Cairoli, le boss du MX mondial…
À 32 ans, et avec ce neuvième titre de champion du monde décroché en MXGP, Antonio Cairoli entre encore plus profondément dans l’histoire du cross mondial et se rapproche du record de Stefan Everts. Véritable « machine de guerre » l’italien renoue avec le
Si cette véritable résurrection peut en surprendre quelques-uns, nous avions à MV la conviction qu’antonio nous préparait une superbe saison après l’avoir rencontré en Sardaigne en début d’année. Après deux années tronquées par les blessures, l’officiel KTM a su rebondir et faire fi du poids des années pour aller défier, avec succès, les petits jeunes qui avaient pris le pouvoir ces deux dernières années. La force de Cairoli cette année, ce fut bien de frapper fort quand nécessaire (Qatar, Arco, Ottobiano) et de gérer quand cela suffisait, notamment sur la fin de saison. Plutôt que de tenter de contrer un Herlings enfin arrivé à son meilleur niveau, Tony a préféré se concentrer sur la course au titre tout en accrochant un maximum de podiums (douze, contre onze à Jeffrey) et de victoires sur l’ensemble de la saison (six, comme Jeffrey). On peut lui reprocher d’avoir manqué de panache sur la fin de saison, mais peut-on lui en vouloir ? Après deux années marquées par des blessures (le bras courant 2015, les côtes début 2016), il a prouvé à 31 ans qu’il n’avait rien perdu de ses qualités et de son potentiel pour sa quatorzième saison au plus haut niveau. Nous avons rencontré sa “garde rapprochée” pour mieux comprendre comment Tony a abordé et géré sa saison.
De Carli, le second père
Team manager d’antonio depuis ses véritables débuts en Mondial en 2004, Claudio de Carli est plus qu’un manager, c’est un second père pour lui. Jamais au cours des quatorze saisons qu’ils ont passé ensemble il n’y a eu d’embrouilles entre les deux, et quand Yamaha a laissé tomber De Carli, c’est bien avec lui qu’antonio s’est
embarqué dans l’aventure KTM. Six titres et huit saisons plus tard, le duo a largement rempli son contrat et nul ne connaît Antonio
mieux que Claudio. « Dès le mois d’octobre, j’ai su combien il était motivé quand j’ai vu comment il se préparait, comment il était concentré. En décembre, il était physiquement prêt, rapide sur la moto. Les tests s’étaient très bien déroulés, il était content de la moto et avant la première course, j’ai senti qu’il y avait quelque chose de différent en lui. L’un des moments fort de la saison a été le début de saison, quand il a pu se mesurer aux autres
(Internationaux d’italie, Qatar) et s’imposer. Son point fort a été de savoir gérer tout au long de la saison, d’être patient quand il le fallait et de prendre des risques quand cela était nécessaire. C’est un domaine où il est très fort, la gestion des risques, du championnat, de luimême. Il n’y a pas eu de grands changements par rapport aux années passées mais cette fois, Antonio avait pu avoir une préparation parfaite. J’ai retrouvé l’antonio de 2012-2013, très concentré sur le testing et la mise au point, prêt à tout donner pour avoir un cocktail optimum. Sa motivation était très forte. Il avait vu en 2016 que même blessé, il avait pu finir vice-champion et il savait donc ce dont il était capable. »
Jill, dix ans de patience
Complice d’antonio depuis maintenant dix ans, Jill deviendra tout juste Madame Cairoli quand vous aurez en main ce numéro de Moto Verte. Omniprésente auprès de son mari mais toujours discrète, la belle Néerlandaise tient un rôle clé dans la carrière
d’antonio. « C’est cet hiver, dans sa préparation, que j’ai senti combien il était motivé. Rien n’était vraiment différent par rapport aux années précédentes, si ce n’est, et c’est important, qu’il ne s’est pas blessé et qu’il a pu s’entraîner et développer sa moto comme il le voulait. Tout le contraire des deux années précédentes, même s’il ne s’est jamais plaint ! Ses parents lui ont appris à être dur avec luimême, mais sa blessure au bras qui a impacté un nerf l’a ennuyé pendant une année complète (2016) ce qui ne l’a pas empêché de terminer vice-champion. Sa motivation n’a jamais vraiment changé au cours des années, je ne sais d’ailleurs pas comment il fait mais il est toujours si motivé… Pour moi, le point fort de la saison, c’est Arco. Là, il a prouvé à tout le monde ce dont il était encore capable. »
