Moto Verte

Test trail

Honda 250 Crf/rally…

- Par Olivier de Vaulx

Reprenant les couleurs et les graphismes de la CRF 450 de Ken Roczen, la CRF 250L joue à fond une carte sportive et off road. Visant les jeunes titulaires du permis A2, la petite 250 fait le grand écart entre économies et performanc­es en usage toutterrai­n tandis que la version Rally est censée séduire les quadragéna­ires nostalgiqu­es du Dakar, le carénage faisant rêver d’afrique et de grands espaces. En visite chez le concession­naire, on en viendrait presque à bouder la version L tant la nouvelle venue en met plein la vue. Un coup d’oeil au tarif freine toutefois les ardeurs. Où se trouvent les 1 200 euros d’écart ? Les deux motos partagent en effet la même base technique. Le moteur est toujours un monocylind­re 4-temps de 249 cm3, mais revu pour passer la norme Euro 4. L’injection électroniq­ue PGM-FI a été adaptée en conséquenc­e, mais une fois n’est pas coutume, sans nuire à la puissance. Le conduit d’admission étant plus large de 2 mm, on gagne en effet 2 chevaux, soit 7 % de mieux que sur le modèle 2016. La puissance culmine désormais à 24,8 ch à 8,500 tr/min, combinée à un couple de 22,6 Nm à 6 750 tr/min, 300 tr/min plus bas que l’an passé. L’échappemen­t a été retravaill­é avec, là encore, un souci d’optimisati­on : gain de poids de 500 g et nouveau silencieux intégrant le catalyseur et deux chambres de tranquilli­sation. La boîte de vitesses est à 6 rapports et les deux modèles se contentent d’un embrayage à câble. Le démarreur est toujours de la partie, mais il n’y a pas de kick. Attention à garder la batterie bien chargée en cas d’inutilisat­ion prolongée ! Le cadre à simple berceau dédoublé, de section ovale, est protégé sur la Rally par un sabot en plastique. Sur la L, seuls les carters moteur sont protégés. La Rally bénéficie aussi d’une peinture noir mat sur les cadres, ce qui renforce le côté classe de la moto. Les suspension­s en revanche diffèrent sensibleme­nt. Si les éléments sont dans les deux cas des Showa non réglables, avec des fourches inversées de 43 mm de diamètre aux tubes anodisés participan­t au look très racing, le débattemen­t est plus important de 30 mm sur la version avec carénage. Une bonne nouvelle pour le tout-terrain mais pas pour les citadins, la hauteur de selle étant également revue à la hausse. Rien de rédhibitoi­re, les deux CRF 250 restent accessible­s à un large public. Cette augmentati­on de débattemen­t entraîne une autre modificati­on plus subtile : L’angle de chasse est en effet 0,5° plus élevé et l’empattemen­t rallongé de 10 mm, ce qui devrait bénéficier à la stabilité. Un coup d’oeil sur les roues révèle d’autres différence­s. Si les jantes noires n’ont d’autre intérêt que l’esthétique, les freins sont en revanche de plus gros diamètre sur la Rally, passant de 256 mm à 296 mm, une augmentati­on non négligeabl­e ! Sur les deux versions, L’ABS est déconnecta­ble à l’arrière. Le carénage masque un réservoir de contenance accrue, passant de 7,8 litres à 10 litres. La petite boîte de rangement située sur le flanc gauche, derrière les plaques latérales, est également plus grosse sur la version carénée. Mais l’objet de tous les regards est la bulle avec sa double optique asymétriqu­e à LED. L’instrument­ation est identique, mais placée en hauteur derrière la bulle. L’écran LCD très lisible sert de comptetour­s, de compteur de vitesse, de trip et de jauge d’essence. Difficile de faire plus complet ! Si l’on ajoute enfin les protège-mains montés d’origine, on se rend compte que la différence de prix entre les deux versions est en bonne partie justifiée par l’équipement supérieur.

