Cross mondial
Les « vieux » font mieux que de la résistance !
Le championnat approchait de la misaison au soir du GP de France et d’ores et déjà, le champion sortant a perdu toute chance de reconduire son titre. L’an passé, on se souvient que Tim Gajser était sorti indemne de tous ses crashs, parfois spectaculaires, mais cette année la roue à tourné, et après un premier gros crash dans les vagues de Kegums, l’officiel Honda est reparti à la faute en Allemagne. Forfait pour la course puis forfait également en France après avoir galéré aux essais, Tim n’aura pas plus été en mesure de rouler en Russie en raison d’une fracture à l’épaule qui a touché son intégrité physique mais aussi morale :
« Je suis vraiment déçu car je vois maintenant les deux côtés de notre sport. Je connaissais le bon côté, quand tout s’enchaîne comme tu veux et que tu gagnes, et je découvre aujourd’hui l’autre côté, quand tu es blessé et que tu ne peux pas rouler comme tu veux. C’est difficile à accepter, mais je reviendrai plus fort de cette épreuve », confiait le Slovène au soir de son forfait en France. Perturbé par des relations toujours délicates avec son entourage familial, Tim va désormais devoir récupérer physiquement avant d’envisager son retour au premier plan.
Cairoli creuse l’écart
En ajoutant un troisième succès à son palmarès en Allemagne avant de monter sur son sixième podium de l’année une semaine plus tard en France, Antonio Cairoli poursuit en toute sérénité sa marche en avant. De quatorze points le mois dernier, son avance est passée à cinquante unités, mais ses dauphins ont changé puisque ce sont désormais Paulin et Desalle qui mènent la chasse. Dans une catégorie MXGP où tout va plus vite et où le niveau s’est considérablement resserré ces dernières années, l’expérience paye et ce trio a pris le pouvoir face aux jeunes pousses fraîchement issues du MX2 qui les avaient bousculés ces deux dernières années. Cairoli, Paulin et Desalle n’ont quasiment pas commis d’erreurs cette année, et cela est devenu un atout majeur.
« Tim Gajser a d’ores et déjà dit adieu au titre mondial 2017… »
du MXGP est tellement élevé qu’il faut être vigilant et ne pas franchir la limite que nous effleurons en permanence. Il faut laisser le temps au cerveau de s’oxygéner pour ne pas dépasser cette limite. Je l’ai trop souvent franchie l’an passé car je forçais pour compenser les séquelles de mes blessures. J’ai beaucoup trop chuté et cette année, je veille
à ne pas franchir cette limite », reconnaît avec lucidité Cairoli qui cherche avant tout à monter sur le podium à chaque fois qu’il aborde un GP. Lancés aux trousses de l’italien avec respectivement 50 et 58 points de retard, Gautier Paulin (une victoire et quatre podiums de GP) et Clément Desalle (une victoire et trois podiums de GP) étaient au moment de notre bouclage les mieux placés pour espérer déloger Cairoli du pouvoir. Gautier a poursuivi sa belle série de résultats depuis Valkenswaard (quatre en Lettonie,
trois en Allemagne et en France) et aborde cette seconde partie de saison en confiance alors que Clément a renoué avec la victoire de belle manière en France. Ce succès est d’un tout autre acabit que celui décroché à Assen neuf mois plus tôt, le Belge ayant cette fois attaqué pour aller chercher cette victoire de manche et du GP. Jeremy Van Horebeek, qui n’a connu qu’à deux reprises les honneurs du podium, est décroché du trio de tête, tout comme Evgeny Bobryshev, forfait sur les deux derniers GP après s’être fracturé la clavicule en Allemagne.
Herlings est de retour
Si ses débuts dans la catégorie reine ont été plus compliqués que prévu, Jeffrey Herlings a passé un cap avec le podium de Valkenswaard et une victoire à Kegums. S’il n’a toujours pas trouvé la recette pour partir devant avec cette KTM qui a offert plusieurs
holeshot à Cairoli, Jeffrey a retrouvé sa pugnacité légendaire qui lui permet à nouveau de jouer aux avant-postes. Son handicap est important puisqu’il pointe à 96 points de Cairoli, mais il en reste quand même 500 à distribuer et si d’aventure il se mettait à enfiler les succès… Ayant lui perdu toutes chances avec près de 140 points de retard, Romain Febvre a repris du poil de la bête depuis l’allemagne. Le staff technique du team Rinaldi a trouvé des solutions aptes à remettre le Vosgien dans la bonne direction, et s’il commet encore quelques erreurs en course, Romain a retrouvé du plaisir à rouler ce qui devrait l’amener assez vite sur le podium. Comme Gajser ou Herlings, Romain doit maintenant préparer la saison prochaine en glanant d’ici la fin d’année le plus de succès possibles. Du côté du MX2, Pauls Jonass réussit un quasi sans faute puisqu’il n’a manqué que deux podiums tout en faisant mieux que ses rivaux dans tous les domaines avec neuf victoires de manche (contre trois à Seewer), quatre GP remportés (deux pour Seewer) et sept podiums de GP (six pour Seewer). Avec 42 points d’avance sur son rival Suisse, l’officiel KTM doit toutefois rester vigilant car on se souvient que l’an passé, il n’avait pas « tenu la distance » en se blessant à Loket. Seewer n’est pas très loin et semble le seul à pouvoir empêcher Pauls d’offrir un nouveau titre à KTM, dans la mesure où Thomas Kjer Olsen, vainqueur en Lettonie, n’affiche pas encore, tout comme Julien Lieber qui n’est plus monté sur le podium depuis Arco, une régularité suffisante pour garder le contact avec les deux hommes forts de la catégorie. La bonne nouvelle du mois, c’est bien sûr le retour aux avant-postes de Benoît Paturel qui a signé en Allemagne puis en France d’excellents résultats. Vainqueur pour la première fois d’une course qualificative à Teutschenthal et second d’une manche (casse moteur dans l’autre), l’officiel Yamaha a, dans la foulée, remporté sa première manche de GP à domicile, montant à Ernée sur la seconde marche d’un podium qu’il n’avait plus fréquenté depuis le Qatar, soit une éternité ! Avec plus de cent points de retard sur Jonass, ses chances de titre sont bien minces, mais la machine est lancée et Benoît a repris un peu d’air vis-à-vis de Covington et Prado qui le suivent au provisoire. Plus que le jeune Espagnol, c’est l’australien Lawrence qui a été « le jeune du mois » avec un superbe podium (second) en Allemagne et une quatrième place en France. L’officiel Suzuki n’a pas encore 18 ans mais s’affirme comme l’un des hommes à suivre.
« Benoît Paturel a retrouvé une trajectoire gagnante… »