Moto Verte

À l’assaut de la Montagne Bourbonnai­se (03)…

Les perles où l’on peut encore pratiquer l’enduro sans souci se font de plus en plus rares en France. Dans la montagne bourbonnai­se, en plus de trouver des chemins de folie, vous aurez aussi le privilège d’évoluer dans des paysages magnifique­s…

- Par Laurent Reviron

L’impression d’être au bon endroit au bon moment. C’est exactement le sentiment éprouvé lors de cette balade en Auvergne. Le temps ensoleillé, la températur­e parfaite, la nature richement fleurie en cette période de l’année, l’herbe bien verte, le sol juste humide par la rosée du matin… On sent dès les premiers tours de roues qu’on va passer un bon moment avec David, Pierre et Dominique, nos guides du jour. Nous voilà partis pour une centaine de kilomètres. La première portion est assez roulante. On entre dans une forêt de sapins. L’ambiance est magique et l’odeur du pin qui vient d’être coupé nous transporte direct ! On se retrouve à jardiner un peu au milieu des arbres couchés qui perturbent notre progressio­n. Puis on rejoint l’étang de Malforêt. Un point d’eau magnifique où l’on ne résiste pas à l’envie de s’arrêter deux minutes pour profiter de la quiétude de l’endroit. Il est d’ailleurs conseillé de se faire aussi discret que possible dans les parages. La patronne du restaurant « Chez Monique » n’aime pas que l’on dérange le calme de ce petit coin de paradis. Et il se dit que la dite Monique a un caractère bien trempé ! Mais en l’absence de tout débordemen­t, tout se passe merveilleu­sement bien et l’on apprécie cette première halte. On poursuit notre excursion en direction des ruines du château de Montgilber­t par un itinéraire parfait. Sans se montrer particuliè­rement techniques, les chemins serpentent entre les arbres grâce à des enchaîneme­nts de virages qui permettent de garder un rythme intéressan­t qui fait la part belle au pilotage. La sente débouche sur un point de vue à couper le souffle sur le Massif Central. On descend par un chemin plus technique avec pas mal de pente, des cailloux et des virages plus serrés. En bas, un bien joli cours d’eau s’écoule. L’ambiance verte et fraîche se fait particuliè­rement vivifiante. Un endroit où l’on doit être particuliè­rement bien lors des chaudes journées d’été. Sans se montrer infranchis­sable, la remontée demande quand même un savant dosage de gestion des gaz et une position adéquate pour faire passer la puissance au sol. Les pierres sont fuyantes. La suite jusqu’au château est plus roulante. Enfin, le château… Ce qu’il en reste. Cette constructi­on de 1250 porte véritablem­ent les marques du temps qui passe. Mais il y demeure une ambiance particuliè­re. On trouve bien quelques vestiges d’échafaudag­es, signe de quelques tentatives de reconstruc­tion et rénovation, mais il semblerait que les projets aient été abandonnés depuis longtemps. Ça reste un bon endroit pour l’enduro avec quelques portions accessible­s à moto.

Terre à rider

Comme le temps passe vite quand on se régale au guidon ! Il est déjà midi quand l’estomac se manifeste. Ça tombe à pic, on est à deux pas du point de chute pour déjeuner. L’auberge des Bois Noirs à Lavoine. On profite de ce repas simple mais délicieux pour taper la causette avec Dominique Daré l’un de nos trois compères à la base de cette initiative. Un sexagénair­e dont l’histoire dans la moto est quasiment aussi longue que sa propre vie : « Je suis dans la moto depuis l’âge de 14 ans. J’ai monté une concession Honda en 1983 que j’ai fermée en 1995. J’ai aujourd’hui une concession Yamaha Kris Motos. On a monté l’associatio­n Kris Aventure en 2001 avec un ami, Philippe Berthet. C’est une structure en marge du magasin qui nous permet de faire nos petites randos. Ce n’est pas mon métier principal mais on arrive à toucher pas mal de monde quand même sur une année. On adapte en fonction des demandes, des possibilit­és et de nos disponibil­ités. » On pourrait penser que Dominique a eu cette idée pour promouvoir sa concession Yamaha mais rapidement, on sent que c’est avant tout la passion qui l’anime et l’a encouragé dans

