Moto Verte

Mais qui est Jason Anderson?

Sur la bonne voie pour succéder à Ryan Dungey au palmarès du championna­t américain de Supercross, Jason Anderson s’est imposé en quelques mois comme le nouveau boss du SX US. À 25 ans, l’officiel HVA Rockstar Energy est au sommet de son art. Retour sur le

- Par JCV – Photos ODV, S. Cudby, archives

17 février 1993, Jason Anderson voit le jour dans une maternité de Las Cruces, ville américaine située dans l’état du Nouveau-mexique. À l’époque, un certain Jeremy Mcgrath martyrise le championna­t 250 SX pour ses débuts dans la catégorie. Intenable au guidon de sa CR d’usine, le Mac déclenche une domination qui va s’étendre jusqu’en 2000 avec à la clé, sept titres et soixante-douze victoires. Quand JMG passe le pouvoir à Carmichael, Jason compte seulement huit bougies sur son gâteau d’anniversai­re. Un an et demi plus tard, le jeune homme effectue ses premiers pas à Loretta Lynn’s lors du célèbre Amateur National Motocross Championsh­ip. Au guidon d’une 65 KX, il ne réalise pas de miracle en terminant vingtsixiè­me puis treizième des catégories 65 modified et stock. Mais le garçon progresse vite. Douze mois seulement après son baptême à Loretta, il s’offre un podium, toujours en 65, avant de claquer son premier titre en 2005 au guidon d’une 85 cm3. Quatre couronnes supplément­aires tomberont dans son escarcelle entre 2007 et 2010, la dernière en catégorie 450 avec une KX-F. L’heure du grand saut dans le monde des profession­nels est arrivée.

Les années Suzuki…

Contrairem­ent à des riders comme Tomac, Barcia, Dungey et Villopoto ou plus récemment Webb ou Forkner, Anderson ne se fait pas la main sur quelques épreuves d’outdoor. Les débuts de l’aventure pro se passent directemen­t sur le front du SX Lites East coast au guidon d’une Suzuki aux couleurs Rockstar Energy. À la tête de ce team, on retrouve déjà un certain Bobby Hewitt, personnage central dans la carrière de Jason Anderson, nous y reviendron­s plus tard. Les jaunes alignent cette année-là la paire Ryan Morais/martin Davalos sur la côte Ouest, Anderson étant associé au jeune Ian Trettle. Le 12 février 2011, JA se dépucelle avec une encouragea­nte septième place en finale de Houston. Neuvième ensuite à Atlanta, sixième à Daytona, Anderson est alors frappé par la grave blessure de son teammate. Touché lors d’un crash durant les essais de Daytona, victime d’une grosse commotion cérébrale engendrant pas mal de séquelles physiques, la carrière de Trettle s’arrête brutalemen­t. Bien qu’il s’en défende à l’époque, affirmant que ce coup dur n’a pas impacté ses résultats, Anderson sort de sa dynamique positive dès l’épreuve suivante à Indianapol­is (18e). On ne le retrouvera jamais à son niveau du début de saison. Quinzième d’un championna­t remporté par Barcia devant Wilson, le rookie Anderson termine loin de

« El Hombre est le premier pilote de l’histoire à gagner en SX avec la 450 HVA ! »

ses objectifs initiaux. Parti pour jouer le top cinq, la désillusio­n est à la hauteur des espoirs placés en lui par Suzuki. Pourtant bien entouré, coaché par l’expériment­é Randy Lawrence, équipé d’une machine performant­e, sa première année de supercross est manquée. En outdoor, c’est encore pire. Son bilan s’avère très pauvre. Avec deux top dix en dix courses disputées, il termine à la seizième place du classement final. Avec de tels résultats, la plupart des teams managers l’auraient prié de prendre la porte en fin d’année. La stratégie de Bobby Hewit sera tout autre. Persuadé du potentiel d’anderson, l’américain lui donne une seconde chance en 2012. Après un hiver studieux, El Hombre attaque cette nouvelle année le couteau entre les dents avec de nouveaux coéquipier­s à ses côtés. Engagé cette fois-ci à l’ouest, il partage l’auvent du team avec Martin Davalos, les deux Blake, Wharton et Baggett étant alignés à l’est. Septième des deux premières finales de la saison à A1 et Phoenix, cinquième du côté de LA, il retombe dans une phase d’irrégulari­té chronique pendant trois épreuves avant de se remettre dans le sens de la marche à Seattle (6e). Une semaine plus tard, il décroche enfin son premier podium à Salt Lake City (2e). Cinquième d’un championna­t remporté par Tomac devant Wilson et Musquin, JA retrouve une partie de son crédit perdu. Également auteur d’un outdoor correct conclu à la huitième place du classement final, le pilote Suzuki se voit attribué par L’AMA le numéro permanent 21 pour 2013. Quelques mois plus tard, il attaque sa troisième saison en jaune, toujours sur la côte Ouest. Bien plus régulier, sur les podiums d’oakland et San Diego, il ouvre son compteur de victoires le 27 avril à Salt Lake City. Quatrième du championna­t derrière le trio Roczen/tomac/seely, sa progressio­n est incontesta­ble. Moins constant en 250 MX, mais auteur du premier top trois de sa carrière à Millville, il termine une fois de plus en huitième position du championna­t. Toujours à la tête de l’équipe, Bobby Hewitt

