À l’abordage des petits 4T!
L’essayeur MV rame mais ça ne va pas durer. Les 250 quatre-temps enduro 2018 viennent de débarquer. Il est temps de vérifier ce qu’elles ont dans le ventre. Direction la terre ferme du Limousin où les Sherco SEF-R, Yamaha WR-F, KTM EXC-F et Husqvarna FE v
«Ma première moto était un 250 4T KTM en 2007, ça n’a plus rien
à voir… », Sébastien, invité sur ce match, résume parfaitement la situation. S’il y a quelques années les petits moteurs à soupapes restaient encore perfectibles face à la puissance et la souplesse des cylindrées supérieures, ce n’est plus le cas avec désormais des motos extrêmement performantes tout en restant accessibles. Faciles à prendre en main tout en présentant un moteur au caractère bien trempé capable de faire vibrer les compétiteurs de tout poil… La catégorie ratisse large, du chasseur de chronos à l’adepte de la balade dominicale entre potes. Les 250 4T actuels plaisent et nous avons choisi de ne pas traîner pour organiser ce match 2018. Il fallait des chemins à la hauteur. Direction le Limousin, terre Glcesque, donc forcément de quoi tester efficacement. Christophe Meillat, ancien concessionnaire Kawa à Limoges (10 Dakar, 8 GLC, 10 Touquet, championnats nationaux trial et enduro…), a depuis peu ouvert son centre tout-terrain à Compreignac (87) où il propose stages et randos. Il nous a proposé de découvrir les lieux (spéciale prairie/sous-bois, spéciale extrême, parcours initiation et des hectares privés). Nous voilà prêts pour attaquer les séances photo et tester les machines. Les KTM et Husqvarna ont été sérieusement remaniées l’an passé. Mis à part une fourche retouchée et l’arrivée de freins Magura sur la FE, les changements sont minimes et les deux incontournables sont présentes. La Sherco évolue un peu plus. Rien de radical mais quand même de quoi modifier son comportement. Yamaha a tenu à présenter la WR-F inchangée dans sa version Endurogp. Elle a une belle déco, des protège-mains et un silencieux Akrapovic. Ça fera quatre motos pour ce comparatif qui aurait pu se dérouler à six. À l’heure d’écrire ces lignes (fin septembre), les photos des nouvelles TM n’étaient toujours pas dévoilées. D’après le distributeur, il n’y aurait guère de changements annoncés mis à part la déco. On y reviendra plus tard. La Honda 250 CRF Enduro R est en attente de l’arrivée de la cross. Va falloir patienter. Un site TT et des hectares à disposition pour prendre contact et débuter l’essai, une spéciale en prairie et sous-bois chronométrée, une virée de deux heures dans d’excellentes conditions, puis une matinée de rando sous la pluie, voilà le programme prévu pour nos quatre machines…
tout. Mais force est de constater que les motos d’enduro actuelles, notamment ici les 250 quatre-temps, ont atteint un tel niveau qu’il est de plus en plus difficile de trouver à redire lors des premiers tours de roues. C’est le cas ici. La Sherco se distingue par cette faculté à tout de suite vous mettre à l’aise. Elle est fine entre les jambes, l’ensemble court et compact se dirige facile, on prend immédiatement ses marques. Elle démarre au premier coup de pouce dans une sonorité discrète, juste assez « racing » pour vous faire vibrer. Les commandes sont douces, précises, le moteur facile et les suspensions confortables au premier abord. On se sent bien sur la SEF-R. Le constat est similaire aux commandes de l’husqvarna. Elle est à peine plus large entre les jambes. La position est agréable sur un ensemble que l’on domine bien. Sonorité discrète, on enclenche la première sans appréhension et c’est parti ! Sur les premières irrégularités du terrain, on apprécie instantanément le confort, les suspensions moelleuses en début de course qui gomment tout. Le moteur propose une souplesse largement suffisante pour prendre ses marques en douceur. Avant la refonte de l’an passé, la KTM était plus menue que la FE au niveau des ouïes. Ce n’est plus le cas mais L’EXC-F reste un petit gabarit. Commandes précises, bonne position, l’ensemble paraît joueur, léger et ça se ressent dès les premiers virages où elle se place facile. Moteur docile, la prise en main est sans souci sur la Katé. La Yamaha est un peu plus atypique. La position est agréable mais l’avant fait plus imposant. Démarreur, les quatre soupapes sonnent clair. Au coup de gaz, c’est même assez bruyant. Le silencieux Akra n’y est pas étranger. Elle est plus volumineuse de l’avant mais dès les premiers mètres, c’est facile. Un très bon feeling des commandes, un moteur souple qui flirte sans problème avec les sous régimes, on s’adapte naturellement à la WR-F et l’on oublie instantanément son gabarit un peu moins menu. L’ensemble posé paraît plus pataud, voyons cela…
