Moto Verte

Vive le sport

- Bertrand Sanlaville, Directeur de la rédaction

Paradoxale­ment, le monde dans lequel nous vivons offre un espace de liberté d’expression jamais atteint avec la multitude de canaux mais le « politiquem­ent correct » se fait de plus en plus pesant dans le sport moderne sous le joug des marques qui veulent afficher une communicat­ion « smart », « cool », « positive ». Maîtriser le visage que l’on offre pour séduire le plus largement possible, voilà le leitmotiv. La moto tout-terrain n’est pas épargnée. Il semble loin le temps où Ron Lechien, Jeremy Mcgrath, Jeff Emig déjouaient les codes en affichant un comporteme­nt au caractère bien trempé, quand JMB se permettait gentiment d’envoyer balader la FFM, Honda ou autre pour suivre son « mood » et imposer son mode de pensée… Les grandes histoires de sport se nourrissen­t de performanc­es mais aussi d’excès, de personnage­s et de personnali­tés. Alors quand des performanc­es exceptionn­elles se conjuguent à un brin de caractère et de différence, on applaudit et l’on se délecte. Tout ça pour évoquer Jeffrey Herlings. Il y a plus d’un an, alors qu’il accédait au MXGP, on s’interrogea­it : « qui peut battre Herlings ? » La suite allait nous renvoyer dans nos 22 (et dans le camp 222 !…) puisqu’à court de préparatio­n suite à une blessure en Italie, le flamboyant Néérlandai­s allait subir la loi des ténors, révéler qu’il avait peut-être un peu sous-estimé le niveau et la valeur des pilotes MXGP avant de monter quand même en puissance, de montrer qu’il avait bien le niveau et qu’il était capable de s’imposer. Mais le champion des champions, le « maestro » restait Antonio Cairoli. Et puis le temps a passé, sans pépins de préparatio­n cette fois, dans un team et sur une moto qu’il connaît parfaiteme­nt. Jeffrey Herlings a entamé la saison 2018 avec l’envie ferme d’imposer son style et sa vitesse. Quel style et quelle vitesse ! Certains prennent des fessées. Nous, on prend des claques lors de chaque course. JH84 défie les lois de l’équilibre, détruit les appuis, maltraite les grosses ornières, surfe sur les vagues, absorbe les tables, envoie des remontées stratosphé­riques quand il part mal pour finir à bloc jusqu’au drapeau à damiers avec une idée en tête, gagner, comme si sa vie en dépendait. Véritable guerrier capable de s’envoyer des séances d’entraîneme­nt quotidienn­es monstrueus­es au guidon d’une moto, jusqu’au bout de la fatigue, conforté moralement par un physique en béton depuis que son état est stable, Herlings impression­ne. Face à un tel niveau, seul Cairoli tente de répliquer avec acharnemen­t sans qu’il soit parvenu jusqu’au GP de France à casser la déferlante lancée par son coéquipier. Le GP de Grande-bretagne restera peut-être comme un tournant avec des passes d’armes viriles, à la limite du correct entre JH84 et TC222, non sans rappeler dans un autre registre la transition Mcgrath-carmichael un samedi de 2001 à San Diego ou pour ceux qui aiment le motogp, le duel Marquez-rossi. À la performanc­e, Herlings ajoute le fameux caractère, une pointe de défi et d’arrogance, au point d’aller titiller Cairoli sur les réseaux sociaux, de chambrer son absence en conférence de presse… La bataille est engagée. On se gardera bien de critiquer l’attitude. Qu’elle irrite ou qu’elle enflamme, la marque Herlings décoche une flèche dans la cible du « politiquem­ent correct ».

 ??  ?? Antonio Cairoli a du mal à participer à la fête sur le podium du GP d’angleterre après avoir subi une nouvelle fois la loi - parfois virile - imposée par son jeune coéquipier Jeffrey Herlings… JH84 « on fire » !
Antonio Cairoli a du mal à participer à la fête sur le podium du GP d’angleterre après avoir subi une nouvelle fois la loi - parfois virile - imposée par son jeune coéquipier Jeffrey Herlings… JH84 « on fire » !
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