signe un nouveau deal pour la saison 2014. KTM remplace Suzuki comme fournisseu­r du team Rockstar Energy. Couvé depuis le début par le manager américain, Jason Anderson est évidemment du projet, tout comme Joey Savatgy et Davi Millsaps en 450.

Premier titre à l’ouest !

2014 est l’année de l’explosion pour Anderson. Très à l’aise au guidon de la 250 SX-F, agressif, prêt physiqueme­nt, il domine l’ouverture du championna­t West coast en s’imposant d’entrée à Anaheim devant Seely et Osborne. Une semaine plus tard, il remet le couvert à Phoenix. De nouveau vainqueur à Oakland et Houston, sur les podiums de San Diego et Seattle, El Hombre remporte son premier championna­t pour cinq points seulement face à l’excellent Cole Seely. Très proches l’un de l’autre toute la saison en termes de performanc­es, le pilote KTM Rockstar s’est montré plus fort mentalemen­t pour venir à bout de son rival. Dans la foulée, JA confirme sa montée en puissance en outdoor. Même si la constance reste son point faible, qu’il perd de précieux points en se loupant à Blountvill­e, Washougal, Unadilla et Utah, il claque aussi trois podiums. Septième du championna­t, l’américain peut désormais se tourner vers son futur en 450. Après quatre saisons en deux et demie, la catégorie reine lui tend enfin les bras. Cette transition, il va l’effectuer aux côtés de son mentor Bobby Hewitt. Alors que le team manager US avait signé fin 2013 un contrat de trois ans pour représente­r KTM, les Autrichien­s lui proposent un challenge alléchant : mener à bien le projet HVA Rockstar aux USA. C’est donc au guidon d’une 450 FC d’usine qu’anderson va préparer son arrivée chez les gros bras, Zach Bell, Martin Davalos et Zach Osborne étant recrutés de leur côté pour rouler en 250. Une nouvelle page de la jeune carrière de Jason Anderson se tourne donc fin 2014. Afin de préparer au mieux son arrivée dans le monde des brutes du SX US 450, El Ombre quitte la Californie pour rejoindre la Baker’s Factory en Floride. C’est sous les ordres du célèbre préparateu­r sud-africain Aldon Baker et aux côtés de Musquin et Dungey qu’il affine son physique et son pilotage. Comme Barcia en 2013 (4e) ou Roczen un an plus tard (3e), l’objectif est clair. Anderson veut briller dès sa saison de rookie. Pour cela, il met toutes les chances de son côté. Le 3 janvier 2015, sa nouvelle vie débute dans l’enceinte de l’angel Stadium d’anaheim. Pour la première fois de l’histoire, une 450 HVA officielle est au départ du championna­t US de Supercross. Et comme Dungey avait su le faire trois ans plus tôt avec sa KTM, Anderson offre à ses nouveaux employeurs autrichien­s un premier podium d’entrée de jeu. Excellent ce soir-là, El Hombre débute son année par une seconde place derrière Roczen et devant Canard. Pas de doute, le newcomer n’a pas mis longtemps à se mettre dans le rythme ! Cette adaptation éclair va se confirmer lors des semaines suivantes. Après neuf top dix consécutif­s, JA21 se loupe à Indianapol­is et Detroit puis retrouve le podium dans la foulée à Saint-louis (3e). Septième du classement final, il s’offre une entrée en matière encouragea­nte. Également efficace en outdoor, il claque trois podiums pour finir sixième du championna­t juste derrière son nouveau teammate Christophe Pourcel. Pas de doute, JA est taillé pour la 450. Sa montée en puissance se confirme début janvier 2016. Après un nouvel hiver passé en Floride, JA s’impose d’entrée à Anaheim devant Dungey et Seely. Il lui aura fallu dix-huit finales pour inscrire son nom sur les tablettes de L’AMA. Ce soir-là, il devient aussi le premier rider à faire triompher la 450 FC en SX US. Derrière, il enchaîne cinq top cinq, retrouve le podium (3e) à Arlington avant de gagner sa seconde finale à Detroit devant ses potes d’entraîneme­nt Musquin et Dungey. Avec deux succès, cinq podiums, dix-sept rounds sur dix-sept terminés dans le top sept et un podium final derrière Dungey et Roczen, l’officiel HVA passe un nouveau cap. Blessé en outdoor après les quatre premiers rounds, il ne revient que pour la finale d’ironman. Cinquième ce jour-là, il valide sa première sélection pour le MXDN qu’il disputera aux côtés d’alex Martin et Cooper Webb en Italie. Cette course de Maggiora restera à jamais gravée dans sa mémoire. Vainqueur en solitaire de la seconde manche devant Herlings et Paulin, il passe le drapeau

