Test cross
2007/2017, deux nuances de « Bud »…
Dix ans que Bud Racing évolue main dans la main avec Kawasaki sur les différents championnats de France et du monde. Pour fêter cet anniversaire, la structure d’hossegor nous a offert la possibilité de rouler sur la 250 KX-F 2007 de Marvin Musquin, dix ans après son premier titre en SX français.
Petit flash-back. En 2006, Marvin Musquin ne perd pas de temps en 125 et après une troisième place en championnat de France Junior et en Mondial Junior, le kid de La Réole passe directement en 250 4-temps en 2007. C’est le déclic. Pilote aidé par Stéphane Dassé depuis ses débuts, c’est naturellement qu’il se retrouve au guidon d’une Kawa Bud Racing pour découvrir l’europe MX2. La petite entreprise d’hossegor décide de franchir le pas et monte un team à la hauteur de son talent et de ses ambitions en compagnie de Loïc Rombaut. C’est la première fois que l’on voit un camion Bud Racing se rendre sur les courses avec la KX-F #525 sous l’auvent. Cette année marque le top départ de la collaboration officielle avec Kawasaki. Stéphane se souvient. « On s’occupait des motos de Marvin depuis qu’il était tout petit car je roulais déjà avec son père. Les déplacements commençaient à être coûteux et il a fallu démarcher des partenaires pour sa saison 2007 en Europe. Kawasaki n’avait pas de structure en France mis à part GPKR qui faisait le Mondial. » Le deal est tout trouvé entre Bud Racing et Kawasaki. Stéphane loue un camion pour l’année, embauche un mécanicien, Fred Maury qui ira ensuite chez Rinaldi puis KRT. « Jamais on n’aurait pensé avoir la structure que l’on a aujourd’hui.
On était amateur, on n’avait pas d’entraîneur. » On connaît la suite. La structure française accueillera de nombreux pilotes tels que Vuillemin, Pourcel, Paulin, Teillet, Aranda, Paturel, Ferrandis, Aubin avec à la clé des titres nationaux et européens en motocross et supercross. En 2007, le 4-temps moderne est en pleine révolution et avec sa
250 KX-F « full option », Marvin termine 4e du championnat d’europe MX2 avec quelques victoires de manches et remporte le titre de champion de France SX à 17 ans. « C’était le gamin hyper doué qui voulait absolument faire du SX, se souvient Stéphane. Il était plus limité physiquement sur les gros terrains mais il avait une grosse finesse de pilotage. Il a développé sa technique autour de ça. »
Dix ans de sommeil
Le futur double champion du monde effectuera sa dernière sortie avec Bud Racing à l’occasion du 25e Supercross de Bercy. Qualifié les trois soirs en final et déjà très impressionnant, Marvin redonnera sa moto avec une septième place générale avant d’aller chez Honda NGS. Au soir de Bercy, la KX-F « 525 » s’éteint définitivement pour prendre place dans le musée Bud Racing. Dix ans plus tard, à l’occasion de l’anniversaire du partenariat entre le préparateur français et le constructeur japonais, le prétexte est tout trouvé pour dépoussiérer la moto de Marvin. « C’est spécial de démarrer une moto dix ans après, explique Benoît Grauby, mécano chez Bud Racing. On a effectué un nettoyage du carburateur et du réservoir, fait une vidange de l’amortisseur et changé les joints. Elle a démarré au troisième coup de kick. C’est incroyable ! » C’est comme si elle repartait pour une quatrième soirée à Bercy. Elle est d’ailleurs restée en configuration SX avec un échappement spécial plus court et des suspensions béton préparées à l’époque par Sébastien Dassé. La sonorité du silencieux Bud Racing rappelle d’ailleurs que le bruit n’était pas un réel problème dans le POPB. Prostrée sous l’auvent Bud Racing, elle partage
l’espace avec la 250 KX-F de Marshal Weltin, le pilote américain du team. Dix années séparent nos deux modèles du jour. Entre temps, l’injection a fait son arrivée et la Showa SFF (Separated Function front Fork) série 2 a remplacé la Kayaba traditionnelle. Pour le reste, c’est essentiellement de l’esthétique, mais vous allez vite voir qu’en piste, le poids des années se fait sentir, mais est-ce bien le plus important ?
Bestiale
En parlant de la piste, nous sommes à Ernée au lendemain du Grand Prix de France. La pluie a fait son apparition et les équipes de Youthstream terminent de débarrasser le circuit. Quelques parties ont été refaites, mais l’essentiel n’a pas été retouché après la victoire de Desalle 12 heures auparavant. Quand on regarde la carrière de MM25 aux États-unis, actionner le kick de sa 250 procure inévitablement une petite émotion quand on sait que c’est avec cette moto qu’il réalisa ses « grands » débuts en supercross. Sans ronchonner, elle démarre du premier coup. Si le poste de pilotage est sans surprise, on remarque immédiatement l’arrière de cadre très bas qui s’enfonce davantage que l’avant sous mes 80 kg. La fourche ne bronche pas d’un millimètre sous le regard amusé du mécano. « Je te l’avais dit que c’était béton. » Dix minutes pour faire les photos et dix minutes de roulage, pas davantage. Il faut ménager notre doyenne. Marvin aimait rouler avec beaucoup de jeu dans la poignée de gaz et ce qui frappe d’entrée, c’est le frein moteur aujourd’hui totalement libéré avec l’injection. À chaque décélération, l’ensemble ralentit franchement et il faut garder un filet de gaz en permanence. Comme c’était à prévoir, la fourche SX fait ressortir le moindre relief de la piste dans les bras. Malgré son poids plume à l’époque, Marvin avait besoin de rouler avec ce type de settings pour encaisser les gros chocs en SX. Le moteur a bien évolué en dix ans. Celui de Marvin est plus typé, plus caractériel, avec peu de couple et des mi-régimes violents. Un arrière de cadre en carbone construit par un artisan en Italie amène un surplus d’air au carburateur. Coût de l’opération : 1 200 euros à l’époque. Ça donnait ce « coup de pied » nécessaire pour passer les gros enchaînements. Sur le terrain glissant d’ernée, c’est plus délicat à gérer là où la 250 KX-F de Weltin s’en sort avec les honneurs avec un moteur plein à tous les étages et du coffre. En ce qui concerne l’allonge, il n’y a pas de grosses différences. Dans la montée d’ernée, le moteur de Marvin prend des tours dans un fracas à vous décoller les tympans. Philippe Darthail, alias Bud, qui s’était occupé du moulin à l’époque, annonçait 1 000 tours de plus par rapport à l’origine. La version de 2017 de chez Bud préparée pour Weltin au même titre que celle de Charbonneau est plus facile à piloter. L’assiette de la moto est plus standard avec un arrière plus haut. Le moteur est plus puissant à tous les étages donc plus facile tout en étant efficace. Il délivre son potentiel à mi et hauts régimes bien aidé par l’injection. Allez, si j’avais à choisir, j’opterais pour celle de Marvin dans mon salon et… celle de Weltin sur le circuit.