Maniabilité
Virage serré autour d’un arbre, freinage appuyé suivi d’une ornière profonde, chicanes en dévers… La spéciale comprenait pas mal d’enchaînements où une moto lourde et pataude ne facilite pas la tâche. Ça tombe bien, aucune des motos de l’essai n’est dans ce cas. Et parmi les chemins empruntés pendant nos deux virées, il y avait largement de quoi déstabiliser nos candidates. Une certaine hiérarchie se forme quand même. La Sherco et la KTM sont vraiment emballantes dès que ça se resserre. On domine idéalement la 250 SEF-R, elle s’inscrit naturellement dans les entrées d’épingles. Fine, elle se manie facile dans les enchaînements techniques. La KTM est aussi épatante. L’inertie moteur est même légèrement moins présente et sa partie-cycle plus légère est réactive. Un régal
dans le sinueux. L’husqvarna joue quasiment dans la même cour. Ses suspensions très moelleuses en début de course la rendent un poil plus pataude, mais là aussi pour filer entre les arbres ou trialiser sur un passage technique, il y a une arme. La Yamaha est un peu moins légère à manoeuvrer quand il s’agit de zigzaguer sur un sentier. Malgré cette largeur au niveau des ouïes, l’ensemble est toutefois facile à diriger et se place sans effort. Cependant, son côté plus « spongieux » la rend moins agile en franchissement. C’est un peu plus lourd pour cabrer, pivoter…
Motricité
Chercher l’adhérence maxi pour chasser le chrono sur une belle spéciale en herbe, négocier une grimpette glissante et piégeuse, ouvrir les gaz en sortie de dévers… Voilà des situations où une bonne motricité est prédominante et si ça patine, t’as perdu. Avec la Sherco, on joue plutôt la gagne. Sortie de virage en dévers, à l’accélération, l’arrière reste posé et ça mord. Ça tracte également sur les grimpettes délicates. Pas de rebonds synonymes de perte d’adhérence, ça motrice jusqu’au sommet, là où la KTM plus « sautillante » peut décrocher. L’EXC-F a pourtant progressé dans ce domaine, mais il lui manque un truc par rapport à la Sherco très efficace. La Yamaha a aussi son mot à dire s’il faut que l’arrière accroche. Elle tracte fort sur les secteurs les plus glissants. C’est quasiment de la trempe de la Sherco. Son moteur peut juste se montrer un peu moins sage et couper l’élan. Sinon sur la Japonaise, ça passe au sol. L’husqvarna n’a pas vraiment laissé entrevoir de faiblesses. Elle est moins remuante que la KTM tout en restant un léger ton en dessous de la Sherco. Pourquoi ? Elle demande plus de précision sur la position adoptée. Un peu trop sur l’arrière, elle va se redresser plus vite. Trop à l’avant de la selle, elle peut décrocher sèchement et pour rattraper l’erreur (se replacer), c’est moins évident que sur la Yam ou la Sherco.
Stabilité
Lors de notre balade, nous nous sommes posés sur un chemin large et rapide, par endroits caillouteux ou défoncé. Bref, un aller/retour avec chaque machine a conforté nos impressions quant à la stabilité de ces 250 quatre-temps. Sur une première partie plus lente, la KTM maintient le cap, mais un obstacle cassant genre caillou ou une belle racine peut faire remuer l’arrière. Une sensation qui se traduit principalement sur un faux rythme car dès que la vitesse augmente, il n’y a rien à redire sur son comportement, elle taille droit. On peut accélérer l’allure en confiance, l’avant ne bouge pas et une fois lancée, l’arrière suit. On ne rencontre pas ce léger désagrément sur l’husqvarna. C’est le grand confort pour y aller en douceur tout en étant très sérieuse et bien équilibrée en mode
attaque. Le pilote élite l’aurait trouvé trop souple sur les gros changements de rythme de la spéciale. Seulement pour du très gros gaz, quoi ! Nous lui avions trouvé un train avant fuyant l’an passé, la Sherco n’a plus de problème du genre. L’ensemble bien équilibré et bien suspendu gomme efficacement les petites irrégularités comme les plus grosses cassures de ce chemin révélateur. La fourche peut amortir sèchement mais sans avoir une seule fois décroché durant ces deux jours d’essai. La fourche de la Yam n’a pas été aussi convaincante. Un peu trop ferme sur les petits chocs, le grip sur l’avant fut moyennement convaincant. Pour rouler tranquille, pas de problème. À l’attaque, on est un peu moins serein.