Le VTT à assistance électrique est-il une alternative à la moto d’enduro?
Le VTTAE est à la mode. Nombreux sont les pilotes d’enduro à s’intéresser à l’activité. Mais est-ce vraiment comparable à la moto ? Nos trois intervenants investis dans les deux milieux nous livrent des analyses intéressantes…
christophe nambotin Triple champion du monde d’enduro
« Pour l’instant, je me suis pas mal servi de mon VTTAE pour l’entraînement, pour la récup’, pour le foncier, mais je n’ai pas beaucoup roulé dans le technique. J’apprécie le VTTAE pour travailler physiquement. On peut faire de l’intensité comme avec un VTT musculaire. Ça reste une activité que j’apprécie, mais je n’irais pas jusqu’à dire que ça pourrait remplacer la moto. Même si la technique de pilotage peut s’en rapprocher, les sensations de vitesse sont bien inférieures. Et l’on ne retrouvera jamais sur ces vélos les sensations d’accélération qui nous plaisent à moto. En revanche, ça permet d’aller dans des endroits où l’on ne peut plus aller à moto. Ça peut représenter une solution dans les régions où l’on ne peut plus rouler à moto. La moto électrique correspond sans doute plus aux attentes d’un pilote d’enduro. Un VTTAE débridé apporte déjà un peu plus de sensations de vitesse. Ça demande une carte grise, mais comme les enduristes sont déjà habitués à cette contrainte, ça pourrait marcher. J’apprécie le VTT, le VTTAE et la moto. Il faut se battre pour conserver les trois. »
Jean-michel Paquient Directeur général de la SIMA (distributeur motos Gas Gas et VTTAE Fantic)
« Ça va dépendre du profil du client. Pour un vrai compétiteur, ça peut constituer un complément mais pas une alternative. Pour un pratiquant qui a quelques soucis physiques et qui ne peut plus pratiquer la moto, ça peut représenter une solution pour continuer à rouler. On a décidé de distribuer les VTTAE Fantic parce que le produit nous a scotchés la première fois qu’on l’a essayé il y a trois ans. J’ai été surpris par l’efficacité de l’engin, le plaisir qu’il procure et son niveau de mise au point. On s’est ensuite dit que les sensations que l’on éprouvait au guidon de ces engins pouvaient plaire aux enduristes. Surtout les modèles typés enduro et DH. Mais quand on vend ces produits à des enduristes, c’est généralement en complément de leur moto. J’ai entendu un distributeur me raconter qu’un de ses clients avait vendu sa moto pour acheter un VTTAE. Mais c’est un cas unique. Les sensations que procure le VTTAE sont bien différentes de ce que l’on peut ressentir sur une moto. En revanche, le VTTAE a des arguments à faire valoir d’un point de vue écologique et du “politiquement correct”. »
fred glo Patron de Tribe Sport Group (produits motos et vélos)
« Le VTTAE peut constituer une alternative au même titre que le VTT musculaire, la course à pied, le vélo de route… Certains enduristes pourraient se reconnaître dans le VTTAE si l’on privilégie dans sa pratique le fait de parcourir de beaux chemins dans la nature. La zone de pratique en enduro moto s’est réduite de par les contraintes environnementales. Pour l’instant, il est plus facile de pratiquer du VTT ou du VTTAE. Mais pour moi, la comparaison s’arrête là. Le VTTAE est un vélo avec une assistance et non un engin propulsé avec un moteur. Ce n’est pas la même chose. Et quelqu’un pour qui la priorité est de tourner la poignée de gaz, de faire des chronos, de ressentir l’adrénaline des trajectoires ne s’y retrouvera pas avec un VTTAE. Pour ces gens, il vaut mieux se tourner vers une pratique de la moto sur circuit. En revanche, ceux pour qui la priorité est de randonner tranquillement dans la nature et faire de l’activité physique, alors le VTTAE peut être une solution. On peut trouver quelques similitudes au niveau du pilotage dans les descentes. Le VTTAE a ouvert l’accès au VTT à bien plus de monde, qu’ils soient motards ou pas. »