Retour en grace
Après deux années très compliquées, l’entreprise espagnole Gas Gas repart au combat. Visite de l’usine, rencontre avec les responsables et test de la nouvelle 300 EC, on a fait le tour de cette véritable renaissance…
Il y a deux ans à peu près, Gas Gas frôlait la liquidation. La clé sous la porte, 90 personnes au chômage et 30 ans d’histoire du trial et de l’enduro qui partaient à la poubelle. Et puis trois repreneurs pointaient leur nez avec des projets sérieux. Torrot fut choisi pour la promesse de maintien de 60 emplois et un joli pactole en euros sonnants et trébuchants. Torrot est un industriel catalan jusque-là spécialisé dans le vélo, le scooter et la mini-moto électrique. Torrot a investi l’usine de Salt près de Gérone, se sert de la chaîne d’assemblage pour monter ses produits électriques et a relancé les motos tout-terrain Gas Gas. D’abord les trials l’an dernier et désormais une nouvelle enduro deux-temps, L’EC 300. Moto que l’on a pu tester mi-mai (voir pages suivantes) après avoir visité l’usine et causé avec les responsables du projet. En tête, Ivan Contreras, PDG de Gas Gas-torrot, jeune patron dynamique et passionné de deuxroues. Mais aussi Miki Arpa, ex-pilote catalan de talent, totalement investi dans le développement de cette nouvelle EC. Il y a également Albert Casanovas, directeur commercial chez Gas Gas et désormais l’un des plus anciens de l’entreprise. Côté français, la SIMA a repris confiance en la marque après avoir jeté l’éponge il y a deux ans. Fred Fourgeaud et son lieutenant Jeanmichel Paquient semblent à nouveau plus que motivés pour distribuer l’enseigne en France. Et tissent de nouveau un réseau digne de ce nom. Bref, quand on débarque à Salt et qu’on retrouve la chaîne d’assemblage, on n’est guère étonné d’y découvrir une trentaine de personnes en train d’assembler des 300 EC. D’autres en train de monter des moteurs pièce par pièce, un technicien contrôle de qualité en bout de chaîne ou plus loin, une poignée de cols bleus qui assemblent des mini-trials électriques Torrot. L’essentiel des « forces vives » de l’entreprise est à ce moment-là en train de « pondre » de l’enduro à la chaîne. Une centaine d’employés en tout, administratifs compris. Et vous savez quoi ? Ça fait plaisir.
Motivation
Trente ans après avoir testé la première EC 250 à moteur Gas Gas (celle de Paul Edmondson fin 96) alors assemblée dans l’ancienne usine de la marque, ça fait effectivement du bien de voir que la marque mythique n’a pas disparu à tout jamais. Qu’elle est même repartie de plus belle. 400 motos d’enduro sont fabriquées dans un premier temps vers mai-juin. Des 300 EC qui seront suivies d’une série de 250 EC et plus tard des 200 XC et des 300 XC (crosscountry non homologuées) pour les USA. Rien qu’en France, la SIMA espère vendre environ 300 Gas Gas enduro cette année. Avec le reste du marché européen et mondial, Gas Gas pourrait rapidement écouler 2 000 à 3 000 EC et XC nouveaux modèles. C’est l’objectif de la marque et de son dirigeant. Dirigeant qui voit bien le complément entre ses mini-motos électriques et une gamme plus complète de motos tout-terrain thermiques (85, 125 en projet…). Il parle aussi de moteurs quatretemps et de deux-temps à injection dans un avenir proche (norme Euro 5 de 2020 oblige) et nous fait découvrir un prototype TXT trial à moteur électrique. Évidemment tout ça dépendra de l’accueil du nouveau modèle auprès du grand public enduriste. L’investissement a été lourd, la moto profondément remaniée. Torrot ne joue plus avec des fonds publics comme avant la faillite de 2014-2015. Et quand bien même l’entreprise est adossée à un fonds d’investissement solide (Black Toro Capital), elle ne pourra plus se permettre de faire n’importe quoi. Elle est obligée de réussir. D’où cette sensation de grosse motivation ressentie durant cette journée de visite et d’essai. L’envie de bien faire. De bien refaire de bonnes motos comme avant l’année 2012 et ses modèles EC qui se vendaient comme « des p’tits pains » aux amateurs du monde entier. Cette enduro facile, abordable et championne du monde. À suivre donc…