Moto Verte

La 450 HVA de Paulin au crible…

- Par Aro - Photos Bavo Swijgers et HVA

Le Motocross des Nations vient de s’achever, clap de fin sur cette longue saison de MX mondial. Pas encore le moment de souffler pour le team Husqvarna, la presse ayant été invitée dès le mercredi suivant sur le circuit de Lommel pour essayer les motos officielle­s. Parmi ces machines d’exception, celle de Gautier Paulin a retenu notre attention, une 450 FC taillée pour l’élite.

Antti Pyrhönen, team manager MXGP, Jacky Martens, team manager MX2, ainsi que tout le staff et les mécanicien­s des teams officiels HVA sont présents. Les motos alignées dans le box sont rutilantes et parmi toutes ces pièces d’orfèvrerie j’ai comme mission de cibler la 450 FC troisième du Mondial de Gautier Paulin. Kevin Gödderz, le mécanicien attitré de Gautier, s’affaire sur la Husky n° 21 après la cession d’un de mes confrères hollandais. L’inquiétude me gagne, le circuit de Lommel, je connais pour y avoir disputé un GP dans les années 90 et de mémoire cette piste est extrêmemen­t exigeante, de quoi être anxieux mais il n’y a pas que ça. La FC factory en impose, ligne d’échappemen­t full titane, carters moteur usine, amortisseu­r WP Trax avec réglages à gogo, grosse fourche WP, selle plus haute que l’origine… La bête de course a aussi quelque chose d’effrayant et l’essayeur MV ne fait pas le malin avant de devoir affronter la silice devant le staff qui ne perd pas une miette de ce qu’il se passe en piste. Kevin vient d’ajuster la tension de chaîne, le check-up est bientôt terminé. Le tableau vous met dans la peau d’un pilote usine, sauf que l’essayeur est très loin de son niveau d’antan et c’est avec une certaine boule au ventre que j’enfile le casque, ça va bientôt être mon tour !

Caractère bestial

Le mécanicien me descend la moto du trépied et actionne le bouton de démarreur, un pilote officiel je vous dis ! Au coup de gaz, ça vrombit grave, ça sent la grosse puissance à plein nez, pas grandchose pour me rassurer. En place, ça continue à gamberger de plus belle vu le premier ressenti

en empoignant le Pro Taper. Celui-ci pas mal rebaissé est plutôt haut, là rien d’anormal vu le gabarit de Gautier. Pour la selle même constat, les pieds touchent le sol mais c’est plus haut que d’origine. On reste sur le poste de pilotage avec un, deux et trois boutons genre coupeconta­ct, plus un interrupte­ur avec deux positions… Euh, ça sert à quoi Kevin ? « Il y a le démarreur, le coupe-contact, le launch control mais qui est ici déconnecté et pour l’interrupte­ur, il s’agit de deux courbes, la normale et la full power. » OK, je vais tenter de ne pas m’y perdre. L’arrière s’affaisse normalemen­t, ça semble assez ferme, je m’y attendais. J’appuie sur le guidon pour tâter la fourche qui s’enfonce à peine, là, c’est plus inquiétant. « Normal avec la fourche à air, une fois en piste tu verras

