L’enduro Del Verano avec Van Beveren…
C’est la deuxième plus grosse course moto TT derrière Le Touquet et pourtant, elle reste méconnue du public français. L’enduro Del Verano rassemble depuis 1992 des centaines de milliers de pratiquants et de passionnés dans un cadre idyllique. Une sorte de Touquet estival au temple de la liberté en bord de mer. On n’a pas hésité une seconde à rejoindre Adrien Van Beveren, l’adopté du pays !
Découvrir une course à l’autre bout du monde n’est jamais chose facile. Ce n’est pas le temps qui manque, mais l’aspect financier entre souvent en ligne de compte alors quand on a l’occasion d’y jeter nos sacs photo, on s’en prive rarement. 27 heures d’avion, 9 heures de voiture pour trois jours sur place, il s’agit de ne pas lézarder malgré une météo à regretter ma crème solaire. Il fait chaud à Buenos Aires au moment de récupérer la voiture de loc’, 30 degrés à l’ombre et c’est parti pour 4 heures de route direction Villa Gesel, la ville balnéaire qui accueille l’épreuve depuis 1992. Pour faire simple, 400 km de ligne droite entrecoupée de ronds-points avec comme défilé permanent, des milliers d’hectares d’exploitations bovines. Bienvenue au pays qui se pretend préparer la « Mejor carne del mundo ». À voir l’étendue des parcs d’exploitation, on comprend pourquoi les vaches soigneusement contrôlées ont une vie de totale liberté et d’insouciance à la campagne, le secret d’une bonne viande. Première surprise durant le trajet, aucune station-service, aucun péage ne prend la carte bleue. Damned ! Ce n’est pas un hasard. L’argentine connaît en effet une inflation record depuis l’arrivée au pouvoir de Mauricio Macri fin 2015. Une envolée des prix de 30 % alors que les salaires n’ont pas augmenté. 99 % de la population argentine travaillent ou ont un deuxième travail au noir, c’est dire la quantité de liquidité qui circule. Les commerçants n’acceptent pas la carte bancaire car ça les oblige à déclarer les factures… Dans cette situation économique difficile et en tenant compte du salaire moyen de 880 euros avec une taxe sur les produits importés frôlant les 100 %, une Yamaha 250 YZ-F neuve coûte environ 17 000 euros. Vous avez bien lu ! Rouler en tout-terrain est un luxe en Argentine et pourtant, en arrivant à Villa Gesel, la ville grouille de machines à tétines en liberté. Port du casque non obligatoire, ça se croise dans tous les sens au détour des rues ou sur la plage. Pas besoin de pneus sable, une corde autour du boudin fait l’affaire. Les motos sont plus ou moins récentes et plus ou moins en bon état. « Les Argentins sont prêts à tout pour avoir une moto ou un quad, m’explique Rodrigo Allue, un des organisateurs de L’EDV. Certains vivent dans des bidonvilles ou sans voiture, mais ont une moto qu’ils ont du mal à entretenir. »
Unique au monde
Avec tous ces paramètres, organiser actuellement une course où l’inscription représente quasiment un SMIC argentin relève de l’exploit. En arrivant sur place, le tableau qui se dresse devant mes yeux me scotche. Un paddock digne d’un Grand Prix – les semi-remorques en moins – mais des partenaires à perte de vue, des teams, des restaurants, des umbrella girls devant chaque team. Et quelles filles les amis !
À cette vitesse, la moindre erreur peut être fatale…
Brunes, blondes, rousses, en maillots de bain plus ou moins avares en tissu, on a du mal à garder son oeil sur l’objectif devant ces magnifiques demoiselles… Restons concentrés! La course de supercross a lieu dans quelques minutes et il ne s’agirait pas de louper cette mise en bouche du vendredi soir. Après vingt minutes en quad à rencontrer différentes personnes de l’organisation pour me voir « enfin » remettre mon accréditation, je découvre une partie du circuit en sable typé cross avec des tables plus ou moins grandes. Le tout est entouré de tribunes dignes d’un stade de foot. Le cadre est magnifique au milieu des dunes. « Cette année nous avons eu
une baisse de la fréquentation avec 1 250 participants. Cela s’explique avec l’inflation que le pays connaît. Beaucoup économisent toute l’année pour y rouler et viennent du pays tout entier. C’est la course off-road la plus
importante ici. » Avec 25 ans d’ancienneté, il est clair que le schéma tient la route malgré les difficultés expliquées. À l’origine, la première édition fut créée après que les organisateurs eurent zieuter des photos du Touquet en France. Avec une pratique de la moto totalement légale dans les dunes, le terrain de jeux s’y prêtait à merveille. D’ailleurs si vous regardez sur le GPS, la zone en question s’appelle « Circuito Le Touquet », c’est dire ! Avec 250 pilotes en 1992, il atteint en 2013 le nombre record de 1 500 participants entrant en même temps dans le Guiness Book des records de plus grande course moto en Argentine. Le circuit en question fait 12 km de long pour une moyenne de 50 à 100 mètres de large. Il part du bord de l’autoroute où se trouve la zone « supercross » pour rejoindre la mer. Accès libre toute l’année donc autant dire que ce Loon-plage à la sauce Argentine est connu dans les moindres recoins par les pilotes locaux. C’est Arnaud Demeester qui fut le premier pilote français à y poser ses roues en 2007. À l’origine, un photographe effectuait