Qatar, Indonésie, on fait le point !
Après s’être élancé sous les spotlights du Qatar, le Mondial a vécu un second round plus mouvementé en Indonésie où un enduriste n’aurait pas été dépaysé ! Des conditions qui ont permis aux « vétérans » de prendre la tête des opérations, avec le duo Cairoli-desalle en MXGP et le trio Lieber-seewerpaturel dans une catégorie MX2 plus explosive que jamais !
Si l’ensemble du paddock avait le sourire à Losail où le circuit avait été bien retravaillé pour offrir un terrain de jeux digne de ce nom pour l’ouverture du Mondial, tout le monde faisait grise mine du côté de Pangkal Pinang. Les pluies ont en effet copieusement perturbé ce retour en Indonésie après vingt ans d’absence. Le Mondial était déjà venu dans les années 90 (très précisément de 95 à 97) mais à cette époque, on débarquait en été et non pas en pleine saison des pluies ! Car c’est bien là le problème, n’en déplaise à ceux qui pensent que le Mondial devrait se limiter à la seule vieille Europe. Que l’on aille disputer quelques épreuves dans des contrées lointaines comme l’indonésie n’est pas un souci majeur pour une série qui se veut mondialiste, mais il faut à minima mettre
« Julien Lieber signe un retour remarqué en MX2. »
toutes les chances de son côté pour que ces « expéditions » rencontrent le succès escompté. Certes, le succès populaire fut indéniable en Indonésie où la population locale a accueilli le GP et ses participants avec un enthousiasme jamais vu en plusieurs décennies de GP, mais tout le monde aurait préféré que cela se joue à la régulière plutôt qu’aux dés. Le circuit artificiel récemment construit n’a en effet pas supporté les pluies abondantes en cette période de mousson, quand bien même les organisateurs ont tenté d’y mettre les moyens. Les bourbiers qui ont vu le jour ont coûté cher à certains qui s’y sont « tankés » sans pouvoir en ressortir autrement qu’avec l’aide de dévoués commissaires. Ceux-ci ont mis à chaque fois une bonne dizaine de minutes pour extraire les motos d’herlings, Febvre, Guillod ou Nagl d’un magma de boue collante. Seule consolation pour tous, le prochain GP en Argentine se dispute sur l’un des plus beaux circuits du Mondial, preuve que les épreuves nouvelles peuvent être une totale réussite et promouvoir un Mondial qui s’annonce très ouvert.
MXGP: Cairoli confirme
On l’avait senti motivé, serein et confiant dans l’interview qu’il nous avait accordée dans notre dernier numéro. En piste, il a confirmé tout cela, signant au Qatar – un GP qu’il n’avait encore jamais remporté – un doublé lourd de signification pour ses jeunes adversaires. Non, Antonio Cairoli n’est pas mort. Il est même plus en forme que jamais ! Auteur d’une course solitaire en première manche à Losail, il a fait bien mieux dans la seconde en privant en fin de course Tim Gajser d’une victoire que le Slovène pensait sans doute acquise. Dans la boue indonésienne, Tony a fait parler l’expérience du haut de ses 31 balais, ne prenant pas de risques inutiles pour assurer de précieux points et devancer ceux qu’on annonce comme ses principaux rivaux dans la course au titre : Gajser, Febvre et Herlings qui ont tous trois laissé filer de précieux points en
restant bloqués dans le bourbier de l’unique manche courue ce jour-là. Si Gajser est parvenu à se sortir du bourbier par ses propres moyens, avant d’éviter cette section en sortant du tracé à chacun des tours suivants (sans pour autant être pénalisé !) le voici qui pointe troisième du provisoire avec un retard insignifiant sur le leader. Le Gajser 2017 a toutefois bien changé depuis le millésime précédant. On l’a en effet très rarement vu sourire lors de cette tournée. Est-ce l’effet de pressions extérieures (de la part de son père qui gère sa carrière, ou du HRC qui a des relations tumultueuses avec ce même père ?) ou simplement d’une maturité nouvelle chez ce garçon qui n’était qu’un kid heureux de vivre sa passion jusque-là ? Affaire à suivre… Autres membres du fameux « club des quatre », Romain Febvre et Jeffrey Herlings n’ont pas vraiment eu le début de saison qu’ils espéraient. Après une première manche difficile au Qatar (chutes), Romain s’est bien repris dans la seconde avant de confirmer en Indonésie puisqu’il était en bagarre pour le podium jusqu’à ce qu’il perde toutes ses chances dans le bourbier. Là encore, le retard est minime et tout reste bien sûr possible avec dix-sept GP encore à disputer, l’important étant que le potentiel de RF461 est intact en attendant des jours meilleurs. En ce qui concerne Jeffrey Herlings, il faut une fois de plus saluer le courage de ce garçon qui n’épargne
définitivement pas son corps. Peu de temps après s’être fait poser une plaque au niveau d’un métacarpe de la main, le Néerlandais a serré les dents pour accrocher quelques précieux points en attendant des jours meilleurs. Les jeunes souffrent donc un peu en ce début de saison qui met à l’honneur leurs aînés puisqu’on retrouve dans le top cinq Clément Desalle (27 ans), Evgeny Bobryshev (29 ans) et Jeremy Van Horebeek (27 ans) qui ont fait parler l’expérience.
Comme Cairoli, Clément Desalle aborde cette saison dans des conditions bien différentes de l’an passé (fracture du bras à Valence) et sur une machine qu’il connaît désormais parfaitement, avec laquelle il a été le seul à s’offrir deux podiums pour pointer à la seconde place du championnat.
MX2 : Lieber, retour gagnant
Un peu oublié après avoir fait une saison
blanche en raison d’une double opération des hanches, Julien Lieber est la surprise de ce début de saison. Revenu pour sa dernière saison en MX2 au sein du team familial et coaché par Yves Demaria, il a placé sa KTM privée sur le podium au Qatar comme en Indonésie où il a hérité de la plaque rouge de leader du MX2 ! Le plus dur reste à faire car Pauls Jonass (vainqueur au Qatar), Jeremy Seewer (vainqueur en Indonésie) et Benoît Paturel ont confirmé leurs bonnes dispositions.
Jonass a signé le doublé à Losail avant de trébucher à Pangkal Pinang (bloqué dans un bourbier, puis pris dans une chute au départ), tout comme Benoît Paturel, excellent dauphin du Letton au Qatar avant de cramer un embrayage en Indonésie où Jeremy Seewer a effacé une discrète entrée en matière en y remportant le premier GP de sa jeune carrière ! Ce trio est solide et nous promet un championnat d’autant plus animé que trois intrus, à savoir Lieber, Thomas Kjer Olsen (solide comme un Nordique peut l’être) et Bernardini (vainqueur de sa première manche et auteur de son premier podium en Indonésie) semblent en mesure de jouer du podium régulièrement. Et les Prado, Brylyakov, Covington et Van Doninck piaffent d’impatience, sans oublier les petits nouveaux comme Lawrence ou Cervellin qui ont d’ores et déjà scoré du top huit. Le MX2 s’annonce bel et bien passionnant, merci à la FIM d’avoir contraint Jeffrey Herlings à changer de classe !
« Antonio Cairoli n’est pas mort, il est plus fort que jamais ! »