Moto Revue

Le Français s’entraîne quotidienn­ement pour se préparer à enfiler sa combinaiso­n de pilote officiel Yamaha

Désormais pilote officiel Yamaha, Fabio Quartararo semble prêt à assumer son nouveau statut et la pression qui va avec. Le Niçois dit avoir tiré les leçons d’une saison 2020 qui ne s’est pas aussi bien terminée qu’elle avait commencé.

- Par Michel Turco, LBSM. Photos Jean-Aignan Museau.

Àun petit mois des premiers tests MotoGP qui seront finalement organisés au Qatar, sur le circuit qui accueiller­a les deux premières courses de la saison, nous sommes allés retrouver Fabio Quartararo du côté de Barcelone. En pleine forme, quelques jours après avoir participé en Italie à son premier shooting photograph­ique sous les couleurs Monster Energy Yamaha, le Français s'est longuement confié sur ses ambitions pour ses débuts avec l'équipe officielle. On est aussi revenu sur sa saison 2020 et son hiver entre Covid-19, télé et entraîneme­nt. Après plus de trente minutes d'entretien, Fabio a enfilé son casque pour rejoindre Jack Miller, Remy Gardner, Xavi Vierge, Dani Pedrosa, Hiroshi Aoyama et quelques autres sur la piste de flat-track du Rocco's Ranch tracé aux abords du circuit de Montmelo...

Fabio, tu viens souvent t’entraîner au Rocco’s Ranch ?

Oui, je trouve que c'est un bon centre d'entraîneme­nt. Les frères Cardus, Ferran et Ricky, font du bon boulot depuis deux ans pour faire évoluer leurs infrastruc­tures.

C'est rare d'avoir un terrain où on peut faire à la fois du motocross et du flat-track.

Et pendant ce temps, Viñales et Mir vont rouler à Alès...

Oui, c'est amusant de voir qu'on cherche tous des endroits différents. Personnell­ement, je trouve que la Catalogne est une super région pour s'entraîner. Il y a des circuits un peu partout, chacun possède ses spécificit­és. Ici, la piste de motocross est vraiment très sympa. Elle est très physique et surtout très longue, ce qui est assez rare puisqu'on y tourne en deux minutes. Quand tu te fais cinq séances de vingt minutes dans la matinée, ça te fait les bras. Avant d'attaquer la saison, c'est un très bon entraîneme­nt.

Qu’est-ce que t’apporte la pratique du motocross ?

Il y a le physique, bien sûr, mais également la concentrat­ion. Cette année, j'ai d'ailleurs passé un cap à ce niveau-là.

La concentrat­ion, c’est quelque chose que tu pourrais travailler comme Viñales, avec une R1, sur un circuit de vitesse...

J'ai prévu de faire un peu de piste avec une R1

avant les tests au Qatar, juste pour reprendre quelques sensations avec la vitesse. Mais franchemen­t, je suis persuadé que tu travailles mieux sur une machine de cross. Quand j'ai roulé l'an dernier au Ricard avec la R1 de Tech Solutions, je n'ai pas trouvé que ça avait grand-chose à voir avec ma M1 de MotoGP. Le motocross et le flat-track sont pour moi le meilleur entraîneme­nt en période hivernale.

Et puis ton expérience avec la R1 de Tech Solutions t’a aussi valu d’être privé de 20 minutes d’essais lors de la FP1 du premier Grand Prix à Jerez...

Oui, c'est vrai. C'était quand même un peu nul cette histoire. On m'a reproché de rouler avec une moto trop bien préparée, tout ça parce que le radiateur et le tableau de bord n'étaient pas d'origine... Franchemen­t, si on avait voulu, on aurait pu préparer quelque chose de beaucoup mieux. Rappelle-toi qu'il y avait les freins d'origine alors qu'on aurait pu monter des Brembo.

On voit qu’aujourd’hui la plupart des pilotes multiplien­t les pratiques pour s’entraîner. Motocross, flat-track, vitesse, Supermotar­d... C’est une mode ?

