LE JOUR LE PLUS LONG
Pour bien des raisons, le 5 juin 2016 restera marqué dans l’histoire du motocross français comme l’un des plus beaux mais plus sûrement comme l’un des plus longs ! Sevré de pluie mais baigné dans une douceur estivale avec ce qu’il faut de soleil pour éclairer davantage ce dimanche de juin sur le site mythique de St-jean-d’angély, le cross tricolore s’est enrichi de succès et de podiums après des courses animées et des passes d’arme épiques. Gloire à nos combattants, débarqués en Charente le couteau entre les dents, décidés à surfer sur la vague émotionnelle du MX des Nations 2015 d’ernée. On retiendra en premier lieu la « grinta » de Romain Febvre, battu à l’arraché dans la première manche par Tim Gajser mais victorieux dans la seconde malgré un coude toujours convalescent (qui ne l’aura toutefois pas empêché la veille de montrer lors de la manche qualif’ à Valentin Guillod la puissance de sa détermination…). Romain le Gaulois affiche depuis un an une combativité splendide. Son titre mondial assiégé par la fougue débordante de Tim Gajser, il met une énergie incroyable pour repousser les assauts alors qu’il vient de se voir conforté dans sa position de pilote numéro 1 chez Yamaha via un contrat en béton de trois ans. Deuxième temps fort de St-jean, la montée en puissance d’un autre pilote Yamaha, Benoît Paturel, deuxième derrière l’intouchable Herlings. On a même cru que, comme Ferrandis, il collerait une manche au Néerlandais au terme du premier round mais il aura manqué trois tours au protégé de Jacky Vimond pour triompher. Un sacré Grand Prix quand même qui, après le podium espagnol, aura servi à asseoir sa confiance. MX2/MXGP, deux coups d’éclat, deux symboles d’une nation tricolore du MX conquérante. Il faut aussi se réjouir du succès de Stephen Rubini en championnat d’europe 125 et de la 2e place de Livia Lancelot qui, sans gagner, a conforté sa place de leader du Mondial féminin. Et deux championnats de plus installés à St-jean, sans parler de L’EMX2 également au programme… Alors oui, c’était beau, c’était intense, le public a été préservé par la météo et s’est retrouvé comme il est désormais de tradition à chanter la Marseillaise, mais finalement, c’était trop. Faire disputer cinq championnats dans une journée, de 8 h 30 à 18 heures, c’est certes donner du spectacle à un public qui paie cher mais c’est aussi saturer la motivation d’un club organisateur qui, au-delà de la prise de risque financière, doit gérer la piste et les paddocks dans un timing de fou. On a vécu « le jour le plus long ». L’histoire s’est bien terminée mais certains doivent avoir le sentiment d’avoir sauté sans parachute à St-jean…
Bertrand Sanlaville, Directeur de la rédaction
NB : si l’on parle de combattant, il faut saluer Gautier Paulin. GP21 aurait dû remporter la qualif le samedi sans une petite erreur et une énormissime chute à un tour de l’arrivée. La poisse semble s’acharner sur « Captain France » qui n’aura pu que reconnaître avec fatalisme : « C’est le motocross… » Violent et beau. Demain est un autre jour avec des succès, forcément !