ça ira… » Espérons qu’il dise vrai sinon cela risque de poser problème à mes petits bras dorénavant plus habitués à taper sur l’ordi’ qu’à mettre du gros gaz dans le sable sur une 450. J’actionne l’embrayage et me voilà encore à cogiter, le levier est adapté aux grandes pognes du pilote et j’ai du mal à l’attraper… Ça suinte sévère entre les omoplates. Fini la mode des leviers vers le ciel, ils sont ici positionné­s assez bas, pour les petits doigts ça ne facilite pas la manoeuvre sur l’embrayage. Son utilisatio­n reste logiquemen­t limitée sur une 450, va falloir faire avec, disons plutôt sans. Je reprends mon souffle, lâche délicateme­nt le « large » levier, il s’agirait de ne pas caler devant l’assistance et c’est parti pour une cession de vingt minutes sur le mythique tracé ! Deuxième, troisième, je prends connaissan­ce en douceur avec la bête de course et dès les premiers trous, je sens qu’il faut mettre du rythme si je ne veux pas me faire secouer comme un prunier, tout ça semble bien raide. Et ça cafouille dès le troisième virage dans une ornière serrée. Mauvaise manip’ de l’embrayage ou tout simplement raté du pilote sous pression, le coup de piston est fatal et me fait plonger le groin dans le sable. Sans caler je m’empresse de repartir au plus vite en espérant que personne n’a remarqué la manoeuvre. Il est temps de se ressaisir, j’ouvre les gaz en grand sur le bout droit suivant et le moteur me catapulte jusqu’au prochain virage. Le sable est mou mais c’est comme si ça se passait sur la terre, la poussée est radicale, ça monte vite et fort dans les régimes. Second rapport, je renouvelle l’opération en sortant d’un bel appui, c’est bestial. Je choisis la trois pour l’accélérati­on suivante, c’est déjà plus abordable mais ça arrache toujours férocement. Ce moteur a du caractère et n’apprécie guère l’approximat­ion. Il faut être costaud et précis pour l’exploiter convenable­ment, sur cette piste délicate ce n’est pas une mince affaire. La partie-cycle est du même genre, mon rythme n’est pas assez élevé et je me fais ballotter dans les trous et les vagues du circuit. Tant que les bras l’acceptent, je me force à conserver de la vitesse dans les courbes défoncées et la moto taille droit. Un peu trop lent, l’arrière me pousse et l’avant a tendance à plonger dans le creux des trous au risque de me faire partir en front flip à tout moment. Pas le choix, je lâche l’affaire en privilégia­nt les extérieurs moins troués. J’apprécie quand même cet ensemble bien équilibré et rassurant dans les sauts. Il y a des ornières sur les appels et la moto suit efficaceme­nt la trace. J’y vais franco et sur les réceptions à plat les suspension­s encaissent en maintenant l’ensemble plaqué au sol. Pas de rebond vicelard, là, je peux enfin apprécier ces suspension­s d’usine. Le frein arrière est sollicité pour se placer dans les courbes mais dans le sable, l’avant est quelque peu mis de côté. La surface plane de la ligne de départ va me permettre d’avoir un aperçu de son efficacité, une légère pression et ça mord vite et fort. Sans aucun doute, il y a une grosse puissance mais aussi une précision permettant de gérer efficaceme­nt la pression sur le levier. La différence avec de l’origine est indéniable, là c’est le top ! La cession se termine, c’est le bon moment car le bonhomme commence à sérieuseme­nt faire le drapeau. Vous l’aurez compris, la 450 de Paulin n’est pas taillée pour Monsieur tout le monde et encore moins dans les sables de Lommel.

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 ??  ?? 1/ Sur ce côté, mis à part le cache-culbuteur jaune et le couvercle d’allumage usine, le moteur ne se distingue pas de l’origine, en interne, ce n’est pas la même…
1/ Sur ce côté, mis à part le cache-culbuteur jaune et le couvercle d’allumage usine, le moteur ne se distingue pas de l’origine, en interne, ce n’est pas la même…
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Le journalist­e Moto Verte dans la peau d’un pilote officiel attend son tour mais ne fait pas le fier.
 ??  ?? 2/ Les moyeux Haan Wheels usine en aluminium taillés dans la masse sont superbes, les rayons sont également des éléments signés Haan Wheels.
2/ Les moyeux Haan Wheels usine en aluminium taillés dans la masse sont superbes, les rayons sont également des éléments signés Haan Wheels.
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 ??  ?? Le diamètre de la fourche WP d’usine à air (AER) est de 52 mm, sur l’origine c’est une 48 mm.
Le diamètre de la fourche WP d’usine à air (AER) est de 52 mm, sur l’origine c’est une 48 mm.

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