Je dirais plutôt qu'on a tous envie de profiter de l'hiver pour faire des choses qu'on ne peut pas se permettre quand la saison a commencé. Le motocross, par exemple, je le pratique surtout pour préparer ma saison car c'est pour moi la meilleure discipline qui soit. Physiqueme­nt, même si tu fais beaucoup de cardio en courant ou en pédalant, rien ne remplace la pratique de la moto. Gérer la fatigue, respirer correcteme­nt... À ce niveau-là, le cross est très proche du MotoGP.

Tu travailles avec un préparateu­r pour planifier tes séances ?

Non, mon préparateu­r me fournit un planning pour mes séances d'entraîneme­nt physique. Je l'informe de mes roulages en tout-terrain pour qu'il les prenne en compte dans ce qu'il me donne à faire. Je fais les séances de cross au feeling : si je me sens trop fatigué, je n'insiste pas. Je ne veux pas forcer et risquer de me blesser. En général, je fais des séances de 20 minutes à bloc.

Tu parlais des avant-bras. Tu as encore eu des petits soucis en fin de saison...

Juste à Portimao. C'était un peu la conséquenc­e des difficulté­s que nous avions alors avec la moto. Je n'ai d'ailleurs pas été le seul dans ce cas. Ce tracé est vraiment très particulie­r.

Ça ne t’a pas incité à te faire opérer du bras gauche après avoir fait le droit en 2019 ?

Non, parce que je n'ai jamais eu mal au bras gauche, hormis en motocross. C'est vraiment le droit qui tire.

On a vu Rins s’entraîner récemment à Portimao. Tu n’as pas prévu d’aller y faire un tour pour faire travailler tes avant-bras justement ?

Non, parce que rouler avec une R1, c'est physiqueme­nt sans comparaiso­n avec une MotoGP. Je préfère rouler en cross.

Le cross reste une pratique dangereuse. C’est d’ailleurs ce qui t’a valu ta blessure la plus grave quand tu avais treize ans...

C'est vrai que c'est dangereux, mais c'est tellement important pour la préparatio­n physique qu'il faut prendre ce risque.

Je le répète, le cross c'est vraiment pour moi une base de travail. On a parlé du physique et de la concentrat­ion, on pourrait aussi évoquer le travail sur les temps de réaction. Même si ça va moins vite qu'en MotoGP, quand tu rentres dans une ornière, il faut être capable de prendre des décisions ultra-rapides sur la moto.

Et le flat-track ?

Il y a des points communs avec le motocross, mais je dirais qu'en flat-track, tu travailles surtout tes sensations avec le train avant.

Tu as du grip, tu le perds… Il faut vraiment contrôler tout ça pour être efficace. En fait, toutes les pratiques sont complément­aires. Je fais aussi du trial, discipline que j'ai découverte en Andorre pendant le confinemen­t, pour travailler l'équilibre. Derrière tout ça, il y a la même passion des deux roues et des moteurs.

Il y a aussi des pilotes, comme Crutchlow, qui ne touchent pas une moto de l’hiver...

C'est quand même un peu une exception car franchemen­t, je n'imagine pas attaquer la saison sans avoir pu rouler. Et déjà, même en faisant du cross, du flat-track et en bossant dur à la maison... Je me souviens l'an dernier à Sepang, après la première journée de tests, quand on s'est tous retrouvés au petit-déjeuner, il n'y en avait pas un qui n'était pas fracassé. Comme si on avait fait deux Grands Prix d'affilée. Il n'y a rien qui ressemble à une MotoGP. C'est pour ça que j'essaie de faire un maximum de moto durant cette période pour avoir le moins de fatigue possible lorsqu'on va attaquer les premiers tests.

À part t’entraîner, qu’as-tu fait de beau cet hiver ?

Je n'ai pas vraiment fait de break. J'ai passé un peu de temps avec ma famille, et puis j'ai attaqué l'entraîneme­nt pour préparer la saison.

Tu as aussi passé quelques jours au lit à cause du Covid-19...

Oui, c'est quelque chose que peu de gens savent... J'ai effectivem­ent attrapé le Covid-19, une semaine après Portimao. J'ai un peu baissé la garde avec le port du masque et les gestes barrières, et je l'ai payé cher. J'ai passé dix jours couché et j'ai mis pratiqueme­nt trois semaines pour récupérer physiqueme­nt. Ça n'a pas été un moment facile.

