Moto Verte

L’heure des titres…

Oui, c’est une véritable bagarre avec les éléments qu’ont dû subir les pilotes de la finale du championna­t de France d’enduro. Ambert 2017 restera gravée dans les mémoires mais a donné de superbes courses et de beaux champions.

- Par JM Pouget

La fin de saison n’est jamais évidente. Il y a la fatigue cumulée depuis de longs mois de combats. Il y a la tension pour ceux qui n’ont pas suffisamme­nt creusé l’écart avec leurs concurrent­s les plus directs. Il y a enfin les éléments qui parfois se déchaînent et compliquen­t méchamment toute cette entreprise déjà fragile. Ce fut le cas à Ambert début octobre. Alors que le vendredi s’affichait en tee-shirt, sourires et petites bières partagées avec plaisir à la buvette du paddock, samedi ressemblai­t à l’apocalypse. Une météo de chien dès le matin. Des trombes d’eau et seulement 10° dans les montagnes entourant la jolie cité du Puy-de-dôme. Au point que la spéciale 1 a dû être en partie modifiée pour les Nationaux après le passage des Élite. Trop compliquée, trop de dévers insurmonta­bles. Visibilité minimale, brouillard, averses, ça s’est compliqué encore dans le 2e chrono au point de se demander s’il était bien raisonnabl­e de laisser rouler des enduristes dans ces conditions. Mais les organisate­urs semblaient parés au pire. Et quand enfin la pluie s’est calmée un peu vers midi, tout a fonctionné quand même : chronos, communicat­ions, bénévoles veillant au grain au pied des banderoles ou aux traversées de route. Les pilotes ont fait le dos rond. Certains en cirés, d’autres avec une veste détrempée, tous criblés de boue, les motos lourdes comme des chevaux morts. Sur un parcours qui devenait au fil des tours de plus en plus défoncé mais heureuseme­nt praticable car très rocheux, les 350 engagés en ont bavé. On se souvient de Chemillé l’an passé, annulé à cause des intempérie­s du dimanche. Ou encore de St-palais il y a quelques années. Ambert 2017 restera elle aussi inscrite dans les annales comme un week-end « hard ». Pas de l’extrême

à trialistes qui sautillent sur des pneus de tracteurs en regardant s’écraser leur moto sur le bitume. Mais de l’enduro, du vrai au fond des bois et dans les prés, qui mine le mental et use les bras jusqu’au fond du slip. Plus d’une centaine d’abandons samedi rien que chez les Nationaux. Une bonne trentaine de retards de plus de trente minutes, presqu’autant de pilotes ayant manqué une ou plusieurs spéciales… Oui, costaud Ambert. Mais faisable. Avec du mental et une bonne préparatio­n.

Papa fait le job

Sportiveme­nt parlant, les titres étaient quasi joués en E1, E2, Junior, Espoir, N2, N3 et Vétéran avant Ambert. Ce n’est pas pour autant que les pilotes en question ont pu se permettre de se promener. Ils en ont bavé comme tout le monde les Tarroux (E1), Larrieu (E2), Dubost (Junior), Le Quéré (Espoir), Dujaud (N2), Perrin (N3) et

Vayssade (Vétéran). Certains d’entre eux en ont profité pour confirmer leur suprématie. D’autres devant serrer les fesses jusqu’au bout comme Jérémy Tarroux qui s’est vu éliminé samedi soir après avoir brûlé un feu rouge en traversant Ambert sous l’oeil d’un officiel ! Hé oui, même les top pilotes se doivent d’être exemplaire­s… Ce fut plus compliqué pour les catégories E3, Féminines et N1. Christophe Nambotin n’avait qu’une poignée de points d’avance sur Romain Dumontier et une main toujours douloureus­e après ses blessures des ISDE. Avec un parcours qui se démontait à chaque tour, des ornières qui se creusaient partout, on en venait même à plaindre les pilotes valides. Alors un blessé… Mais « Papa » a fait le job de façon brillantis­sime. Remportant la catégorie par deux fois et surtout claquant le scratch officieux du week-end devant Loïc Larrieu. « C’est vrai, j’ai été aidé par les conditions de course. Je suis à l’aise dans

la boue », s’excusait presque le Normand dimanche soir en essuyant le champagne qui coulait sur son visage après un arrosage en règle de la part d’éric Bernard et tout le staff KTM. Et même si Christophe ne le dira pas, il en a bavé des ronds de chapeaux dans les chemins auvergnats. Jérémy Tarroux nous confiera l’avoir suivi puis dépassé alors que Nambot’ semblait à l’agonie sur sa 300 Katé : « Il roulait comme un vieux, ça devait vraiment lui faire mal… Et dans les spéciales, il nous

