Moto Verte

SX US WHO’S NEXT ?

- Par Olivier de Vaulx

La saison de Supercross US 2016 s’annonce comme l’une des plus ouvertes de ces dernières années avec au moins quinze pilotes pouvant remporter des courses. Mais seuls les meilleurs peuvent espérer un podium final. Régularité, vitesse, départs… qui est le mieux armé pour remporter le titre SX 450 à Vegas ?

Le 9 janvier à Anaheim, la saison de Supercross 2016 aura commencé aux États-unis. La météo annoncée laissait présager d’une course boueuse, et le résultat risquait fort de ne pas refléter la hiérarchie réelle. Quoi qu’il en soit, ça aura été pour les fans l’occasion d’applaudir le retour en piste de James Stewart, de découvrir la nouvelle tenue verte d’eli Tomac passé chez Kawasaki, et de jauger du potentiel du champion en titre Ryan Dungey, du prodige allemand Ken Roczen ou des anciens rookies Cole Seely et Jason Anderson. Sans oublier des garçons solides comme Justin Barcia, Weston Peick ou les Français Marvin Musquin et Christophe Pourcel. Nous avons profité des fêtes pour interroger quelques ténors de l’industrie parmi lesquels Mitch Payton, Marc Blanchard ou Davey Coombs, des pilotes 250 dont Shane Mcelrath et Maxime Desprey, d’anciens champions comme Seb Tortelli ou David Vuillemin, des coachs en la personne de Gareth Swanepoel ou Yannig Kervella et enfin des organisate­urs de courses moto parmi lesquels Xavier Audouard et Éric Péronnard. Au total, onze personnali­tés d’horizons très divers qui nous ont donné leur classement final pour 2016. Les points attribués dépendent de leur classement. Certains pilotes s’en tirent mieux que d’autres avant même que la grille ne s’abaisse. Mais plus que les chiffres, ce sont les raisons de ces choix qui sont intéressan­tes. Nul doute qu’avec ce numéro de MV, vous serez les mieux placés pour parier sur les courses à venir !

Classement « boule de cristal » Moto Verte SX 2016 1. Ryan Dungey

KTM Redbull, 20 points, donné 5 fois vainqueur Champion SX et MX 2015, champion MX 2012, champion SX et MX 2010, champion SX Lites Ouest 2009

La saison dernière a vu la nette domination de Ryan Dungey qui s’est offert le titre Outdoor dans la foulée du titre Supercross. Un doublé qui fait suite à son titre outdoor 2012 et son autre saison parfaite en 2010. Avec ce sixième titre US, Ryan est donc sur le papier imbattable. Mais ce titre a été acquis en l’absence de certains ténors et suite aux erreurs de ses plus dangereux concurrent­s. On pourrait donc mettre en doute sa capacité à doubler la mise. Mais selon Marc Blanchard, le côté « diesel » de RD5 appartient au passé grâce à l’impulsion d’aldon Baker. Ce que confirme Shane Mc Elrath qui juge le pilotage du pilote Redbull bien plus agressif. Un avis partagé par Éric Peronnard et Davey Coombs, pour qui il ne faut jamais parier contre le champion en titre. Coombs ajoute qu’en plus de la confiance accumulée cette saison, la régularité de Ryan joue en sa faveur. Un mauvais jour pour le pilote KTM est rarement en deçà de la troisième marche du podium. Comme le résume parfaiteme­nt Xavier Audouard, « Dungey est le pilote le plus rapide de ceux ayant le pilotage le plus sûr. » Ce qui en fait une machine à gagner difficile à battre, tant sur le terrain qu’au jeu des pronostics. David Vuillemin ajoute que RD5 est l’un des seuls à ne rien avoir changé cette saison : même entraîneur, mêmes circuits, même machine, même coach, il sera de ce fait prêt avant les autres. Seul bémol selon Sébastien Tortelli, un petit manque de magie dans le pilotage qui n’en fait pas un favori de coeur. Mais le côté « calculateu­r » de Ryan, qui selon Yannig Kervella lui permet d’accepter une seconde place afin d’éviter la chute, en fait définitive­ment le favori à sa propre succession.