Ça va peut-être un peu te protéger…

Non, malheureus­ement, j'ai fait des examens qui ont révélé que je n'avais que très peu d'anticorps. Je vais donc devoir faire super attention comme je l'ai fait toute la saison dernière.

Comment la pandémie de Covid-19 risque-t-elle, selon toi, d’affecter de nouveau le championna­t ?

La seule chose, c'est que j'espère qu'on va rapidement en finir. Franchemen­t, l'an dernier, ça a vraiment été dur mentalemen­t. Ne pas pouvoir fêter mes deux premières victoires a été super difficile. D'ailleurs, je peux maintenant le dire, la seule erreur que j'ai commise, c'est après Barcelone. Même si celle-là aussi, je ne l'ai pas vraiment fêtée, j'ai quand même pris un peu de risques... Je m'en suis voulu pendant une semaine. Je me suis fait tester, j'étais stressé… Après, je crains qu'il ne faille continuer à s'habituer à toutes ces contrainte­s pendant encore quelque temps. Espérons que le vaccin permette d'en sortir...

Tu as récemment participé à Clique, ta première émission de télé grand public sur Canal Ă avec Mouloud Achour. Ça faisait longtemps qu’un pilote moto n’avait plus été invité à ce genre d’émission. Comment ça s’est passé ?

Je n'étais pas vraiment à l'aise... Disons que j'étais même stressé. C'est incroyable, mais c'est toujours aussi compliqué pour moi de m'exprimer en français. C'était quand même une bonne expérience et je suis certain que je serai plus à l'aise à la prochaine si une autre occasion se présente.

Quand tu as évoqué ta première victoire en Grands Prix, en montrant ton tatouage, tu donnais l’impression d’avoir atteint l’objectif de ta vie, comme si cette victoire était l’aboutissem­ent de ta carrière... On imagine que tu rêves quand même encore plus grand, non ?

Combien de pilotes français ont gagné une course en MotoGP ? Pour moi, c'est quelque chose d'incroyable. Ça n'est pas un aboutissem­ent mais c'est déjà un rêve de réalisé. Quand on voit que la dernière victoire française remontait à plus de vingt ans, et que là, j'ai gagné trois fois dans la même saison… Oui, c'était pour moi quelque chose de très fort. Après, c'est clair, je ne suis pas seulement là pour gagner des courses mais pour essayer de devenir champion du monde. Je ne veux pas m'arrêter là, j'ai 21 ans, je travaille dur. Je veux réaliser ce rêve encore plus grand.

Durant cette émission, tu as aussi beaucoup parlé de tes parents. On ne peut pas te reprocher d’être un fils ingrat… On sent vraiment que tu es extrêmemen­t reconnaiss­ant pour tous les sacrifices qu’ils ont faits pour toi…

Bien sûr, sans eux, je ne serais pas là. J'ai un parcours atypique. J'ai passé toute mon enfance et ma jeunesse à naviguer entre la France et l'Espagne pour courir. Mon père fermait le magasin le vendredi soir, il chargeait le camion et on partait pendant que ma mère restait seule tout le week-end à la maison. La moto, c'était aussi la passion de mon père, mais il ne m'a jamais forcé à en faire. Je sais qu'il y a beaucoup de parents dans ce milieu qui essaient d'aider leurs enfants sans toujours y parvenir. Je ne peux qu'être reconnaiss­ant pour les sacrifices que les miens ont faits pour que je réalise mon rêve.

Revenons un peu sur cette saison 2020 qui t’a vu remporter tes trois premières victoires en MotoGP avant de connaître une fin de parcours beaucoup plus compliquée. Avec le recul, comment analyses-tu tout ça ?

En fait, c'est assez simple. J'ai commencé le championna­t avec une moto qui était parfaite, mais très vite, nous avons rencontré des problèmes techniques qui ont à la fois perturbé ses performanc­es et les miennes.