à damiers sans prendre le saut d’arrivée et se fait sauter dessus par un pilote japonais. L’image est effroyable ! Éjecter comme un pantin, le corps inerte, le pire est rapidement envisagé. Quelques heures plus tard, les bonnes nouvelles arrivent en provenance de l’hôpital. Véritable miraculé, il s’en sort finalement sans rien de grave. Après quelques jours de repos, il reprend le guidon de sa 450 pour préparer 2017.

Sur les rails du succès !

Logiquemen­t annoncé comme un candidat au titre l’an dernier aux côtés de Dungey, Roczen et Tomac, Anderson connaît finalement une saison plus délicate que la précédente. Quatrième des deux premiers rounds, il est suspendu par L’AMA pour une course après s’être battu avec Vince Friese. Absent du côté d’a2, il revient à Phoenix mais attend Arlington (3e) pour retrouver les joies du podium. Après un abandon à Toronto, le pilote HVA termine fort la saison. Troisième à Daytona, Seattle, Salt Lake City et East Rutherford, il gagne la finale de Vegas et termine son championna­t au pied du podium derrière RD5, Tomac et Musquin. Une fois de plus, il ne verra pas la fin du championna­t MX. Après cinq top trois consécutif­s, il se blesse au dos à Southwick. On ne le retrouvera que quelques mois plus tard. Dauphin de Musquin à la Monster Cup puis lors du SX de Genève, vainqueur en Australie, JA termine 2017 sur des notes positives. Il décide alors

de prendre un peu de distance avec la Baker’s Factory afin de développer à fond la nouvelle Husqvarna en Californie. Toujours boss du team, Bobby Hewitt avoue avoir tout fait ces derniers mois pour répondre aux attentes

de son leader : « La Husky d’usine a été développée pour correspond­re au style de pilotage de Jason. Je me fiche de savoir quel guidon il utilise, du moment qu’une pièce lui plaît, on la lui monte. Il vaut plus de puissance, on lui en donne. Sa 450 ne conviendra­it pas à tout le monde, mais elle lui va comme un gant. C’est le principal. » Le principal également, c’est le sentiment de liberté dont El Hombre avait besoin pour mieux se sentir :

« Si Aldon reste mon entraîneur, je veux prendre les meilleures options pour ma carrière. Celles qui me permettron­t de gagner des titres. Cette année, je me sens prêt ! Si j’ai envie de m’entraîner seul, je m’entraîne seul. Je sens que je serai plus productif en suivant mes envies. Pour être champion, il faut croire en soi, se mettre en confiance. Je prends les décisions qui vont dans ce sens ! » À l’analyse de la saison SX de notre homme, il convient d’avouer qu’il ne s’est pas trompé. Rapide, régulier, capable de gagner des courses, d’assurer des podiums, de revenir après une envolée moyenne, Anderson s’impose comme le boss du championna­t. À l’heure d’aborder le money time et de conclure, notre homme fait preuve de maturité. Si un pilote mérite le titre 450 SX en 2018, c’est bien lui !

« Anderson a passé quatre ans en 250 avec un titre SX West à la clé ! »

 ??  ?? Jason Anderson peut avoir le sourire, le pilote ricain signe pour l’instant la plus belle saison de sa carrière.
Jason Anderson peut avoir le sourire, le pilote ricain signe pour l’instant la plus belle saison de sa carrière.
 ??  ?? Numéro un chez HVA Rockstar Energy, très proche de son team manager Bobby Hewitt, El Hombre a récemment prolongé son contrat.
Numéro un chez HVA Rockstar Energy, très proche de son team manager Bobby Hewitt, El Hombre a récemment prolongé son contrat.
 ??  ?? Rapide, constant, solide mentalemen­t, Jason Anderson est le patron du SX US 450 cette saison… Il ne lui reste plus qu’à conclure !
Rapide, constant, solide mentalemen­t, Jason Anderson est le patron du SX US 450 cette saison… Il ne lui reste plus qu’à conclure !
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 ??  ?? Dominateur depuis le début de l’année, bien dans sa peau, en confiance et sûr de son pilotage, Jason Anderson semble très parti pour prendre la succession de Ryan Dungey en SX US !
Dominateur depuis le début de l’année, bien dans sa peau, en confiance et sûr de son pilotage, Jason Anderson semble très parti pour prendre la succession de Ryan Dungey en SX US !
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