2. Ken Roczen

Suzuki RCH, 22 points, donné 2 fois vainqueur Champion MX 2014, champion SX lites Ouest 2013, champion du monde MX2 2011 Révélation des GP, l’allemand Ken Roczen s’est rapidement fait un nom aux US. Longtemps considéré comme un rookie, il fait désormais partie des stars établies, avec ce que ça implique comme pression, caprices et temps perdu sur les réseaux sociaux. Davey Coombs pense qu’il lui faudra pourtant encore une année pour atteindre son plein potentiel, notant que s’il roule d’ordinaire très bien, ses mauvais jours se soldent souvent par un DNF. Mêmes doutes chez Xavier Audouard et Marc Blanchard qui pensent que les problèmes de suspension et d’entourage rencontrés par Roczen dans son team RCH support Suzuki ne le placent pas dans une situation aussi sereine que celle de son rival désigné, Dungey, qui dispose, lui, du soutien direct de l’usine KTM et de Roger De Coster. N’empêche, chacun s’accorde à dire que la vitesse de K-roc est supersoniq­ue, seulement dépassée par Stewart selon Shane Mcelrath. Gareth Swanepoel note que Roczen sera plus motivé cette saison car animé par un esprit de revanche, un avis que partagent Éric Peronnard et Yannig Kervella : « Il ne fera pas deux mauvaises saisons de suite », pense le Breton. Sébastien Tortelli enfonce le clou en notant que Ken sera dans sa dernière année de contrat avec Suzuki/rch, ce qui l’obligera à rouler fort pour s’assurer un guidon usine en 2017. Solide, rapide, mais manquant peut-être de maturité et de support, le prodige allemand semble donc avoir perdu un peu l’étincelle et la confiance des fans, même s’il reste l’un des plus rapides.

3. Eli Tomac

Kawasaki Monster Energy, 31 points, donné 3 fois vainqueur Champion Outdoor Lites 2013, champion SX Lites Ouest 2012

Tout le monde se souvient de la vitesse supersoniq­ue d’eli Tomac à Hangtown lors de l’ouverture du championna­t outdoor 2015. Collant plus d’une minute trente à Ryan Dungey, ET3 avait dominé les premières épreuves avant de se satelliser à Thunder Valley en se détruisant les deux épaules. Opéré et revenu en forme, Eli a changé de monture et signé avec le team Kawasaki Monster Energy. Après les années Villopoto, Kawa espère refaire le coup en imposant Eli sur la plus haute marche du podium. Mais beaucoup doutent. Marc Blanchard le voit gagner des courses mais pas le titre, mettant en cause sa régularité. Même son de cloche chez Vuillemin pour qui Eli pilote trop sur le fil pour être régulier. « Tout ou rien », c’est ce qui ressort de la plupart des avis. Si l’on ajoute les incertitud­es sur son adaptation à la nouvelle moto, à son team, il semble que parier sur une montée en puissance progressiv­e, comme le dit Maxime Desprey, est le plus raisonnabl­e. Sébastien Tortelli pense toutefois que la Kawasaki étant plus stable que la Honda, cela donnera une marge de sécurité supplément­aire au fougueux pilote du Colorado. Seb ajoute que la Kawa est également plus puissante, un atout pour les départs. Bref, si personne ne met en doute sa vitesse, la capacité d’eli à gérer le championna­t pose question. Rares sont ceux qui, comme Xavier Audouard, se disent prêts à parier sur une année Tomac en 2016, même si tous s’attendent à le voir régulièrem­ent sur la plus haute marche du podium.

Le vainqueur 2016 sera sans doute celui qui restera le plus longtemps sur ses roues… !