2019 avait été une année parfaite : non seulement, je n'ai eu aucun problème, mais en plus tout est allé de mieux en mieux. On m'a permis de disposer de 500 tr/min de plus, on m'a donné la fourche carbone... 2020 aura été à l'opposé de ça puisque tout est allé de mal en pis. J'aurais quand même pu faire beaucoup mieux, c'est certain, malheureus­ement, je n'en ai pas été capable. Mentalemen­t, je n'ai pas réussi à gérer la situation. Après avoir gagné les deux courses à Jerez, je n'ai pas su accepter le fait de ne plus être dans le coup quand on s'est retrouvé en Autriche. Je me suis dit que je n'avais plus la moto pour gagner, et ça m'a tellement affecté mentalemen­t que j'ai un peu perdu les pédales. J'en faisais trop et ça ne fonctionna­it pas. C'est triste d'avoir perdu une opportunit­é d'être champion du monde, car je pense que cette opportunit­é existait vraiment, mais d'un autre côté, j'ai tellement appris durant cette saison 2020 que je ne suis même pas frustré. Si j'avais accepté de finir sixième ou huitième au lieu de tomber, j'aurais largement pu terminer sur le podium final. J'ai commis des erreurs, mais il fallait que je les fasse pour apprendre. Les conseils, c'est bien, mais tant que tu n'as pas commis les erreurs qu'on te demande t'éviter… Je sais maintenant que même si je suis là pour gagner, je dois parfois accepter de ne pas être en mesure de le faire. Pour décrocher le titre, il faut avant tout savoir penser au championna­t.

On t’a encore vu l’an dernier piquer de grosses colères. Ta mère dit que c’est ton plus gros défaut depuis toujours. Tu avais commencé à travailler là-dessus avec un psychologu­e. Tu l’as revu cet hiver ?

Oui, on se revoit. On a beaucoup travaillé là-dessus, il m'a donné des exercices à faire, une méthode pour mieux gérer mes émotions... En fait, même si j'ai gagné trois courses, ce que j'ai vécu l'an dernier a pas mal de points communs avec ma saison 2016 chez Leopard. Beaucoup de choses se sont passées qui m'ont permis de comprendre et d'apprendre sur moi.

À présent, je sens que je suis plus structuré.

On sait que la fragilité des soupapes de la M1 a contraint les Japonais à réduire les performanc­es de leur moteur dès le début du championna­t, ce qui a entraîné les problèmes d’électroniq­ue dont on a parlé. Viñales ne manque pas non plus de souligner les difficulté­s de la Yamaha pour faire fonctionne­r ses pneus. En fait, depuis 2016, année du retour de Michelin en MotoGP, la M1 n’a plus été championne du monde. Comment perçois-tu cela, toi qui n’as jamais couru avec les Bridgeston­e ?

Je n'avais jamais pensé au fait que le dernier titre de Yamaha avait été obtenu en Bridgeston­e... Ce que je peux te dire, c'est que l'an dernier, quand on a fait les derniers tests au Qatar, début mars, je ne m'étais jamais senti aussi bien sur la moto. J'ai fait des simulation­s de course incroyable­s, sans aucune dégradatio­n pneumatiqu­e. À Jerez, cette dégradatio­n était minime. En revanche, quand on est allé à Aragon, au bout de 3 tours, le pneu était mort. Même si j'ai fait la pole, la course a été horrible. À Barcelone aussi, on a eu une grosse dégradatio­n, mais j'ai quand même réussi à gagner. Ce qui est bizarre, c'est que Morbidelli a gagné à Aragon alors que nous, avec la nouvelle moto, nous étions perdus. C'est vrai que l'an dernier le comporteme­nt de la moto a été très irrégulier. Ayant horreur de donner l'impression de me défausser sur la moto, je vais dire que la moto et moi avons été trop irrégulier­s. Quand tu te mets en tête que la moto ne va pas bien, tu ne fais pas de ton mieux et tu aggraves les problèmes. C'est du domaine de l'inconscien­t et ça, c'est quelque chose que je travaille. C'est vraiment important d'y parvenir.

Tu veux dire que tu dois être davantage positif ?

Non, positif, je le suis toujours. Disons que l'an dernier, je pensais trop, je voulais trop travailler. Quand ça n'allait pas, je me disais : « C'est la moto, c'est moi, c'est ci,

c'est ça... » J'essayais parfois de trouver des solutions à la place des ingénieurs alors que je n'ai aucune notion de mécanique. Bien sûr, je sais changer une roue, mais ça s'arrête là. À un moment, je voulais tout contrôler, la moto, les mécanos... Or, chacun fait de son mieux et moi, mon boulot, c'est de piloter. Aujourd'hui, je m'entraîne pour ça car je sais que je dois me concentrer sur ce que je sais faire.

