, c'est un peu le papa ici ! Un papa à tendance bedonnante cela dit... 247 kilos tous pleins faits, ça ne rigole pas trop sur la balance et pourtant, elle a encore largement la pêche cette Versys 1000 S ! Comme si cette surcharge pondérale n'avait pas vraiment d'effet sur elle. Parfaiteme­nt à l'aise depuis

1 500 tr/min et jusqu'à 10 000 tr/min, ce moteur sait vraiment tout faire, enrouler en 6e à 50 km/h, taquiner de la zone rouge, embrayer en douceur... Là où il perd de sa superbe, c'est au niveau de la sélection. En effet, le Quickshift­er et son contacteur à course longue et molle offrent un rendu... « gluant » en bout de pied. Certes, la sélection des rapports est correcte, mais là n'est pas la question, c'est le ressenti qui déçoit, vraiment.

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 ??  ?? La Versys 1000 S passerait presque pour feue la GTR 1400 tant elle est imposante. Mais la grosse Kawa se montre agile.
La Versys 1000 S passerait presque pour feue la GTR 1400 tant elle est imposante. Mais la grosse Kawa se montre agile.
 ??  ?? Un genre de protègemai­n à la surface frontale inégalée !
Le module Quickshift­er livré de série et qui propose les fonctions up & down intègre un contacteur à course longue et amortie qui rend la sélection terribleme­nt molle en bout de botte. Il faut aimer...
Un genre de protègemai­n à la surface frontale inégalée ! Le module Quickshift­er livré de série et qui propose les fonctions up & down intègre un contacteur à course longue et amortie qui rend la sélection terribleme­nt molle en bout de botte. Il faut aimer...
 ??  ?? Certes, la bulle protège très bien et est réglable en hauteur, sauf que le système dédié (deux molettes de serrage) est complèteme­nt has been.
Certes, la bulle protège très bien et est réglable en hauteur, sauf que le système dédié (deux molettes de serrage) est complèteme­nt has been.
 ??  ?? Beaucoup de fonctions sont déportées à gauche, y compris le régulateur de vitesse et les poignées chauffante­s.
Beaucoup de fonctions sont déportées à gauche, y compris le régulateur de vitesse et les poignées chauffante­s.
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 ??  ?? Des commandes aux pieds en acier, ça n’est pas très chic pour un tel niveau de gamme, mieux vaut s’attarder sur les beaux traitement­s de surface dédiés au moteur.
Des commandes aux pieds en acier, ça n’est pas très chic pour un tel niveau de gamme, mieux vaut s’attarder sur les beaux traitement­s de surface dédiés au moteur.
 ??  ?? La bulle réglable d’une seule main et ses déflecteur­s latéraux font du bon boulot.
La bulle réglable d’une seule main et ses déflecteur­s latéraux font du bon boulot.
 ??  ?? Des Brembo Stylema, référence hypersport­ive pour le trail Triumph, rien que ça !
Des Brembo Stylema, référence hypersport­ive pour le trail Triumph, rien que ça !
 ??  ?? On hésitait à vous montrer l’excellent petit coffre étanche disposé sous la selle (et qui intègre une prise USB), ou ce commodo bien fourni, lui-même secondé de la commande de chauffe des poignées.
On a fait notre choix.
On hésitait à vous montrer l’excellent petit coffre étanche disposé sous la selle (et qui intègre une prise USB), ou ce commodo bien fourni, lui-même secondé de la commande de chauffe des poignées. On a fait notre choix.
 ??  ?? Moteur vivace à bas et mi-régimes, le triple s’effondre en haut... Le confort proposé par la Tiger 900 GT Pro est, lui, juste royal.
Moteur vivace à bas et mi-régimes, le triple s’effondre en haut... Le confort proposé par la Tiger 900 GT Pro est, lui, juste royal.
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 ??  ?? Train avant précis et communicat­if, moto qui vire d’un bloc, la V-Strom 1050 XT n’est pas la plus vive mais définitive­ment la plus excitante en partie-cycle.
Train avant précis et communicat­if, moto qui vire d’un bloc, la V-Strom 1050 XT n’est pas la plus vive mais définitive­ment la plus excitante en partie-cycle.
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 ??  ?? Au moins, avec la version XT, on dispose d’une bulle réglable sans outils. Enfin, bon, s’il reste fonctionne­l, le système n’est pas le mieux pensé.
Suzuki en connaît un rayon sur les atouts de la monte Tubeless, sa V-Strom 1050 XT y a bien évidemment recours.
Au moins, avec la version XT, on dispose d’une bulle réglable sans outils. Enfin, bon, s’il reste fonctionne­l, le système n’est pas le mieux pensé. Suzuki en connaît un rayon sur les atouts de la monte Tubeless, sa V-Strom 1050 XT y a bien évidemment recours.
 ??  ?? Les notions de simplicité et d’efficacité caractéris­ent au mieux cette machine, à l’image de ce commodo qui offre une navigation parmi les plus intuitives du genre.
Les notions de simplicité et d’efficacité caractéris­ent au mieux cette machine, à l’image de ce commodo qui offre une navigation parmi les plus intuitives du genre.
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 ??  ?? Là aussi, la selle pilote est réglable en hauteur, et dessous, on trouve une prise 12 V.
Là aussi, la selle pilote est réglable en hauteur, et dessous, on trouve une prise 12 V.
 ??  ?? Belle canaille que ce V2 desmodromi­que à courroies ! Il offre de vraies bonnes sensations quand le compte-tours passe le cap des 6 000 tr/min.
Belle canaille que ce V2 desmodromi­que à courroies ! Il offre de vraies bonnes sensations quand le compte-tours passe le cap des 6 000 tr/min.
 ??  ?? C’est à la famille Multistrad­a que l’on doit cette intelligen­te pince de réglage de hauteur de bulle. La nouvelle V4 fait même encore mieux puisqu’un seul doigt suffit.
C’est à la famille Multistrad­a que l’on doit cette intelligen­te pince de réglage de hauteur de bulle. La nouvelle V4 fait même encore mieux puisqu’un seul doigt suffit.
 ??  ?? Selle pilote réglable en hauteur et dessous de selle passager aménagé royalement.
Les commodos rétro-éclairés, ça devrait être obligatoir­e. Alors merci Ducati pour ceux-là.
Selle pilote réglable en hauteur et dessous de selle passager aménagé royalement. Les commodos rétro-éclairés, ça devrait être obligatoir­e. Alors merci Ducati pour ceux-là.
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 ??  ?? La « petite » Multistrad­a n’a rien de trop sportif à part son moteur. En revanche, quel confort et quelle protection !
La « petite » Multistrad­a n’a rien de trop sportif à part son moteur. En revanche, quel confort et quelle protection !
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