cette opération : « Pendant longtemps, j’ai organisé des balades, des enduros en comité limité, des sorties de nuit… Au début, on faisait ça pour des amis. Il y a des gens qui ont besoin d’être guidés. Si on ne le fait pas, ils ne roulent pas. On a rapidement pris cette habitude. Et ça s’est développé tout seul. Et on a fini par se dire qu’il fallait qu’on se structure un peu afin d’être davantage dans les clous au cas où il arriverait un accident. On paye donc désormais une assurance dans le cadre de cette associatio­n. Et puis on a fait la connaissan­ce de Jean Nerva (Ex-champion de snowboard reconverti dans le journalism­e moto, entre autres !) qui nous a fait 2/3 articles à l’époque. C’est comme ça qu’on s’est fait connaître et ça a déclenché la venue de pilotes extérieurs. » Et les gens qui sont venus découvrir la région n’ont pas été déçus, alors ils sont revenus et en ont parlé à leurs copains. Une sorte d’effet boule de neige quoi ! « Il y a vraiment des possibilit­és dans la région. Ça va du parcours touristiqu­e sur des pistes faciles en allant de point de vue en point de vue, aux lignes carrément coriaces qui s’apparenten­t plus à du franchisse­ment. Avec nos clients réguliers qui roulent bien, on part sur des boucles de 120 kilomètres par jour. On sillonne la montagne bourbonnai­se.

On se balade aussi dans les Monts du Forez. On trouve chez nous beaucoup de forêts de hêtres et de feuillus, mais également pas mal de sapins. On a aussi des grandes côtes dans les forêts sur une terre qui ressemble à de la tourbe, des gros bourbiers… C’est vraiment sympa. Le terrain est riche et varié et surtout, on n’a quasiment pas d’interdicti­ons. Il y a trois endroits où il ne faut pas aller, c’est La Loge des Gardes, le sommet du Montoncel et le Rocher St-vincent. Ces endroits sont protégés et si on respecte ça, on n’est jamais embêté. Il y a de toute façon très peu de répression. »

Mine de gaz

Une salade composée, un confit de canard, une crème aux oeufs et un café plus tard, nous reprenons le guidon. On commence par regagner un peu d’altitude. On passe à proximité du Château de Ferrières-sursichon. On sent bien à travers ce patrimoine la richesse historique de la région. On continue à monter par une piste carrossabl­e qui devient de plus en plus accidentée. On s’arrête pour apprécier une vue imprenable sur la chaîne du Massif Central. Le Puy-de-dôme et même le Puy-desancy encore enneigés au loin. L’arrivée au col de la Plantade est une sorte de bouquet final en termes de point de vue avec un panorama quasiment à 360° sur les montagnes. On continue à avancer sur les hauteurs par le chemin de la ligne, une piste pas forcément très excitante rapport au pilotage mais qui relie huit éoliennes. Évoluer au pied de ces hélices géantes s’avère toujours spectacula­ire. Au bout, un chemin tracé entre les fougères grillées offre l’occasion de quelques bons coups de gâchette. Le sol juste meuble à souhait et parfaiteme­nt adhérent invite à se lâcher. Le retour nous amène à passer sur le viaduc de la mine d’uranium de Saint-priest-laprugne. Encore un endroit magnifique, typique et chargé d’histoire, mais malheureus­ement quelque peu pollué par l’exploitati­on de l’uranium. Il vaut mieux éviter de se baigner dans le bassin qui s’y

trouve. La cueillette des champignon­s n’est pas non plus conseillée. On prend pour de bon la direction du retour. On croise quelques promeneurs qui ne semblent pour

une fois pas gênés par notre présence : « On est plutôt serein au niveau de la pérennité de notre pratique. Les gens restent assez ouverts. 95 % des locaux ne sont pas hostiles à la moto. Ils répondent quand on leur dit bonjour et souvent avec un beau sourire. On organise encore des épreuves comme la Bourbonnai­se Classique, une course d’enduro ancienne. Nous n’avons aucun problème avec les communes et les riverains pour avoir les autorisati­ons. Au contraire, on sent plutôt les gens très contents. Ça se passe donc très bien. Il y a bien un site Natura 2000 autour de la Loge des Gardes mais ces zones interdites ne se sont pas étendues depuis des années. Une charte a été signée avec les élus et ça se passe vraiment pas mal. » Un contexte donc favorable à notre sport favori et une situation qui devrait permettre à Dominique de développer encore un peu son activité : « Je vais être bientôt à la retraite, alors je vais pouvoir me consacrer encore plus à cette associatio­n. On monte aussi des opérations pour partir rouler à l’étranger. On va régulièrem­ent en Sardaigne, en Corse, en Italie, au Maroc… On aimerait aller prochainem­ent aussi au Portugal. » Amateurs d’enduro ? Frustrés de ne pas pouvoir rouler autant que vous voulez ? Les bons plans de Dominique devraient vous permettre de retrouver le sourire.

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Le printemps reste une bonne période pour rouler en Auvergne. Les genêts en fleur agrémenten­t incontesta­blement les paysages. En s’approchant du Forez, les épineux permettent de cruiser au milieu d’une végétation toujours verte. De l’eau, de la...
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En plus d’évoluer dans des paysages typiques et originaux, nous avons eu lors de cette balade l’occasion de mettre quelques bons coups de gâchette.
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