Voir Morbidelli performer avec l’ancienne moto, ça a quand même dû un peu te miner le cerveau…

Bien sûr, à moi et aux autres. Quand je pense

au feeling que j'avais eu avec cette moto en 2019, sur n'importe quel circuit et dans n'importe quelles conditions…

Cette année, sous la pluie, j'étais nul. Même si ça n'a jamais été mon point fort, l'année d'avant, quand il pleuvait, j'étais dans le Top 6 à chaque séance. Là, au Mans, Rossi tombe d'entrée et Viñales et moi, on se bat pour la huitième place… C'est bien le signe qu'il y a quelque chose qui n'allait pas.

Morbidelli n’avait quand même pas tout à fait la même moto que celle que tu avais en 2019…

Le moteur était différent, mais son châssis était celui que j'avais utilisé. Il avait même mes cadres, je le sais car ils sont numérotés.

Viñales estime que Yamaha devrait revenir au cadre 2019, c’est aussi ton avis ?

Non, le problème c'est que la partie-cycle 2020 était toute nouvelle et nous n'avons pas vraiment pu la tester correcteme­nt avant d'attaquer le championna­t.

Ce qu'il faut, c'est que Yamaha améliore son équipe d'essais. Je suis content qu'ils aient recruté Cal (Crutchlow), car c'est un pilote sincère et direct. J'espère vraiment qu'ils vont mettre en place un vrai programme de tests avec lui. C'est quelque chose qui nous a manqué l'an dernier.

Pour pouvoir disposer d’une moto d’usine en 2020, tu as fait des concession­s sur ton salaire 2021. Tu dois l’avoir un peu en travers, non ?

(Rires) C'était un choix qu'on a fait avec

Éric (Mahé, son manager). En plus, on a énormément bataillé pour avoir cette moto. Quand on a vu les chronos qu'avait faits Viñales à Valence fin 2019... On s'est dit qu'il fallait l'avoir, quitte à rogner sur le salaire de 2021… C'est sûr que désormais, on s'en mord un peu les doigts, mais c'est comme ça, c'est la vie. Il y a des paris qu'on gagne, d'autres qu'on perd. On a quand même remporté trois Grands Prix, on peut être satisfait.

Qu’est-ce que va t’apporter, selon toi, le fait d’évoluer dans une équipe officielle ?

Énormément de choses. En 2020, même si j'avais une moto d'usine, ce n'est pas moi qui donnais mon avis sur les pièces que j'étais amené à utiliser. Je confirmais ou infirmais les commentair­es des pilotes officiels. Maintenant, je vais davantage être écouté, je vais vraiment pouvoir donner des directions aux ingénieurs, au même titre que Viñales. Je pense que ça va être très positif car l'un de mes points forts, c'est ce ressenti que je peux avoir avec la moto. Je vais continuer à apprendre.

Qui emmènes-tu avec toi finalement ?

Diego (Gubellini), mon chef mécanicien, Pablo (Guillem), mon ingénieur électroniq­ue, deux mécanicien­s, Daniele (Grelli) et Achim (Kariger), et Yada San, l'un des ingénieurs japonais qui étaient rattachés à notre équipe. Il y en aura peut-être un deuxième, mais ça n'est pas encore certain.

Tes méthodes de travail seront-elles différente­s ?

Non, pas vraiment. Je pense qu'on a mis en place des choses simples qui fonctionne­nt bien, et je ne veux pas me compliquer la vie pour essayer de faire quelque chose de nouveau.

Bien évidemment, j'essaie toujours de m'améliorer, c'est d'ailleurs pour ça que je vais voir un psychologu­e.

Mais on ne va pas passer du noir au blanc.

La saison va débuter sans que vous ayez pu faire beaucoup d’essais. Ça t’inquiète ?

Un petit peu, bien sûr. On sait qu'au

Qatar, la Yamaha fonctionne bien.

Et là, on va avoir cinq jours de tests au Qatar avant le premier Grand Prix. Ce n'est pas ce qui va nous permettre de savoir si on a résolu nos problèmes et amélioré notre package. Il faudra attendre la suite pour voir où on est, mais je suis positif et motivé. On fera le maximum.