4. Jason Anderson

HVA Rockstar, 49 points Champion SX Lites Ouest 2014 Premier du groupe d’outsiders capables de déloger les pilotes « établis », Jason Anderson séduit autant par son attaque, aussi redoutable sur la 450 que sur la petite 250, que par son apparente maturité. Le pilote Rockstar Husqvarna a en effet payé de ses deniers « le » coach du moment, Aldon Baker, et s’est exilé en Floride. Marc Blanchard pense qu’avec l’aide d’aldon, le pilote du Nouveau-mexique va devenir un solide pilier du championna­t et gagner quelques courses. Gareth Swanepoel constate que Jason sera dans sa deuxième saison chez les gros bras et qu’il est parfaiteme­nt à l’aise au guidon de la 450. Vuillemin est du même avis, ajoutant que le pilotage d’anderson est plus propre que celui d’un Barcia ce qui lui laisse plus de marge de sécurité. De plus, ses mauvais départs ont permis de constater que Jason sait remonter et doubler sans perdre de temps. Enfin, Mitch Payton juge que la nouvelle HVA devrait l’aider à réussir ses sorties de grille.

5ex. Cole Seely

Honda HRC, 56 points

Toujours placé mais jamais assez solide pour remporter un championna­t, Cole est trop gentil selon David Vuillemin pour jouer le titre. Le Californie­n a toutefois l’un des pilotages les plus fluides et sûr du plateau, ainsi qu’une excellente condition physique. Gareth Swanepoel confirme, pour l’avoir vu rouler sur les mêmes terrains que Cooper Webb, que Cole est en forme et parfaiteme­nt prêt pour l’ouverture à Anaheim. Un avis partagé par Maxime Desprey qui a été impression­né par la vitesse du pilote Honda. Yannig Kervella résume ainsi qu’avec « le soutien du HRC et une bonne vitesse de pointe, Cole devrait confirmer son potentiel en gagnant des courses, mais sans jouer le titre. »

5ex. Justin Barcia

Yamaha JGR, 56 points Champion SX Lites Est 2011 et 2012 Révélation du championna­t de Supercross Lites côte Est, Justin Barcia a loupé son passage en 450, n’arrivant jamais à trouver ses marques, surtout depuis son passage sur la Yamaha. Il semble toutefois que la fin de saison outdoor ait marqué la fin des ennuis pour le pilote de New York. Solide physiqueme­nt, il semble capable selon Xavier Audouard de tenir les manches au guidon de sa moto d’usine surpuissan­te. Marc Blanchard et Mitch Payton le voient faire une bonne saison, à condition qu’il reste à l’abri des blessures. Un espoir partagé par Davey Coombs qui pense que le jeune pilote a finalement appris la patience. Car son pilotage souvent à la limite laisse sceptique les observateu­rs dans l’optique d’un championna­t de 17 courses. « Il pilote au rupteur, tout au frein arrière », explique DV, qui le voit trop souvent « péter les plombs en course ». Seb Tortelli ne le sent pas non plus et nombreux sont ceux qui n’évoquent même pas son nom, sauf pour des coups d’éclat. Au final, la cote d’amour de Barcia, ex-prodige du Lites, semble bien émoussée.

7. Trey Canard

Honda HRC, 59 points Champion SX 2010, Champion SX Lites Est 2008

S’il y avait un prix décerné pour le fairplay et la gentilless­e, Trey Canard gagnerait le championna­t 2016 et les vingt suivants haut la main. Seulement voilà, le pilote Honda a beau être l’un des plus rapides, il est aussi l’un de ceux qui se blessent le plus. Cela n’empêche pas Shane Mac Elrath de le soutenir bec et ongles : «Si vous aimez le cross et que vous n’êtes pas un fan de Trey Canard, alors il y a quelque chose qui ne tourne pas rond », commente le pilote Troy Lee. Aussi gentil dans le paddock qu’agressif en piste, Trey est difficile à doubler. Lorsqu’il réussit ses départs, personne ne le suit. « Ce mec a des ressources intérieure­s hors du commun », explique Xavier Audouard pour qui tout est possible avec Trey. Mais sans forcément aller jusqu’à le voir gagner le championna­t. Reste que le team HRC est solide et lui procurera un support sans failles.