Moteur efficace

Une simple pression sur le bouton du démarreur donne vie au moteur. Sur les deux motos, la sonorité est agréable, discrète mais pas trop étouffée. Miracle de l’injection, nul besoin de tirer un quelconque starter… Première enclenchée, on note la douceur extrême de l’embrayage, plus souple que sur une moto de trial ! Évoluer à basse vitesse ne pose aucun problème, la souplesse du monocylind­re évoquant une motorisati­on

électrique. Par contre, les montées en régime sont assez paresseuse­s en dessous des 4 500 tours. Aucun risque de se faire déborder par la puissance. Passé 5 000 tours/min, le petit 250 cm3 devient soudaineme­nt rageur. Le bruit change, les montées en régime se font plus rapides et la vitesse augmente rapidement. Ouf, la puissance est suffisante pour s’amuser ! Sur les pistes, il est donc possible de s’appuyer sur ces deux aspects de la motorisati­on : gaz en grand pour se faire plaisir dans les montées, sans se priver d’enrouler en troisième dans les parties sinueuses. La boîte, précise, accepte bien les changement­s de rapport à la volée, mais le couple suffisant, la souplesse à bas régimes et la démultipli­cation longue permettent de ne pas changer de rapport trop souvent dans les chemins. Si question motorisati­on les deux motos sont strictemen­t identiques, il n’en va pas de même au niveau de la partie-cycle. Les positions de conduite sont parfaites, comme toujours chez Honda. Le guidon plus haut sur la Rally n’empêche pas la bulle de protéger efficaceme­nt lors des liaisons à vitesse soutenue sur la route. Debout, la position reste agréable pour des pilotes jusqu’à 1,85 m. Le poids en hausse par rapport à la L se sent en passant d’une moto à l’autre. La CRF 250L, plus légère de 11 kg tous pleins faits, se montre plus joueuse. Elle donne envie d’attaquer dans les chemins, voire de tenter du petit franchisse­ment technique. Sur la Rally, poids en légère hausse, angle de chasse plus ouvert et empattemen­t allongé concourent à en faire une moto plus stable que maniable. Attaquer dans les single tracks ou passer de grosses marches avec la L sera plus instinctif, même si la garde au sol est 20 mm plus faible. Les deux motos ont des suspension­s efficaces offrant un maximum de douceur et de confort. Les biellettes Pro-link procurent même une excellente motricité sur terrain cassant. Mais cette souplesse entraîne des talonnages sur les réceptions de sauts à plat, même sans prendre trop de hauteur. Malgré le look, la CRF n’est pas destinée à la compétitio­n mais plutôt à la balade – un peu – sportive ! Question freinage, aucun souci, les disques avant assurent avec puissance et progressiv­ité. Pour déconnecte­r L’ABS afin de pouvoir bloquer l’arrière en virage, il faut préalablem­ent s’arrêter, exercer une pression prolongée sur le bouton, et repartir. Ceci dit, dans les pistes rapides de notre terrain d’essai, la terre dure et gravillonn­euse n’a jamais pris en défaut la monte pneumatiqu­e d’origine. Enquiller des kilomètres le nez au vent est facile ! Pour preuve, nous nous sommes retrouvés à rouler de nuit dans les chemins, le phare de la version L diffusant une lumière paradoxale­ment bien plus uniforme que celle des LED de la version carénée.

Jolies, ludiques et fiables

La CRF 250L/rally est une moto polyvalent­e, aussi à l’aise en ville qu’en balade tout-terrain. La base est tellement bonne que certains seront tentés de réellement partir à l’aventure avec ces Honda à l’appétit de chameau, offrant d’après notre usage intensif en tout-terrain une autonomie d’environ 200 km. Ces reines des villes et des champs ne demandent qu’une petite préparatio­n suspension­s pour donner leur pleine mesure en off-road. La version L plaira à ceux qui roulent dans les bois et en centre-ville, tandis que la version Rally séduira les adeptes des trajets routiers ou les amoureux de grands espaces pour qui le look Dakar, la bulle protectric­e et l’autonomie améliorée justifiero­nt les 1 200 euros d’écart. Dans les deux cas, une certitude : ces trails renouent avec les origines de la moto toutterrai­n jolie, ludique et fiable. Que demander de plus ?

 ??  ?? Réplique miniature des motos officielle­s du Dakar, la CRF 250 Rally vous emmène sur les pistes du rêve avec ses freins surdimensi­onnés, son grand réservoir et sa bulle très protectric­e…
Réplique miniature des motos officielle­s du Dakar, la CRF 250 Rally vous emmène sur les pistes du rêve avec ses freins surdimensi­onnés, son grand réservoir et sa bulle très protectric­e…
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 ??  ?? Malgré ses suspension­s souples, la joueuse CRF 250L s’en sort bien dans les sections techniques
Malgré ses suspension­s souples, la joueuse CRF 250L s’en sort bien dans les sections techniques
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 ??  ?? Un guidon galbé pour une excellente position, un compteur intégré derrière la plaque-phare, c'est presque une enduro !
Un guidon galbé pour une excellente position, un compteur intégré derrière la plaque-phare, c'est presque une enduro !

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