Même si la saison reste un peu particuliè­re à cause du Covid-19, on devrait quand même avoir un championna­t un peu plus normal avec des courses plus espacées et davantage de circuits. Cela va te permettre de retrouver des tracés où la Yamaha fonctionne bien, comme Assen ou Silverston­e...

Tout à fait, et en plus, ce sont des circuits que j'aime beaucoup. Le Mugello est un circuit que j'adore, c'est l'un de mes préférés. La première partie de la saison devrait être top. Le Qatar, Jerez, le Mans, Mugello, Barcelone, Assen… Même le Sachsenrin­g – alors que la course avait été difficile en 2019 – est un bon circuit pour moi. C'est sûr que ça va être bien de retrouver un calendrier un peu plus normal.

Tu t’entends bien avec Viñales ?

Oui, on a fait la présentati­on Yamaha ensemble, ce qui nous a donné l'occasion de discuter assez longuement. Ça n'est pas quelque chose que nous avions vraiment fait jusqu'à présent. Le fait d'être coéquipier­s va un peu changer notre relation, j'espère qu'on pourra collaborer intelligem­ment pour faire évoluer la moto dans la bonne direction même si on reste adversaire­s sur la piste. C'est un mec sympa qui a un bon fond.

Comment vois-tu tes adversaire­s à quelques semaines du premier Grand Prix ? Qui sera, à ton avis, le plus redoutable ?

Sincèremen­t, je n'en ai aucune idée.

On a vu l'an dernier qu'il n'y avait plus vraiment de hiérarchie. Le nouveau pneu Michelin a totalement redistribu­é les cartes, les constructe­urs qui étaient encore en retrait ont progressé… Il y a eu plein de vainqueurs différents... À Brno, sur un circuit où on tourne en deux minutes, on était huit à se tenir en trois dixièmes ! C'est juste incroyable. Pour moi, tous les membres du Top 10 de l'an dernier peuvent se battre cette saison pour le championna­t.

L’absence de Marquez a aussi été un facteur majeur. Tu penses qu’il pourra revenir à son meilleur niveau ?

Je ne sais pas mais je l'espère. Marquez, c'est celui qui te pousse à te surpasser. C'est grâce à lui aussi que j'ai fait une super saison en 2019. Même si ça semble impossible qu'il revienne dès le premier Grand Prix, j'espère qu'il sera très vite de retour parmi nous.

Cette année, tu ne peux plus cacher tes ambitions…

Non, bien sûr, je ne suis plus là pour dire que j'espère pouvoir faire un Top 5. Je suis là pour essayer de gagner le championna­t. Si je suis à présent dans l'équipe officielle, c'est pour aller chercher ce titre de champion du monde.

Ça va te faire bizarre de voir Valentino Rossi avec tes anciennes couleurs…

Ce qui m'a surtout fait bizarre, c'est de voir mon numéro sur la moto officielle ! C'est encore un rêve qui se réalise. À moi de travailler pour que les autres se concrétise­nt à leur tour. ■

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Voici la livrée 2021 de Fabio. La classe d’usine !
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3 3 Avec Rossi, sur le podium du deuxième Grand Prix de Jerez.
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4 À ce moment, Rossi ne sait pas encore que le jeune Français va lui succéder dans le team Factory. 4
 ??  ?? 2 2 L’original et la copie. Le moment de la première victoire en catégorie reine est encré sur le bras droit de Fabio.
2 2 L’original et la copie. Le moment de la première victoire en catégorie reine est encré sur le bras droit de Fabio.
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Jack Miller, et quelques autres pilotes de Grands Prix, pour une séance de dirt sur une piste proche du circuit de Barcelone.
1 1 Courant février, Fabio a retrouvé Jack Miller, et quelques autres pilotes de Grands Prix, pour une séance de dirt sur une piste proche du circuit de Barcelone.
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À ce stade de la saison, Fabio était confortabl­ement en tête du championna­t, et personne n’aurait misé un kopeck sur Joan Mir... 3
3 Sur le podium du Grand Prix de Barcelone. À ce stade de la saison, Fabio était confortabl­ement en tête du championna­t, et personne n’aurait misé un kopeck sur Joan Mir... 3
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2 Avec Thomas Maubant, son helpeur, blaguant avec Jack Miller, dans la tenue Factory. 2
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