« De l’enduro, du vrai, dans les bois et dans les prés, qui mine le mental et use les bras jusqu’au fond du slip… »

corrige tous ! » Bref, Romain Dumontier termine 2e, un peu dépité et on le comprend. Ce fut difficile aussi avec le même genre de scénario en Féminines. Jessica Gardiner est arrivée à Ambert avec une broche dans le petit doigt droit et une pointe d’omoplate fracturée à Réquista deux semaines avant. Pire, l’australien­ne avait vu son avance fondre comme neige au soleil et n’avait plus qu’un point sur Samantha Tichet. Mais la petite amie de Mathias Bellino n’est pas du genre à baisser les bras pour si « peu ». Elle a surtout un mental en béton armé (elle a roulé cinq jours avec un doigt fracturé aux ISDE) et n’a laissé aucune chance à la Lozérienne qui semblait fébrile dès le samedi matin : « Je n’étais pas bien tout le week-end, ça arrive », s’expliquait la pilote Yamaha. Ajoutant, sportive : « Je suis déçue mais Jess

est vraiment plus forte que moi. » Chez les Nationaux 1, Willy Rouyet était lui aussi talonné de près par Quentin Crouzet avant Ambert. Et Antoine Criq s’imposait samedi en ne lui laissant plus qu’un point d’avance pour dimanche. Finalement le Béarnais imposait sa Sherco dimanche et profitait même de la 2e place de Cyril Laurans pour prendre un peu de marge sur un Quentin Crouzet qui aura tout tenté jusqu’au bout. Ou plutôt jusqu’aux « boues »… Le CDF enduro 2017 a vécu, place au championna­t 2018 ! ❚ (résultats p.159)

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 ??  ?? Valérian Debaud a fait une fin de saison tonitruant­e en Junior. Transfigur­é par le passage au 300 2T de TM. Quel régal pour les yeux !
Valérian Debaud a fait une fin de saison tonitruant­e en Junior. Transfigur­é par le passage au 300 2T de TM. Quel régal pour les yeux !
 ??  ?? Christophe Nambotin a encore serré les dents sous la flotte et dans les cailloux d’ambert pour remporter un 8e titre français. Chapeau Papa !
Christophe Nambotin a encore serré les dents sous la flotte et dans les cailloux d’ambert pour remporter un 8e titre français. Chapeau Papa !
 ??  ?? Autre titre non usurpé, celui de Thomas Dubost en Junior. Le Grenoblois a été régulier face aux Abgrall, Blanjoue, Debaud et autres Nicolot. Éric Bernard avait encore parié sur le bon cheval.
Autre titre non usurpé, celui de Thomas Dubost en Junior. Le Grenoblois a été régulier face aux Abgrall, Blanjoue, Debaud et autres Nicolot. Éric Bernard avait encore parié sur le bon cheval.
 ??  ?? Samedi, c’était l’apocalypse à Ambert. Mais les organisate­urs, le public et les pilotes ont répondu présents, comme ici dans la spéciale 1 avec un Anthony Geslin en dérive devant une haie de parapluies. Pas toujours Ibiza l’enduro…
Samedi, c’était l’apocalypse à Ambert. Mais les organisate­urs, le public et les pilotes ont répondu présents, comme ici dans la spéciale 1 avec un Anthony Geslin en dérive devant une haie de parapluies. Pas toujours Ibiza l’enduro…
 ??  ?? Christophe Nambotin retrouve la plaque numéro 1 en E3 après une saison difficile face à Romain Dumontier. Anthony Geslin complète le podium.
Christophe Nambotin retrouve la plaque numéro 1 en E3 après une saison difficile face à Romain Dumontier. Anthony Geslin complète le podium.
 ??  ?? Le clan Yamaha a fêté le titre E2 de Loïc Larrieu, le deuxième en deux saisons. Jérémy Joly et Manu Albepart complètent le trio de tête de la catégorie.
Le clan Yamaha a fêté le titre E2 de Loïc Larrieu, le deuxième en deux saisons. Jérémy Joly et Manu Albepart complètent le trio de tête de la catégorie.
 ??  ?? Léo Le Quéré a fait une saison incroyable et termine champion de France Espoir sur sa TM 125. Le jeune Breton est aussi 2e du championna­t du monde avant la finale.
Léo Le Quéré a fait une saison incroyable et termine champion de France Espoir sur sa TM 125. Le jeune Breton est aussi 2e du championna­t du monde avant la finale.
 ??  ?? Bravo à Jess Gardiner (au centre), Samantha Tichet et Juliette Berrez. Elles n’ont rien lâché à Ambert malgré ces conditions de dingue.
Bravo à Jess Gardiner (au centre), Samantha Tichet et Juliette Berrez. Elles n’ont rien lâché à Ambert malgré ces conditions de dingue.

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