#1 HONDA CR 250 M ELSINORE 1973
Au début des années 70, le marché du motocross est bien différent de celui que l’on peut connaître aujourd’hui. En clair, la production de machines de MX se résume à la seule production européenne représentée par des marques comme CZ, Maïco ou Husqvarna. Si le sport qu’est le motocross est dynamique en Europe depuis l’après-guerre et que les compétitions prennent de l’ampleur, la fabrication de ces machines ultra-spécialisées est en revanche largement confidentielle et tient plus de l’artisanat que de la distribution organisée. Le développement de la pratique du TT aux États-unis va marquer un tournant. Face à ce potentiel de développement, Honda – alors plus connu pour ses productions de cyclos, scooters et petites cylindrées à motorisation mono et multicylindres 4T – décide de frapper un grand coup en développant une machine dédiée à la pratique du motocross qui soit « race ready ». C’est-à-dire prête à s’aligner derrière une grille de départ sans modifs autres que les réglages de base. Une quasiévidence aujourd’hui qui est loin d’être / MOTOVERTE
L’innovation :
1re machine de MX produite en grande série 1re Honda 2T 1re machine de MX équipée d’un habillage plastique
Ce qu’elle enterre:
Les productions artisanales européennes Les habillages métalliques Le 4T en MX
la norme à l’époque avec les machines européennes qui demandent un important travail de préparation et fiabilisation pour être vraiment compétitives. C’est à partir de 1971 qu’honda développe son projet en transgressant un de ses principes fondateurs : l’utilisation de la motorisation 4T. Face aux spécificités de la discipline qui impose en premier la légèreté de l’ensemble, la marque ailée développe une mécanique 2T de conception simple et basique. Dans leur chasse au poids, les ingénieurs ont recours à des carters en magnésium, à une grande quantité de pièces en aluminium, dont le réservoir, et à un habillage en plastique. Une première puisque garde-boue et caches latéraux étaient à cette époque en métal. Solides, mais lourds, et accessoirement dangereux pour les pilotes. Parallèlement, les rouges soignent la finition, les composants électriques et l’ergonomie d’ensemble pour offrir une fiabilité jusqu’alors inédite pour les compétiteurs. Annoncée en octobre 1972, Honda ne soigne pas seulement le produit et ses performances, mais également la communication en enrôlant l’acteur star de l’époque Steve Mcqueen (pilote amateur lui-même que l’on verra en action dans « On Any Sunday » du documentariste Bruce Brown au guidon d’une HVA) pour vanter les mérites de la CR 250 M Elsinore dans un superbe spot publicitaire. L’impact est considérable et l’elsinore atteint un niveau de popularité inédit pour une machine tout-terrain. Au point de devenir LA moto fidèlement reproduite du fameux Big Jim des jouets Mattel, soit l’action Man de l’époque. Sur le terrain – et c’est là le véritable succès d’estime de cette machine – l’elsinore se montre maniable, légère, et les 29 chevaux du 2T offrent une vivacité dans la réponse à l’accélération inédite et des performances de premier plan. La mécanique et le châssis font preuve d’une fiabilité presque sans faille. Débauché de Yamaha, Gary Jones lui donnera son premier titre AMA Motocross Outdoor dès 1973 et crédibilisera d’emblée la nouveauté et son potentiel. Le large réseau de distribution d’honda au pays de l’oncle Sam achèvera le tableau en distribuant la première des 250 CR aux quatre coins de l’amérique pour en faire un véritable succès commercial et la première machine de cross construite en grande série. ❚