La guerre des chefs
Avec 12 épreuves, et donc 24 manches à disputer, le championnat outdoor est tout sauf un « petit » championnat pour passer le temps entre deux saisons de SX. Centrée sur le coeur du sport, la série veut toucher le public populaire, celui qui roule sur des circuits naturels dans les campagnes. De ce fait, le championnat se court dans pas moins de onze états, essentiellement à l’est. Cela implique de gros budgets pour les teams, de fréquents déplacements avec décalage horaire pour les pilotes, sans même parler des hautes températures associées à l’humidité qu’on trouve fréquemment à l’est du Mississippi… Lancé en 1972 mais repris en 2009 par MX Sport Racing, le championnat outdoor a toutefois réussi à gagner en popularité, au point d’être diffusé en live sur des chaînes nationales comme NBC Sport. Un changement qui n’a été possible qu’en déplaçant les épreuves du dimanche au samedi pour ne pas tomber en concurrence avec d’autres sports plus populaires comme le football américain ou le Nascar. Mais une grande série ne peut exister sans grands pilotes, et c’est là que le bât blesse en partie pour l’outdoor. Commençant juste quinze jours après la fin du championnat Supercross, la série voit régulièrement des stars manquer à l’appel pour cause de blessures survenues en SX. En 450, on note ainsi l’absence de Seely, Bogle, Webb, Grant, Noren, blessés dans les stades. Ou encore d’autres, blessés à l’entraînement comme Wilson et récemment le champion Supercross 2018 Anderson. En 250, c’est presque pire avec les absences entre autres de Ferrandis (provisoire), Davalos, Decotis, Alix, Harrison, Nichols, Oldenburg… De plus, certains pilotes font carrément l’impasse sur le MX pour se faire opérer, à l’instar du pilote Pro Circuit Adam Cianciarulo ou de Reed qui ne roule désormais qu’en SX. Heureusement, tout n’est pas noir et certains font la démarche inverse. Les pilotes qui pensent être passés à côté de leur saison SX espèrent faire parler d’eux. On pense à Justin « Bambam » Barcia qui porte les espoirs du team Yamaha, ou dans une moindre mesure à Justin Cooper et Dylan Ferrandis en 250. C’est aussi le cas de Ken Roczen, blessé en SX, qui a attendu le début de l’outdoor pour faire un retour attendu à la compétition.
L’étoffe des héros
Il s’agit d’ailleurs d’un second retour cette année pour le pilote HRC. Mais si les esprits s’étaient échauffés lors de son apparition à Anaheim 1, le public était moins enthousiaste au début de l’outdoor. La blessure à la main contractée en SX, juste un an après celle du bras, posait la question d’un retour à 100 % pour lutter contre Tomac, Anderson ou Musquin au top de leur forme. Eli Tomac, vainqueur de huit finales SX et champion outdoor 2017, était en revanche le logique favori. Il n’a pas déçu les bookmakers et remporté les six premières manches courues. Peu importe la qualité de ses
Offrant une possible rédemption aux pilotes ayant loupé le coche du SX, le championnat Outdoor US est âprement disputé. Si en 450 Eli Tomac s’occupe de tout, il a fort à faire avec un Roczen revenu plus affamé que jamais. En 250, la lutte est également féroce avec au moins trois sérieux prétendants au titre…
départs, Eli est aujourd’hui capable de gagner dans toutes les conditions. Ni Musquin, pourtant souvent parti devant, ni Anderson, lui aussi ayant fait des holeshots, n’ont pu faire quoi que ce soit. Jason blessé au pied à Glen Helen pendant un entraînement après avoir percuté un pilote amateur qui faisait demi-tour, le duel Tomacmusquin semblait bien trop déséquilibré pour attirer les foules. Et c’est là que le miracle a eu lieu. En guise de héros, la série MX en a offert non pas un, avec Tomac, mais deux, avec Ken Roczen. Celui-ci, subissant le terrain à Hangtown, avait fini à une anonyme 16e place dans la seconde manche et ne semblait pas en mesure de jouer les premiers rôles. Mais dès les deux épreuves suivantes, l’allemand s’est mis à enchaîner les bons départs et les tours en tête. Mieux, il s’est permis de résister à l’ogre Tomac, rivalisant en termes de vitesse pure pendant près de vingt minutes dans chaque manche ! Tomac-roczen, c’est la lutte de deux super héros, chacun étant revenu plus fort de graves blessures – on se souvient d’eli détruisant ses deux épaules en 2015. Dans un scénario digne d’un film de Marvel, on voit bien ces deux-là en lutte jusqu’à la fin, les autres n’étant que des faire-valoir. C’est malheureusement un peu le cas de Marvin Musquin, rapide mais pas assez combatif en ce début de saison. Sa technique n’est pas en cause, mais il semble faire un complexe face à Tomac. Une première victoire outdoor cette année pourrait toutefois inverser la tendance si elle ne survient pas trop tard. En attendant, il est régulier et engrange de gros points à chaque course, tactique qui a bien réussi à un certain Dungey par le passé. De leur côté, Baggett et Barcia montent en puissance et pourraient en accrocher une avant la fin, mais ils sont encore loin d’avoir la vitesse pour s’imposer à la régulière. Il n’en reste pas moins qu’en l’absence d’anderson ou d’outsiders comme Craig, blessé à Glen Helen, la Kawasaki Monster Energy D’ET3 et la Honda HRC de K-rex donnent une saveur aux courses qu’on n’avait pas eue depuis l’ère des Stewart, Carmichael et Villopoto.
Lites costauds
En Lites, le plateau est paradoxalement bien plus relevé qu’en SX puisque les deux côtes sont mélangées. Ce qui permet d’avoir les deux champions Supercross 2018 Est et Ouest sur la même grille de départ. Si le début du championnat a vu Osborne et Plessinger remporter chacun une course et se partager la plaque rouge, tout a basculé dans le Colorado. À Thunder Valley, Savatgy a involontairement envoyé Zach au tapis, privant le pilote Husqvarna de précieux points. De son côté, le grand gabarit de Plessinger lui a fait subir plus qu’à d’autres le manque de puissance de sa moto dû à l’altitude. Avec des places honorables mais loin du podium, ils laissent donc le commandement du championnat à Jeremy Martin. Le champion outdoor 2014 et 2015 n’avait pas eu trop de réussite ces dernières années et le revoir en position de s’imposer fait plaisir et relance l’intérêt de la série. D’autant que ses duels avec son frère Alex, sur KTM TLD, sont de toute beauté ! À Thunder Valley, la palme d’or de la malchance revenant, une fois encore, à Joey Savatgy qui a vu son moteur s’arrêter à deux tours de la fin alors qu’il menait la manche devant Justin Cooper. Le rookie de chez Yamaha Star Racing a remporté la première manche outdoor de sa carrière pro, victoire encourageante après sa saison SX loupée sur blessure. Autre rookie bien en vue mais qui tarde à concrétiser, l’officiel Geico Honda Chase Sexton semble moins à son aise en MX qu’en SX. Mais nul doute qu’il ne tardera pas à ouvrir les compteurs. Car avec quatre vainqueurs en six manches, la catégorie est bien plus ouverte qu’en 450 et l’issue du championnat bien plus indécise. D’autant que le retour de Dylan Ferrandis annoncé à High Point pourrait bien bousculer encore un peu la hiérarchie…