Trajectoires croisées…
Le MXGP et son univers impitoyable… En s’imposant à Valkenswaard, Gautier Paulin a fait son retour dans le club des vainqueurs tout en se relançant dans la course au titre. De son côté, Romain Febvre est à la recherche de son premier podium, lui qui il y a juste deux ans commençait à enchaîner les succès en 450…
Le mois qui vient de s’écouler aura été passionnant à suivre avec des courses MXGP d’une extraordinaire intensité en Italie comme aux Paysbas. Et dans cette catégorie reine, les héros du mois s’appellent Antonio Cairoli et Gautier Paulin. L’italien et le Français se sont imposés au terme de courses qui resteront longtemps dans les mémoires ! À Arco di Trento, Cairoli évoluait sur une autre planète que ses adversaires dans cette seconde manche et sa remontée jusqu’à la seconde position après une chute au départ fut simplement explosive, l’italien découvrant finalement un spot où il doublera une poignée d’adversaires sur une piste où quasi-personne ne trouvait de solution pour doubler ! Les tifosis étaient en transe quand leur héros est monté sur la plus haute marche du podium, et il y avait de quoi…
Gautier revit
Si ce succès de Cairoli n’avait rien de surprenant dans la mesure où le jeune trentenaire a retrouvé cette saison la « grinta » qui fit ses succès, celui de Gautier Paulin à Valkenswaard confirma, lui, le retour au sommet d’un pilote qui a bien redressé la barre après deux saisons difficiles. Toujours dans le top six des GP depuis le coup d’envoi au Qatar, hormis le si spécifique GP d’indonésie, Gautier, qui a fêté son 27e anniversaire il y a peu, est revenu au sommet sur une piste où il avait signé son dernier succès deux ans auparavant, mais dans des conditions bien différentes. À l’époque, il débutait tout juste son association avec Honda et nul ne pouvait imaginer qu’il n’allait plus jamais gagner sur cette machine développée et couvée par le puissant HRC. Mais gagner est une savante alchimie qui commence par une osmose entre les hommes, ce qui ne fut jamais vraiment le cas entre GP et le staff du HRC, pas plus qu’entre le pilote et cette CRF qu’il ne put faire évoluer à sa façon. En signant avec Husqvarna et Antti Pyrhonen, Gautier a retrouvé l’ambiance familiale d’une équipe groupée et mobilisée autour de son pilote, comme ce fut le cas chez KRT. Avec la FC450, Gautier a retrouvé une moto avec laquelle il peut jouer, au guidon de laquelle il se fait plaisir. En franchissant la ligne d’arrivée à la fin de la première manche à Valkenswaard, il a donné une tape amicale à sa « brêle », comme il aime l’appeler, en signe de reconnaissance. Avec un châssis plus en phase avec son gabarit et son pilotage, un moteur puissant et coupleux lui permettant de partir régulièrement dans le pack de tête, GP a retrouvé l’arme lui permettant de faire parler sa colossale expérience. Et plutôt que d’aller se préparer aux États-unis comme l’an
passé, Gautier – qui ne travaille plus avec Aldon Baker – a passé son hiver à limer les pistes en Europe et à parfaire son intégration dans ce team Iceone où Antti Pyrhonen – qui a oeuvré longtemps pour voir le Français intégrer son équipe – ne compte ni son temps ni son énergie pour trouver la voie du succès. En pleine confiance avec sa moto et son team, Gautier a su monter en puissance depuis le début de saison, ne quittant jamais le top six pour conclure sur une belle victoire aux Pays-bas. Reparti sur de nouvelles bases cette année après s’être séparé de son entraîneur et de son manager, il s’est replacé dans la course au titre et semble pour l’heure le plus à même de troubler ce duel entre Gajser et Cairoli.
Romain se cherche
Avec comme meilleurs résultats en ce début d’année deux cinquièmes places au Qatar puis en Argentine, Romain Febvre peine à retrouver le niveau de performance qui était le sien avant sa grosse chute l’an passé à Matterley Basin. Il avait pourtant repris le dessus en signant plusieurs podiums de
manche et de GP y compris dès son retour à Loket, avant d’impressionner lors du dernier Motocross des Nations où il évolua à son meilleur niveau en emmenant l’équipe de France à la victoire. On le pensait définitivement revenu au top, mais son début de saison reste en deçà des attentes de Romain, de Yamaha, de l’équipe Rinaldi et de ses fans notamment. Ayant choisi cet hiver de se préparer en Sardaigne aux côtés d’un autre Romain, à savoir son mécanicien de l’époque Martens revenu à ses côtés comme mécano d’entraînement, l’officiel Yamaha a retrouvé un peu de sa superbe à Valkenswaard où il a enfin pris de bons départs et où il était dans le bon tempo jusqu’à ce qu’il cale son moteur en première manche. Sixième de la seconde manche
après quelques beaux duels, Romain fait encore trop de petites fautes pour jouer à nouveau la gagne après des départs globalement moyens, d’autant qu’il est sur certains circuits un ton en dessous de ses principaux rivaux en termes de vitesse alors que le niveau du MXGP n’a jamais été aussi élevé (voir encadré) avec au bas mot huit pilotes hyper rapides qui jouent le podium chaque week-end. Chaque team, chaque pilote cherche le petit détail qui peut faire la différence, et avec les quatre premiers GP dans des contrées lointaines, la tâche des
teams n’est pas simple entre voyages incessants et indisponibilité des motos de course qui sont quelque part sur un bateau ou dans un avion. Le retard pris se rattrape difficilement si retard il y a, le dilemme de tous les teams étant de trouver le bon compromis entre moto performante au départ et pleinement exploitable en course. On a ainsi vu Romain tester des nouveautés sur un petit circuit à la veille du GP d’arco, ou sur la petite piste d’essais à Valkenswaard. « Comme nous l’avons vécu en 2003 avec Stefan (Everts) quand il ne parvenait plus
« Cairoli n’a plus rien à prouver mais il conserve la “grinta”… »