Les Français s’accrochent…
Alors que les élections battaient leur plein sur le sol français, Matthew Phillips prenait la tête de l’endurogp en Espagne. Une épreuve difficile mais dans les règles de l’art où les Français ont gardé la tête haute à défaut de victoire. On fait le point ?
Le soleil atténué par du vent frais, un paysage désertique à souhait et des spéciales sélectives : cette 2e épreuve du Mondial d’enduro s’annonçait sous les meilleurs auspices. OK, il y avait de la poussière par paquets de 12, une liaison éreintante et des cailloux surprises cachés au fond des ornières. OK, il y avait aussi un plateau assez maigre, conséquence de la réduction des catégories. 15 pilotes en EGP (et seulement 10 à l’arrivée dimanche !), une vingtaine en E2, 88 pilotes au départ en tout en comptant Junior, Youth et Féminines. Pas de quoi pavoiser. Mais ce qui a surtout compliqué et tendu la situation, c’est la police de l’environnement. Une autorité officielle qui s’est invitée tout au long du week-end, survolant l’épreuve de façon écologique en… hélicoptère ! Une situation risible qui a néanmoins failli déboucher sur l’annulation pure et simple du GP le dimanche. On reprochait à la course
de dégager trop de poussière et de trop dégrader le sol du site de l’extrême Test (un terrain de MX pourtant). Heureusement, après négociation serrée le samedi soir, le moto-club local et la FIM ont obtenu que la course se poursuive sur seulement deux tours au lieu de trois. Ce n’était pas la première fois que le club de Puerto Lumbreras était sous la menace des autorités. Cette fois-ci a peut-être été celle de trop. Celle qui devrait empêcher les organisateurs de présenter à nouveau leur candidature pour un Mondial alors que leur site est génial…
Duel au soleil
Heureusement, sur le plan sportif, le weekend fut carrément jouissif. Un week-end qui débutait par une Supertest à la fois sélective et rapide, suivie par plusieurs milliers d’espagnols sous le charme de ces duels épiques. Duel où l’on vit notamment le champion du monde Phillips se louper sur une marche à deux balles, perdant ainsi tout le bénéfice potentiel que peut amener un bon résultat le vendredi soir (10 secondes de bonus pour le premier, pas négligeable, de plus en plus d’ailleurs avec ces catégories resserrées). Et c’est Alex Salvini qui l’emporte d’une courte tête devant Christophe Charlier. Oui, le néo-enduriste HVA n’a pas mis longtemps à comprendre le truc. C’était la première Supertest pour le Corse et le voilà déjà quasi devant. Ceci dit, cette avance en bonus ne profitera ni à l’un ni à l’autre. Samedi matin, Salvini se luxe l’épaule droite dans la liaison et abandonne. Quant à Charlier, s’il attaque le couteau entre les dents cette journée, une grosse chute dans la 2e Cross Test et une Husky pliée lui font perdre un paquet de temps et terminer en bas du classement. C’est finalement Mat’ Phillips qui prend la tête de cette première
« Un beau GP, sélectif et dans les règles de l’art… »
« L’espagnol Garcia a fait un festival à domicile. »
journée avec 2,4 secondes d’avance sur Steve Holcombe. Le duel entre ces deux pilotes sera épique jusqu’au bout. Comme la bagarre sera intense entre Nathan Watson, Christophe Nambotin et Loïc Larrieu pour la 3e place. Tout se joue finalement dans l’ultime chrono, l’anglais prenant le dessus sur Nambot’ alors que l’officiel Yam chute, bloque son levier à cause du protège-main, perdant ainsi les quelques secondes qui vous séparent d’un podium et de la 5e place… Dimanche, rebelote. Ça repart très fort entre ces cinq pilotes-là jusqu’à ce que Watson jette l’éponge dans le premier tour, une énorme tendinite au bras droit l’empêchant de serrer le guidon. Une place se libère aux avantpostes et Nambot’ s’y jette à corps perdu, menant une partie de la journée la catégorie EGP. Jusqu’au dernier chrono où ce fichu Matthew Phillips signe un scratch ébouriffant qui le fait gagner avec 0,29 seconde d’avance sur Nambot’1 ! Oui, 3 dixièmes ! Holcombe finit 3e devant Larrieu et un Charlier pas franchement apeuré par sa cabriole de la veille. En l’absence de Bellino et Basset blessés, on compte tout de même trois Frenchies dans le top 5. Pas mal, non ! Et quand bien même ce n’est pas tout à fait la même chose au classement provisoire, on a pu constater en Espagne que les tricolores sont dans la place, ont la vitesse et en veulent vraiment. On retiendra aussi que Phillips est un sacré gaillard qui ne lâche rien au guidon de la plus petite 4T du plateau EGP. Trop fort.
Festival Garcia
Holcombe et Watson représentent fièrement cette génération de pilotes anglais largement complétée par les frères Mccanney en E2. Jamie et Danny sont en effet aux avantpostes du E2, pointant juste derrière Josep Garcia le samedi. L’espagnol a fait un festival à domicile, atomisant le moindre appui comme si ce dernier avait tripoté sa soeur sans son consentement ! Un festival pour les yeux et le chrono puisqu’il pointait à la 5e place du scratch officieux. Bref, ça roule fort également en E2, surtout pour Remes qui conforte sa place de leader malgré une 3e place samedi. Remportant le dimanche, le pilote TM repart d’espagne avec un joli capital points. 16 de mieux que Garcia après deux GP. Côté français, la catégorie est malheureusement assez désertée, hormis Jérémy Joly qui signe un double 10 après avoir manqué l’ouverture en Finlande. Tout comme Romain Dumontier, 16/17, peu en verve en Espagne après que sa WR 250 ait avalé de la poussière. Que se passe-t-il en Junior ? Un trio se dégage au provisoire après ce début de saison : l’italien Davide Soreca est en tête devant le Suédois Persson et l’espagnol Mirabet. Il faudra tout de même surveiller de près l’anglais Brad Freeman, absent en Finlande mais qui a signé un 2/1 en Espagne et va rapidement remonter son retard s’il continue comme ça. Valérian Debaud est le meilleur tricolore chez les Juniors avec un 6/8 assez prometteur au guidon de la nouvelle 300 TM. Bien mieux en tout cas que Camille Chapelière (16/DNF), un peu fâché avec les gros franchissements espagnols et ce fesh-fesh tellement éloigné du sable de plage. Le métier qui rentre… Enfin, jolie course de Léo Le Quéré en Youth 125. Le pilote breton fait craquer sa TM avec pas mal de volonté et signe un 3/2 dans la catégorie pour l’instant menée par l’italien Verona (sur TM lui aussi). Ce GP d’espagne servait aussi d’ouverture au championnat féminin. Et malgré la vitesse de l’allemande Maria Franke, c’est bien Laia Sanz qui s’est imposée à domicile les deux jours. Jane Daniels complète ce podium alors que deux pilotes tricolores ont tenté leur chance à Puerto Lumbreras. Valérie Roche termine 7e samedi et abandonne le lendemain tout comme la championne de France Juliette Berrez les deux journées. Dur, très dur ce Mondial en Espagne. Prochain rendez-vous les 27 et 28 mai à Spoleto en Italie.