Michele, le mécanicien
Les Grands Prix, Michele Lavetti y travaille
depuis plus de dix saisons et quand il a reçu un coup de fil de Claudio de Carli il y a quatre ans, il a vite fait ses bagages pour filer à Rome. Sa première saison aux côtés de Tony a été idyllique, avec un nouveau titre mondial (2014). La suite fut moins drôle, mais l’investissement de Michele auprès de son pilote est resté identique et la roue
a tourné. « Antonio partage toujours tout avec le team, qu’il gagne où qu’il perde, il est avec nous du matin au soir. Cet hiver, quand on faisait le testing, on a tous senti dans le team combien il était motivé. Je crois que la meilleure motivation est venue des critiques qu’il entendait, cela lui a donné encore plus de force. Il ne l’a jamais dit ouvertement mais on le sentait bien dès qu’il était sur la piste. On a vu qu’il voulait gagner de suite. Il n’avait encore jamais gagné au Qatar et cette année, il a fait un peu ce qu’il voulait là-bas. Quand on a pris l’avion, on a bien senti qu’il allait là-bas pour gagner, d’entrée de jeu, et c’est ce qu’il a fait. Sa plus belle manche de l’année ce fut la seconde à Arco. Je n’ai jamais vu une course comme celle-ci ! Mais son plus beau Grand Prix fut Ottobiano où il a “défoncé” tous les autres pilotes. »
Lorenzo, le confident
Ayant passé de nombreuses années chez Honda Martin, d’abord comme cuisinier puis comme team manager avant d’embrasser une nouvelle carrière de journaliste, Lorenzo Resta est très proche d’antonio, une sorte de confident avec qui Tony aime passer du temps. Gérant ses relations avec la presse et le suivant
sur toutes ses courses, y compris les rallyes auto, Lorenzo et Antonio se voient quasiment toutes les semaines puisqu’habitant tous deux non loin de
Rome. « On avait compris de suite dans l’hiver qu’il y avait chez Tony quelque chose de différent à l’approche de cette saison, il était motivé à fond pour conquérir ce 9e titre. En novembre-décembre déjà, il s’entraînait fort, sortait très peu avec ses copains, il était déjà à fond dans le travail. Il y avait une volonté très forte de montrer qu’il était encore capable de gagner face à tous ceux qui pensaient – et disaient – qu’il était fini, qu’il était vieux, que la 450 n’était pas une moto pour lui, que son style était dépassé… Il savait bien que c’était les blessures qui l’avaient gêné les deux saisons précédentes, et que d’avoir voulu à tout prix continuer à rouler blessé en 2015 était une erreur. Personne ne s’attendait à ce que Romain soit aussi fort, et s’il n’a pas arrêté c’est parce qu’il pensait qu’il pouvait accrocher le titre et il est entré dans une mauvaise spirale. Il s’était hyper bien préparé pour 2016, il avait autant travaillé que cet hiver mais la semaine avant Riola, il s’est blessé, sans doute la pire chute de sa carrière. Son mental en a pris un coup, il a un peu douté de lui, de la 450… Sans cette blessure au bras, je suis sûr qu’il se serait battu pour le titre 2016 car il était hyper rapide, hyper motivé. Cette blessure l’a empêché de bien se préparer et il a roulé avec un bras diminué tout au long de la saison. Cet hiver, il a pu travailler sereinement, il n’a pas changé grand-chose dans sa préparation mais il a travaillé comme un fou ! Il ne s’est pas blessé, et il avait une très forte volonté de gagner avec la 450, de montrer à tout le monde ce dont il était encore capable à 31 ans. Son expérience lui a permis de faire la différence, et même s’il n’en décroche pas d’autre, il aura prouvé avec ce titre qu’il était encore capable de s’imposer à la régulière à ses adversaires. »