FWR 85, une Suz « high-tech »…
Dépassée par les événements en termes de performances, la Suzuki 85 RM a déserté les parcs. Un passionné italien a décidé de se pencher sur la question en créant cette FWR. Une 85 Suz revisitée au niveau châssis et moteur…
Mmotooteur souple, châssis bien né,
polyvalente et homogène… La Suzuki 85 RM ne manquait pas d’atouts. Seulement, par manque d’évolutions, au fil des saisons, cette machine s’est retrouvée dépassée au point qu’elle n’est même plus au catalogue Suzuki France. Mais un Italien passionné a décidé qu’il y avait encore quelque chose à faire avec cette moto mythique : « On a commencé en faisant seulement des kits de transformation pour 85 RM, attaque Claudio Bissaro. On a d’abord développé un châssis avec un cadre en aluminium. Puis on s’est penché sur le moteur. Et une fois ces deux éléments au point, on a naturellement décidé de proposer une moto complète que l’on a présentée lors du dernier salon de Milan. » Ces FWR sont montées à partir de machines d’origine provenant directement de chez Suzuki : « Suzuki Europe a encore pas mal de stock sur ces modèles. Et ils ont du mal à les vendre puisqu’elles ne répondent plus aux attentes des clients. Ils me font donc vraiment
des bons prix. » Pour tenter de remettre cette RM au goût du jour, il a fallu réaliser un gros travail : « La moto dispose désormais de deux radiateurs (un seul d’origine) fabriqués par un artisan italien. Le vilebrequin est différent et l’on a aussi développé un allumage plus moderne qui offre deux courbes au guidon et la possibilité d’adapter dans les moindres détails le comportement du moteur. Cet élément nous est fourni par Hidria en Slovénie qui produit aussi pour KTM. Tout le reste est fabriqué à l’unité de manière artisanale en Italie. L’angle de chasse est passé de 28° à 26,5°. Les éléments de suspensions restent d’origine mais ils ont été adaptés à cette nouvelle géométrie. L’hydraulique de la fourche est différente et le débattement à l’amortisseur est désormais de 300 mm. L’une des pièces les plus importantes de cette moto reste la partie arrière du cadre moulée en carbone qui intègre aussi une boîte à air bien plus grande. C’est ce qui permet de gagner le plus de puissance. L’arrivée d’air est bien plus importante puisque cette 85 reçoit désormais un filtre de 450 RM-Z. La boîte à clapets a été également déplacée vers l’avant grâce à une modification du carter. La culasse est spéciale. Le bras oscillant et les roues restent d’origine. »
En piste
Malgré mes 1,80 m, les quelques tours effectués au guidon de cette 85 m’ont permis de constater que l’ensemble semblait sain. La moto vibre un peu, mais ça reste largement supportable. Le moteur se montre assez pointu sur la courbe qui offre le plus de puissance mais se révèle plus souple sur la deuxième option. Pour avoir une analyse plus poussée, on a confié cet obus à Maxime Grau, troisième du championnat de France Minivert en 2016 : « J’ai bien aimé le gabarit de cette moto. Elle est plus petite que ma Husqvarna et finalement plus à ma taille puisque je ne suis pas très grand. Le galbe du guidon me convient parfaitement. On a réglé un peu les leviers et je me suis senti tout de suite à l’aise
« Un joli travail pour créer un véritable prototype. »
avec. Les freins sont performants. J’ai eu du mal à exploiter le moteur au début sur la courbe de puissance 1. J’étais toujours entre deux rapports. La moto avait du mal à accepter le rapport en plus et sur la vitesse du dessous, j’étais en surrégime. Sur la map 2, la moto est un peu moins puissante et surtout moins vive en bas. En revanche, le moteur est plus souple. J’ai préféré cette option. Le circuit assez meuble ne m’a pas permis de voir comment se comportaient les suspensions dans toutes les situations. Mais une fois réglées à mon poids, j’ai globalement ressenti de bonnes sensations au niveau du châssis qui offre un bon compromis de stabilité et de maniabilité. J’ai vraiment trouvé cette moto légère. Elle encaisse aussi bien les gros chocs. » Selon Claudio, le moteur de cette FWR serait plus puissant que celui d’une KTM ou d’une Husqvarna. Néanmoins, Maxime Grau n’échangerait pas sa Husky. « Je pense que ma Husqvarna préparée reste plus
performante, mais avec deux/trois ajustements, comme la préparation des suspensions, une courbe de puissance différente et une démultiplication plus courte, je pense que je pourrais sans doute aller aussi
vite avec cette FWR. » Difficile de trancher sur cette question puisque nous n’avions pas sous la main de 85 Husqvarna d’origine pour comparer mais quoi qu’il en soit, cette FWR offre des performances honorables. Malheureusement, le budget qu’il faudra sortir pour cette machine proche d’un prototype reste élevé : « Le tarif varie en
fonction de la finition et de la préparation mais il faudra compter dans les 7 800 euros. On peut aussi acheter juste le kit et l’adapter à sa 85 RM d’origine. Cette moto est pour le moment vendue en Belgique, en Suisse, en France, en Slovénie… On espère faire cinquante motos cette année et nous ne souhaitons pas faire plus. » FWR est en effet une toute petite marque avec des ressources humaines limitées et un autre projet d’envergure qui pourrait bien
occuper Claudio dans les prochains jours : « Nous sommes déjà en train de travailler sur une nouvelle version de châssis pour cette 85 et nous allons également présenter l’année prochaine à Milan une 125 sur laquelle ont a créé notre propre moteur. Le but n’est pas de faire la guerre à KTM ou Husqvarna mais de proposer des motos qui sortent de l’ordinaire à des gens qui veulent quelque chose de différent. » ❚