8. James Stewart

Suzuki Yoshimura, 60 points Champion SX 2009, champion MX 2008, champion SX 2007, champion SX Lites Est 2004, champion MX Lites 2004, champion SX Lites Ouest 2003

Avec six titres SX/MX AMA, James Stewart est l’un des pilotes les plus titrés de l’histoire du sport. Mais l’inventeur du scrubb, tenu à l’écart des courses pendant 18 mois par la suspension de la FIM, a semblé à la peine pour son retour à la compétitio­n. Victoire à la Redbull Straight Rhythm, mais chutes à la Monster Cup et à Lille. Personne ne le donne gagnant dans l’optique du championna­t. « Il va aller chercher ses clés de voiture au premier virage », pronostiqu­e en plaisantan­t Yannig Kervella. Car si personne ne met en cause la vitesse de James et sa capacité à gagner ponctuelle­ment une course, personne ne le voit rouler avec assez de régularité pour jouer le championna­t. « Il n’accepte pas d’être deuxième, il n’apprend pas de ses erreurs », prévient Seb Tortelli. Xavier Audouard enfonce le clou dans le cercueil en précisant que, selon lui, le niveau de confiance de JS7 est « à son plus bas historique » et que «sa condition physique n’est pas à la hauteur de sa vitesse et de sa prise de risques ». Shane Mcelrath, défenseur des causes perdues, veut croire en James Stewart envers et contre tout. Car le Floridien est l’un de ceux qui allument le feu dans les yeux des fans, l’un des rares à avoir encore de la magie dans le coup de guidon, à l’inverse des pilotes plus calculateu­rs qui gagnent désormais les championna­ts… Marc Blanchard confirme que croire en Stewart est déraisonna­ble, mais qu’il ne peut s’empêcher d’en rêver : « Un titre serait énorme. Tout le monde aime les come-back stories. Je suis fan ! »

9. Marvin Musquin

KTM Redbull, 63 points Champion 250 Lites Est 2015

Après un titre SX Lites acquis à 25 ans, Marvin sera un « vieux » rookie en 450. Son manque d’expérience dans la catégorie sera compensé par une grande habitude à gérer les championna­ts et un pilotage propre, sans prise de risques inutiles. Pour sa première année, KTM ne lui mettra pas la pression. Davey Coombs le voit bien gagner des courses dès cette année, tout en pensant que la longueur de la saison aura raison de la résistance physique du Français. Marc Blanchard s’attend à voir son pilote monter en puissance au fur et à mesure de la saison pour être à 100 %, sans jeu de mots, dès l’an prochain. Un avis partagé par Maxime Desprey. Xavier Audouard évoque une « spirale positive » pour Marvin, poussé par De Coster, et qui pourrait se retrouver dans la position d’un Romain Febvre. C’est aussi l’avis d’éric Peronnard pour qui un Marvin en pleine possession de ses moyens pourrait surprendre tout le monde…

10. Christophe Pourcel

HVA Rockstar, 64 points Champion SX Lites Est 2010 et 2009

Revenu à la compétitio­n cette année et auteur d’une belle saison outdoor au guidon de sa 450 Husqvarna « usine », Christophe Pourcel séduit les observateu­rs américains par son pilotage fluide, tout en lui reprochant son manque d’attaque. Mais comme le souligne Seb Tortelli, « ils oublient qu’il revient d’une blessure très grave, qu’il a été paralysé. Ce qu’il fait est déjà énorme. Son style est toujours exceptionn­el mais il a des barrières, tant psychologi­ques que physiologi­ques, à surmonter. Il sait être là, mais sans prendre de risques. » Dans ces conditions, chacun s’accorde à dire qu’il faudra compter sur Chris pour des coups d’éclat et des victoires de courses. « À Lille, il était impression­nant, très précis et tout en contrôle », se souvient Maxime Desprey. Même si CP377 n’a – semble-t-il – plus le potentiel pour gagner un championna­t, il continue de séduire les fans de beau pilotage. Sa maturité et son absence de pression devraient lui permettre d’être aux avant-postes toute la saison. Et qui sait, de surprendre son monde, ce ne serait pas la première fois ! ❚

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Après une saison 2015 laborieuse, Justin Barcia semble avoir pris la mesure de la 450 YZ-F. Un outsider au même titre que Jason Anderson, l’un des protégés d’aldon Baker.
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Beaucoup voient en Christophe Pourcel un pilote capable de coups d’éclat et de podiums mais pas un vainqueur potentiel du championna­t. CP mise sur la régularité. Il n’a sans doute pas tort…
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