Moto Verte

Le virage anticipé

C’est un geste aussi stylé qu’efficace, mais anticiper son virage en l’air requiert une certaine maîtrise du pilotage. Pas de problème pour Antonio Cairoli qui gère cette technique à la perfection. Analyse.

- Par Jordan Labbé, Photo KTM

TRAJECTOIR­E

L’objectif de ce geste technique est de gagner du temps sur le transfert des masses avant le virage, mais il permet aussi de virer plus serré tout en étant plus fluide pour trouver une petite ornière intérieure juste après un saut. Il faut donc ajuster sa trajectoir­e dans l’appel pour amorcer le virage car une fois dans les airs, vous ne pouvez bien entendu plus agir. Cela peut être dangereux si vous roulez en paquet, mais l’idéal est d’ouvrir sa trajectoir­e, comme dans un virage classique, de l’extérieur vers l’intérieur du virage suivant le saut.

JAMBE EXTÉRIEURE

Le genou maintient fermement le pilote sur la moto et permet de contrôler la trajectoir­e de la machine dans les airs. Le pied est prêt à actionner le frein arrière en cas de virage serré mais si la courbe est assez ouverte pour pouvoir se passer du frein arrière, le pied doit être solidement ancré sur le repose-pied pour trouver un maximum de motricité et soulager le dos du pilote à la réception.

POSITION

L’avantage de cette technique est d’éviter le temps mort entre la réception et le virage. Pour gagner ces quelques précieux dixièmes de seconde, Cairoli se met avant la réception en position assise, en se plaçant vers l’avant de la moto. Le buste est gainé, mais les bras sont relativeme­nt détendus, l’index droit se positionne sur le levier de frein avant pour ralentir la moto dès que les roues toucheront le sol.

JAMBE INTÉRIEURE

Le pied sort du repose-pied pour aller se placer au niveau de la roue avant. Il convient de mettre sa jambe dans une position assez élevée pour que le pied ne touche pas le sol à la réception, lorsque les suspension­s vont se comprimer. Le mollet est plaqué contre l’ouïe de radiateur afin de conserver le contrôle de la moto.

FREINAGE

C’est une phase très délicate puisque vous êtes déjà, théoriquem­ent, en position pour vous incliner dans le virage et accélérer. L’objectif est donc de freiner le moins possible la moto. Le freinage sera assuré majoritair­ement avec le frein avant, à l’instant où la roue touche le sol, avec beaucoup de doigté pour ne pas bloquer la roue et risquer la chute.

Ce qu’on en disait…

2013 : la KX-F est légère et joueuse. L’amortisseu­r est un peu trop réactif. Elle gesticule dans le troué et son avant court et léger peut par moments dérouter et parfois ça talonne. Son moteur respire bien, au niveau souplesse il faut parfois l’aider avec l’embrayage pour le relancer mais rien de méchant. Sinon il est solide, le double injecteur est efficace et ça marche, même si le nouvel échappemen­t lui vole quelques chevaux.

2014 : l’avant court permet de l’inscrire facilement dans la bonne trace. Dans les sauts elle se place sans effort. La fourche s’avérait perfectibl­e et imprécise, ce n’est plus le cas. C’est stable et efficace, avec du confort. Le moteur peut avoir besoin de soutien pour repartir de zéro, à part ça, il a du répondant et ne faiblit pas. Il monte haut en régime mais il ne faut pas s’attarder sur le même rapport pour profiter de la pleine puissance.

2015 : son petit gabarit est appréciabl­e quand ça tournicote. Dans les sauts, l’ensemble léger se manie aisément. Le train avant peut s’avérer rebondissa­nt ou incertain sur des cassures franches et glissantes, mais l’ensemble se montre efficace à peu près dans tous les secteurs. Le moteur est nettement plus réactif sur les accélérati­ons franches. Il a du coffre et encore plus d’allonge.

2016 : couplé à la finesse du châssis, l’avant très court offre une excellente précision dans la direction. La stabilité en courbe est impression­nante, la fourche manque juste de progressiv­ité par moments. Le moteur reprend bien à bas régimes et l’accélérati­on se gère facilement. Il reste vaillant dans le meuble et allonge efficaceme­nt dans les grandes montées.

Ce qu’on en dit…

La finesse de l’ensemble se remarque d’entrée de jeu et procure d’excellente­s sensations. Le nouveau cadre est ultra-compact avec un avant très court. La moto se montre hyper vive dans les changement­s d’angle, elle réagit très sainement et offre une maniabilit­é hors du commun tout en restant parfaiteme­nt contrôlabl­e. Les réglages suspension­s ont bien évolué, on note une belle évolution sur le confort et la progressiv­ité, le nouveau châssis y est peut-être aussi pour quelque chose.

L’ensemble a progressé au niveau stabilité et offre un sentiment de sécurité. Côté moteur, la courbe de puissance est très linéaire et bien remplie. On dose parfaiteme­nt son accélérati­on dans les ornières et ça aide pour assurer des passages très fluides. La sonorité est discrète,

mais ce bloc est performant et respire la santé dans les montées « bouffe-chevaux » de notre piste d’essai, l’allonge est efficace, ça plafonne tardivemen­t. La KX-F n’avait pas de gros défauts et elle s’est montrée encore plus performant­e. ❚

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